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Des soldats israéliens tuent une mère de famille et abandonnent son corps auprès de ses enfants

lundi 2 juin 2008 - 23h:48

B’Tselem

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Un des soldats a regardé ma mère qui était par terre et a dit en arabe : « formidable ».

Témoignage : Gaza, mai 2008, des soldats israéliens font sauter la porte d’entrée de la maison familiale tuant la mère et abandonnant le corps auprès de ses enfants.

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Samira a-Daghameh, 13 ans

J’ai 13 ans. Je vis avec mon père, Majdi a-Daghameh et mes frères et s ?urs : Muhammad (12 ans), Roah (10 ans), Manal (9 ans), Ruba (4 ans) et Qusai (2 ans). Ma mère, Wafa a-Daghameh, vivait avec nous jusqu’au moment où elle a été tuée. Notre maison se trouve dans la rue Abu Latifah à environ 700 mètres de la frontière orientale de la Bande de Gaza avec Israël.

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Samira a-Daghameh, 13 ans

Le 7 mai vers 2 heures du matin, j’ai été réveillée par le bruit de tirs d’artillerie lourde. Mon père et ma mère se trouvaient au salon et regardaient la télévision. Je suis allée m’asseoir avec eux. Quelques minutes plus tard, je suis retournée dans ma chambre où dormaient mes frères et mes s ?urs. Je me suis couchée et me suis endormie.

Vers 6 heures du matin, j’ai entendu ma mère qui réveillait Muhammad, Roah et Manal pour les préparer pour l’école. Ils vont à l’école de l’UNRWA où ma mère enseigne et ils y vont tous ensemble. Ruba va au jardin d’enfants. Au moment où ils s’apprêtaient à partir, ma mère a entendu des tirs dehors et a décidé de ne pas sortir. Vers 7.30, le directeur de l’école lui a téléphoné pour lui dire qu’elle devait venir. Ma mère a quitté la maison avec mon frère et mes s ?urs et je suis restée à la maison avec mon père, Ruba et mon petit frère Qusai.

J’ai mis de l’ordre dans la maison puis je suis allée sur le toit pour voir ce qui ce passait dans le quartier. J’ai vu trois tanks alignés cote à cote à environ 500 mètres de notre maison. En voyant les tanks je suis immédiatement rentrée dans la maison car j’avais peur.

Vers 8.30, mon père est allé chez son ami à la porte d’à côté. Je suis restée à la maison avec Ruba et Qusai. Nous nous sommes assis au salon et avons regardé des dessins animés à la télévision. L’électricité a été coupée environ 1 heure et demi plus tard. Vers midi, j’ai entendu quelqu’un appeler mon nom. Je suis allée à la fenêtre et ai vu ma mère qui m’a demandé d’ouvrir la porte. « Comment es-tu rentrée à la maison ? » lui ai-je demandé. Elle m’a dit que quelqu’un l’avait ramenée à la maison en passant par les champs. Elle est entrée rapidement dans la maison et est allée à la cuisine préparer le repas. Je l’ai rejointe et nous avons fait frire des pommes de terre. Après avoir mangé, elle s’est assise pour étudier. Elle étudiait à l’Université al-Quds. Je jouais avec mon frère et mes s ?urs. Nous avons entendu des tirs dehors. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu un bulldozer à environ 30 mètres de notre maison. Quelques minutes plus tard, les tirs ont cessés.

Vers 4.15 de l’après-midi, j’ai prié. Il n’y avait toujours pas d’électricité. Puis je me suis assise avec ma mère dans ma chambre et nous avons lu le Coran. Tout à coup, nous avons entendu une porte sauter et tomber. Nous avons regardé par la fenêtre et avons vu un bulldozer de l’armée qui labourait le sol et qui faisait tomber la barrière de la cour de notre voisin, Ibrahim Abu Latifah. Le bulldozer a détruit sa maison.

Nous nous sommes tous assis par terre dans la chambre et avons entendu les tanks s’approcher de notre maison. J’ai aussi entendu les voix des soldats parlant en hébreu tout près de notre fenêtre. Ma mère m’a dit qu’elle allait mettre son vêtement d’extérieur afin de pouvoir répondre rapidement à la porte au cas où les soldats y frapperaient. Elle s’est tenue près de la porte du côté est de la maison. Je suis restée près de la fenêtre de ce même côté où j’avais entendu parler les soldats. Tout à coup, j’ai entendu une énorme explosion à l’intérieur de la maison et j’ai vu un rayon de lumière rouge. La fumée emplissait la maison et il y avait des débris de verre et de bois partout sur le sol. Je ne pouvais pas voir ma mère à cause de la fumée qui était si épaisse.

Je suis allée vers l’endroit où s’était trouvée ma mère et j’ai trouvé deux soldats dans la maison. Un des soldats a regardé ma mère qui était par terre et a dit en arabe : « formidable ». Je suis retournée dans la chambre car ils me faisaient peur. Un des soldats se tenait à la porte de la chambre. Ruba et Quasi hurlaient et pleuraient. Il était 4.30 heures.

J’ai vu les soldats aller dans les pièces de la maison. Certains d’entre eux ont pris les tapis qui étaient au sol et ont recouvert ma mère. Les soldats avaient beaucoup d’armes et ils portaient des casques recouverts d’un filet vert. Ils avaient également un gros tuyau d’environ 1 mètre de long qui était de couleur vert militaire. Ils étaient très effrayants.

J’ai demandé à l’un d’eux où était ma mère mais il ne m’a pas répondu. Ils parlaient entre eux en hébreu. J’ai commencé à pleurer et ai demandé à nouveau « où est ma mère ? » Mais ils n’ont toujours pas répondu. Puis j’ai demandé si je pouvais aller aux toilettes afin de pouvoir sortir de la chambre et voir ce qui était arrivé à ma mère. Un des soldats m’a dit en arabe « viens ». Quand je suis sortie de la chambre, j’ai vu quatre soldats debout dans le couloir menant à la salle-de-bains de façon à ce que je ne puisse voir ma mère couchée au sol entre sa chambre et la première salle-de-bains. Le soldat m’a accompagné aux toilettes puis je suis retournée dans la chambre.

Il y avait beaucoup de soldats dans la maison. Je suis restée dans la chambre avec Ruba et Qusai. Un des soldats est resté assis dans l’entrée. Il avait les yeux fermés et semblait dormir. Le portable de ma mère n’avait pas été touché alors j’ai envoyé un message à mon père disant que ma mère avait été blessée et qu’il y avait des soldats dans la maison. Mais il n’est pas revenu. Il n’y avait toujours pas d’électricité.

Vers 21 heures, j’ai entendu les soldats se lever et bouger des choses. Je pense qu’ils rassemblaient leurs équipements pour partir. Quelques minutes plus tard, ils ont commencé à sortir. L’un d’eux a dit au revoir et m’a fait signe de la main en partant.

Quand ils sont sortis de la maison, j’ai voulu aller à la maison de mon grand-père qui est à environ 300 mètres de notre maison, mais les soldats étaient toujours dehors et j’avais peur de sortir. Deux heures plus tard, ils sont partis. J’ai pris Qusai et Ruba près de moi jusqu’à la maison de notre grand-père.

Sur le chemin j’ai rencontré mes tantes. Je leur ai dit que ma mère avait été blessée par un projectile et qu’elle pourrait être morte. Elles ont commencé à crier. J’ai continué jusqu’à la maison de notre grand-père. Mon oncle Muhammad était là et je lui ai dit que ma mère était morte. Il ne m’a pas cru et a couru à notre maison. Je suis restée dans la maison de grand-père à pleurer sur ma mère que les soldats israéliens avaient tuée sans aucune raison. Elle est restée des heures dans la maison et n’a pas été transportée à l’hôpital. C’était horrible à voir.

Vers 23.15 heures une ambulance est arrivée et a emmenée ma mère à l’hôpital Nasser de Khan Yunis.

Samira Majdi ?Abd a-Razeq a-Daghameh (13 ans) est une écolière et habite Khan Yunis. Son témoignage a été donné à Mohammad Sabah dans la maison des témoins, le 10 mai 2008.

Témoignage : une vie dans le sud d’Israël sous la menace des roquettes Qassam

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Yuval Salomon, fermier.

Je suis né au kibboutz et j’ai été toute ma vie concerné par l’agriculture. Mon kibboutz ainsi que deux autres kibboutzim, Karmiya et Erez, cultivent ensemble plus de 2.100 hectares de terre. Nous faisons pousser du blé, des pommes de terre, des carottes, du tournesol, du maïs, des pois chiches, du coton et des produits biologiques. Plus de 20 fermiers travaillent la terre, 6 viennent d’Or Haner et quelques uns des autres deux kibboutzim. Nous embauchons aussi des ouvriers agricoles.

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Yuval Salomon, fermier

La pagaille a commencé il y a environ 7 ou 8 ans. Auparavant, tout était normal. Quand nous nous rendions au travail et quand nous en revenions, tout était calme. Et puis tout a changé.

Nous avons essayé de ne pas y prêter attention mais un Qassam tombait tous les jours. Malgré tout nous continuions à aller travailler comme si de rien n’était. Certaines de nos frontières bordent Gaza et comme nous sommes près de Sderot, toutes les roquettes qui la rataient tombaient chez nous. Chaque fois qu’un Qassam tombe dans la région, nous nous précipitons, inquiets, pour passer des coups de fil. Nous entendons les boums, nous entendons les roquettes qui atterrissent. Généralement les Qassam qui atteignent la zone tombent dans les champs. Trois Qassams sont tombés à l’intérieur du kibboutz et des douzaines d’autres, dans les champs.

La semaine dernière, la situation a empirée. Deux personnes de la région ont été tuées. Nous les connaissions toutes deux. Samedi dernier il y a eu 8 alertes rouges. Nous avons l’impression qu’une roquette peut tomber n’importe où. La maison n’apporte pas de protection. Nous n’avons nulle part où aller pour nous cacher. Jusqu’à présent, personne n’a quitté le kibboutz, mais je pense que les choses risquent de changer après ce qui est arrivé cette semaine. Les gens vont dormir avec leur famille hors du kibboutz. J’ai entendu dire que 200 élèves de lycée ont quitté la région. Le sentiment ici est que personne ne pense à vous, personne n’a de réponses.

J’ai trois enfants, deux grands et un jeune en primaire (11-12 ans) ; Ma fille ainée est en ce moment à l’étranger. Mon grand fils est ici ainsi que sa jeune s ?ur. C’est dur pour les enfants de vivre dans ces conditions. Aujourd’hui, ma plus jeune fille m’a demandé si nous avions eu beaucoup de Qassams pendant qu’elle était à l’école. Elle va habituellement dans une classe l’après-midi près de Sderot mais les mauvais jours, on ne la laisse pas y aller. Nous organisons des excursions pour les enfants afin de leur donner la possibilité de prendre un peu l’air.

Nous dirigeons nos vies suivant ce qui se passe chaque jour. Nous n’abandonnons pas mais cela ne peut pas continuer ainsi. En attendant, ma fille ne dit pas qu’elle veut partir mais si quelqu’un se fait tuer ici, alors tout changera.

Il y a deux ans, une roquette Qassam est tombée sur la maison voisine. Des éclats ont volé dans notre chambre à coucher et ont pénétré dans l’armoire. Nous vivons sous une tension permanente. Au début, les Qassams étaient beaucoup moins précises mais maintenant ils ont des armes plus sophistiquées.

Si l’état veut que les gens restent ici, il devra investir. Il y a une dispute en ce moment au sujet d’argent pour renforcer les bâtiments mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils nous en donnent. Il est temps que l’état commence à investir ici comme il le fait au centre du pays afin que les habitants puissent profiter de la vie ici comme là-bas.

Le ministre de la défense, Ehud Barak, vient ici chaque fois que quelque chose arrive mais nous sentons que le gouvernement ne fait rien. Le premier ministre est toute la journée occupé avec les enquêtes.... Entre temps, nous n’avons pas arrêté un seul jour de travailler sur nos terres agricoles. Mais nous avons tous des familles à la maison et nous avons peur.

Je crois en des actions pacifiques. Le kibboutz avait avant des ouvriers agricoles qui venaient de Gaza chaque jour. Nous avons compris récemment qu’ils ne reviendraient pas travailler ici alors nous leur avons envoyé leurs indemnités pour perte d’emploi. Nos dirigeants et nous sommes différents. Nous voulons simplement vivre.

Yuval Salomon (50 ans), marié et père de 3 enfants, est un fermier et un résident de Kibboutz Or Haner. Son témoignage a été recueilli le 13 mai 2008 par Maayan Geva au kibboutz Or Haner

Séparation des familles : 29 mai 2008 : Israël refuse de délivrer des cartes d’identité aux Palestiniens qui ne sont pas enregistrés.

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Extraits

« J’attends avec impatience le jour où j’obtiendrai une carte d’identité. Je veux traverser chaque check-point en Cisjordanie juste pour montrer à tout le monde que j’ai une carte d’identité. Parfois j’ai l’impression que la mort sera la seule solution à mon problème. Dans l’au-delà je suis sûr que personne ne demande une carte d’identité ».

La phrase déprimante tirée du témoignage de Muhannad al-Khafash, un habitant de Mardah, district de Naplouse, apporte un aperçu sur les vies de beaucoup d’habitants de Cisjordanie qui sont piégés dans une même situation difficile. Ce sont des personnes que les parents n’ont pas enregistrées à leur naissance au sein de la population palestinienne, souvent à cause d’une ignorance ou une négligence des affaires bureaucratiques. Ces personnes n’ont par conséquent aucun statut légal. La conséquence la plus grave de ce manque de statut est leur incapacité à obtenir une carte d’identité ce qui est indispensable pour accomplir les actes les plus ordinaires de la vie courante.

La politique d’Israël

Depuis le début de l’occupation en 1967, Israël exerce un contrôle presque total sur l’enregistrement de la population palestinienne et c’est elle seule qui a le pouvoir de décider qui est un résident palestinien. C’est donc elle qui pourrait permettre aux enfants de parents qui ne les ont pas enregistrés (une tendance plus prédominante en ce qui concerne les filles) d’obtenir une carte d’identité en appliquant une solution simple et rapide connue sous le terme « d’enregistrement tardif ». Mais Israël refuse d’autoriser cette procédure et au lieu de cela, elle insiste pour canaliser ces cas par la procédure longue et épuisante de la réunification familiale, procédure qui a été créée pour permettre à un non résident de la Cisjordanie ou de la Bande de Gaza (généralement les conjoints des habitants des territoires occupés) d’y vivre.

Non seulement la demande visant à recourir à une réunification familiale est ridicule étant donné qu’elle s’adresse à des personnes qui ont toujours vécues avec leurs familles et qu’elles ont toujours habitées en Cisjordanie, mais la procédure ne peut même pas être appliquée puisqu’Israël a gelé depuis sept ans le traitement de toutes les demandes de réunification. De plus, même si le gel est levé, et que les quotas appliqués avant l’éruption de la deuxième Intifada restent en application, cela prendrait des douzaines d’années pour arranger leur statut. B’Tselem a reçu les témoignages de Palestiniens sans statut légal qui avaient commencé le processus de réunification familiale alors qu’ils étaient mineurs, qui sont aujourd’hui mariés et qui n’ont toujours pas obtenu de statut.

Conséquences sur la vie de tous les jours

Le fait de posséder une carte d’identité est particulièrement important dans les territoires occupés où Israël dirige un système bureaucratique complexe et lourd. A cause des restrictions sévères sur les déplacements imposées par Israël aux Palestiniens, beaucoup d’habitants sont obligés de montrer chaque jour une preuve d’identité à beaucoup de check-points étalés à travers toute la Cisjordanie ou au point de passage d’Erez sur la frontière de Gaza. Les personnes qui ne peuvent pas montrer une preuve officielle de leur identité sont sujettes à des harcèlements, des délais et même des dénis de droit de passage par les check-points. Les personnes non enregistrées qui essayent coute que coute de vivre normalement malgré le manque de statut, sont obligées d’affronter tous les jours l’humiliation et les harcèlements...

Un autre aspect important de la vie sans carte d’identité est l’impossibilité pour la personne de réaliser pleinement son droit fondamental à l’éducation. Les enfants sans numéro de carte d’identité sont confrontés à divers obstacles lors de leur éducation formelle. Ceux qui réussissent à surmonter la bureaucratie et à terminer leurs études au lycée (souvent grâce à la pression de la famille sur les responsables du système éducatif) sont souvent obligés d’abandonner tout espoir pour une éducation supérieure. Les obstacles bureaucratiques afin de s’enregistrer s’ajoutent à la difficulté d’aller dans les quelques universités et collèges qui sont dispersés à travers la Cisjordanie....

Les personnes non enregistrées souffrent également d’une répercussion particulière dérivée de leur manque de statut : beaucoup ont des difficultés à se marier étant donné que les partenaires potentiels sont découragés par le fardeau quotidien et les restrictions constantes qui accompagnent la vie sans statut...

Les témoignages recueillis d’une toute petite poignée parmi le nombre inconnu de résidents de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, offre un aperçu de l’absurdité de la vie sans statut légal. Il est scandaleux qu’une personne soit obligée de dépendre fortuitement de la gentillesse d’un officiel de sécurité comme cela a été dans un cas observé par B’Tselem, cas où un Palestinien sans statut et en détention à cause de l’entrée dans l’ordinateur de la prison d’un numéro de carte d’identité fictif, a été libéré.

Les obligations d’Israël

La loi humanitaire internationale exige que l’occupant « prennent toutes le mesures en son pouvoir pour restaurer et assurer autant que possible, l’ordre public et la sécurité ». Dans un autre article, les Règles de la Haye exigent que l’occupant respecte les droits des familles dans les territoires occupés. Ces dispositions font partie de la loi conventionnelle internationale qui engage les autorités militaires d’un territoire occupé en ce qui concerne ses actions vis-à-vis de la population civile. Israël a reconnu ses obligations à se conformer aux dispositions humanitaires de la Quatrième Convention de Genève. L’Article 27 de la Convention déclare que « les personnes protégées ont droit en toutes circonstances, au respect...de leurs droits familiaux ».

La loi internationale sur les Droits Humains stipule que « toute personne a le droit d’être reconnu partout en tant que personne devant la loi ». La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme reconnaît également le droit de chacun à une nationalité, de fonder une famille, à la sécurité sociale, au libre choix de son travail, a un standard de santé et de bien-être adéquate et à l’éducation ».

La Convention sur les Droits Civils et Politiques qu’Israël a ratifiée, reconnaît le droit à la liberté de mouvement à chaque personne qui se trouve légalement dans le territoire de l’état. La Convention sur les Droits de l’Enfant, également ratifiée par Israël, exige qu’un enfant soit enregistré immédiatement après sa naissance et reconnaît le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible et le droit à l’accès à l’enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés. La Convention relative aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels, également ratifiée par Israël, reconnaît le droit de chacun à la sécurité sociale et que « le plus grande protection et assistance possible soit accordée aux familles » ainsi que le droit à l’éducation.

Avec son refus prolongé de trouver une solution pratique et rapide au problème des personnes sans statut légal et avec sa tentative de faire de ce problème humanitaire un problème politique (un instrument de négociation) Israël a violé encore et encore les droits de ces personnes à une vie normale dans les territoires occupés.

B’Tselem appel le gouvernement d’Israël à arranger immédiatement dans le registre de la population palestinienne, l’enregistrement des Palestiniens qui n’ont pas de statut légal.

29 mai 2008 : le Ministère de la Justice manipule les faits en réponse au rapport de la Banque Mondiale

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Le 30 mars 2008, le Ministère de la Justice a publié une réponse à un rapport de la Banque Mondiale concernant les effets des restrictions israéliennes sur les déplacements en Cisjordanie sur l’économie palestinienne. Dans sa tentative de contrecarrer les résultats du rapport, le Ministère a déformé (faussé) une grande quantité de données et a même falsifié certain détails.

Routes interdites

Un exemple marquant d’une telle falsification est le fait que le Ministère de la Justice prétende que « parfois l’accès à certaines routes est restreinte face à une menace de réel danger sécuritaire. Mais dès que cette menace n’existe plus, les restrictions sont levées ».

En réalité, plus de 300 km de routes en Cisjordanie sont soit partiellement soit totalement interdites aux Palestiniens sur une base permanente et ce, en dehors de toute menace spécifique. ...

Exemples de certaines routes interdites : la route Qedar-Ma’ale Adumim qui s’étend du sud jusqu’au nord de la Cisjordanie. Le Route 60 qui coure au nord-ouest de Ramallah et passe par la colonie Shavey Shomron ... Le route qui s’étend de Kharbatha Bani Harith jusqu’à Ras Karkar à l’ouest de Ramallah...

Deux autres routes qui sont interdites aux Palestiniens sont la Route 443 qui va du check-point Maccabim jusqu’à Jérusalem et la route Negohot qui s’étend d’est en ouest à travers l’intersection Beit ?Awwa. Les restrictions de déplacements sur ces routes dont le but est d’assurer aux Israéliens un déplacement commode, rapide et sure tout en les séparant du trafique palestinien, font l’objet de deux requêtes déposées à la Cour Suprême Israélienne par l’Association pour les Droits Civils en Israël (ACRI).

Le Ministère de la Justice a pris la liberté toute à fait spéciale de suggérer une comparaison entre l’interdiction faite aux Palestiniens d’utiliser certaines routes et l’interdiction faite aux Israéliens d’utiliser des routes dans la Zone A. Etant donné que les citoyens israéliens, y compris les colons, ne bénéficient pas de statut de personnes protégées dans les territoires occupés sous la Quatrième Convention de Genève et étant donné que l’établissement de colonies civiles dans la région est en contravention à la convention et donc illégale, cette comparaison est hors de propos.

Planification et construction

Le Ministère de la Justice a déformé plus encore les faits concernant la discussion sur les constructions en Zone C. A ce sujet il est noté que l’Administration Civile israélienne a au fil des années approuvé plus de 400 plans de construction pour les Palestiniens. Mais aucune précision n’a été donnée en ce qui concerne la portée de ces plans et si ceux-ci allaient ou non inclure des permis de construction pour les logements privés ou pour l’expansion des bâtiments résidentiels existants.

Il est évident que 400 plans de construction approuvés au fil des ans ne sont pas suffisants et ne peuvent pas répondre au besoin actuel d’expansion des villages palestiniens situés dans la Zone C, un besoin qui relève de la croissance naturelle de la population dans la zone.

De plus, le commentaire du Ministère concernant « l’espace suffisant dans les Zones A et B pour l’expansion des villes et villages existants et même l’établissement de nouvelles cités « est scandaleux. » Cela implique que les habitants palestiniens de la Zone C devraient se relocaliser dans les Zones A et B afin de pouvoir agrandir leurs maisons pour accommoder tous les membres de leurs familles. La seule conclusion à tirer de cette déclaration est que, selon l’état d’Israël, la Zone C n’est pas une zone légitime pour que les Palestiniens qui y vivent et se développent et ce, malgré le fait que cette zone a été leur foyer depuis des centaines d’années. La déclaration ignore en plus le fait qu’en règle général, les Palestiniens des communautés rurales de la Cisjordanie vivent et construisent leurs maisons sur les terres dont ils sont les propriétaires. Louer des appartements ou des maisons dans une ville n’est pas une option viable pour beaucoup d’entre eux.

La référence aux « efforts faits par l’Administration Civile afin d’assurer que les droits des propriétaires terriens palestiniens ne sont pas violés » dénature une fois encore la réalité. Des soi-disant postes avancés illagaux sont construits sur des terres privées palestiniennes avec l’accord et dans beaucoup de cas, la participation active des autorités israéliennes (comme cela est largement documenté dans le rapport Sasson). L’esquive constante d’Israël devant ses obligations à évacuer ces postes avancés est une preuve supplémentaire du manque de respect et de protection envers les droits de propriété des Palestiniens.

Témoignage : le 8 mai 2008, Israël refuse le droit d’entrer en Israël à Nufuz al-Husni, une malade cancéreuse ayant besoin d’une opération urgente.

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« Je suis tombée malade en 2005. Je n’arrivais pas à digérer la nourriture que je mangeais. Je n’absorbais pas correctement les aliments, j’avais la diarrhée et j’étais obligée de m’aliter. J’avais de la fièvre et était épuisée. J’ai perdu conscience. Mon taux d’hémoglobine était tombée de 12 à 5. Au début les docteurs de l’hôpital a-Shifa (à Gaza) ne trouvaient pas la raison de mes problèmes mais après certains tests, ils ont découvert que j’avais une tumeur dans le gros intestin qui s’était étendu à l’utérus. Ils ne savaient pas comment traiter mon état et je me sentais perdue.

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Nufuz al-Husni

Les docteurs ont décidé que je devais être soignée en Israël et ils m’ont donné un document de transfert en urgence. Quand je suis arrivée à l’hôpital Ichilov à Tel Aviv, les docteurs ont dit que j’étais gravement malade et qu’il n’y avait que peu de chance que je survive à une opération. Ils m’ont fait signer un document qui, si j’ai bien compris, signifiait que si je mourrais (Dieu m’en préserve), ma famille ne demanderait pas de dommages et intérêts à Israël. Je leur ai dit que j’étais prête à prendre le risque. Le plus important était qu’ils me soignent. Je souffrais beaucoup et j’étais fatiguée. Ils m’ont opéré et Dieu merci, cela a aidé.

Après l’opération ils m’ont soignée par rayons et chimiothérapie. Puis, durant les six mois suivants, j’ai subi 6 traitements de radiation à l’hôpital a-Shifa. Mais le traitement n’a pas aidé alors les docteurs ont décidé de me transférer à l’hôpital Augusta Victoria à Jérusalem pour continuer la radiothérapie. Ma condition s’est améliorée et je suis retournée à Gaza. Six mois plus tard, la douleur est revenue. A cause de la tumeur à l’intestin, je ne pouvais ni marcher ni même me tenir debout. Mon intestin était gonflé comme une balle et a éclaté. J’avais des douleurs au côté gauche, dans le dos et la jambe. Les docteurs m’ont fait subir d’autres séances de rayons.

Je suis allée voir le docteur Muhammed Sadeq, un spécialiste en oncologie à l’hôpital a-Shifa. Il a dit qu’il allait m’envoyer voir des chirurgiens hauts placés. Il a transféré mon cas au docteur ?Atallah Tarazi. A cette époque j’ai été traitée aux rayons et je devais attendre pour voir si cela aidait. Quand le traitement s’est terminé au début de 2008, j’ai subi des tests et je suis retournée voir le docteur Tarazi. Il était surpris et m’a dit qu’il n’avait jamais vu un cas pareil au mien. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien faire et que je devais aller à l’hôpital Ichilov pour être examinée et opérée.

En février, les docteurs de Gaza m’ont donné un document qui m’adressait à l’hôpital Ichilov pour être opérée à nouveau. Début février, nous avons fait la demande aux officiels israéliens pour obtenir in permis d’entrée mais ils ont refusé. J’ai demandé aux officiels palestiniens de coordination et de liaison (DCL) ce qui se passait avec ma demande. Ils m’ont répondu que les Israéliens étaient en train de l’examiner. Entre temps, je saignais et j’avais très mal. On m’a donné des analgésiques et d’autres traitements mais cela n’a rien aidé. Ma numération globuline était tombée de 12 à 7 ou 8. J’ai reçu 1 litre de sang et j’ai un régime spécial, mais rien n’y fait.

Finalement nous avons contacté les « Physicians for Human Rights » (PHR), une organisation israélienne. Ils ont essayé d’aider mais sans succès. En mars, le DCL palestinien et le PHR m’ont dit que ma demande avait été rejetée. Le PHR a fait une autre demande en passant par le DCL israélien. Puis nous avons-nous même fait des demandes et soumis beaucoup de documents. Chaque fois nous avons reçu la même réponse : refusé, refusé.

Ma plus jeune fille me dit : « Soit en bonne santé maman, pourquoi es-tu la seule à être malade ? » Je suis coincée à la maison et je ne peux pas sortir voir des gens. Je soufre tout le temps et je saigne. Les médicaments que je prends n’aident pas. Quand on me donne un analgésique, je ne peux même plus soulever ma tête. Je suis très très fatiguée. Cela me détruit. J’ai l’impression, quand je regarde mes enfants, que mon c ?ur va éclater. Je suis devenue une épave. Je ne peux même pas soulever ma fille pour la prendre dans mes bras et l’embrasser. »

Nufuz ?Abd al-Fatah Razaq al-Husni (44 ans), mariée et mère de 6 enfants, vit dans le camp de réfugiés a-Shati de la ville de Gaza. Son témoignage a été donné le 7 mai 2008 à Mohammad Sabah dans la maison des témoins.

2 juin 2008 - B’Tselem - Vous pouvez consulter ce rapport à :
www.btselem.org
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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