Arrestations arbitraires et usage de la torture par les forces de sécurité de l’AP en Cisjordanie
vendredi 9 mai 2008 - 07h:57
Communiqué PCHR
Le PCHR condamne vigoureusement la poursuite des arrestations arbitraires et de l’usage de la torture à l’encontre des prisonniers par les forces palestiniennes de sécurité en Cisjordanie.
- Le récent déploiement dans la région de Jénine, avec la bénédiction israélienne, de centaines de supplétifs palestiniens entraînés en Jordanie par les Etats-Unis n’augure rien de bon ...
Le PCHR continue à observer des violations des droits de l’homme par ces services de sécurité ; et les enquêteurs sur le terrain rencontrent des difficultés à convaincre les victimes de fournir des témoignages, ou alors celles-ci demandent que leurs identités ne soient pas dévoilées.
À la lumière des faits, le PCHR craint que ces victimes ne soient menacées par les forces de sécurité si les organisations de défense des droits de l’homme informent sur les violences auxquelles ont été soumises ces personnes. Le PCHR réitère sa demande au président Mahmoud Abbas et au gouvernement de Ramallah de mettre un terme à ces pratiques illégales et de poursuivre les coupables.
Mardi 6 mai 2008, les enquêteurs du PCHR ont publié deux rapports. L’un concerne l’arrestation illégale d’un Palestinien de Qalqilya par l’appareil de la sécurité préventive, le soumettant à la torture puis le transportant à l’hôpital pour l’arrêter ensuite à nouveau. Le deuxième rapport traite de l’incursion dans la maison de Kholoud El-Masri, conseillère municipale de Naplouse, de l’arrestation de son époux Ammar El-Masri (âgé de 42 ans), et de la confiscation d’une partie de ses affaires sans mandat de perquisition ou d’arrestation.
Le père du détenu de Qalqilya a raconté : « approximativement vers 16h30 jeudi, le 1er mai 2008, quatre membres de l’appareil de sécurité préventive sont arrivés à la maison de mon fils. Ils l’ont arrêté sans montrer le moindre mandat d’arrêt. Ils l’ont emmené dans l’immeuble de la sécurité préventive dans Qalqilya. Nous avons essayé de lui rendre visite, mais on nous l’a interdit. Le 6 mai, nous avons appris qu’il avait été transféré à l’hôpital de Qalqilya dans les services d’urgence. Je suis allé immédiatement lui rendre visite. Je l’ai trouvé là vers 10 heures. Il m’a dit qu’il s’était évanoui et qu’il avait été soumis à des séries de coups et à la Shabeh (obligation de se tenir dans des positions douloureuses pendant longtemps) par les agents de la sécurité préventive. Il s’est évanoui en raison du bas niveaux de glucose dans le sang ; et a été emmené à l’hôpital. J’ai vu les signes de torture sur le corps et les mains de mon fils. L’administration hospitalière m’a informé que mon fils souffrait de traumatismes internes et d’un manque de glucose. Puis vers 11 heures, mon fils a été à nouveau emmené dans l’immeuble de la sécurité préventive. »
Kholoud Rashad Riziq El-Masri, qui fait partie du Conseil de la municipalité de Nablus, a raconté de son côté : « vers environ 23 heures, le samedi 3 mai, la cloche de la porte a sonné à notre appartement au 4ème étage du bâtiment Amin Riziq El-Masri. J’ai ouvert la porte et vu environ 15 agents de sécurité, 2 d’entre eux en vêtements civils. Tous étaient armés et ils ont déclaré qu’ils étaient de l’appareil de sécurité préventive. Ils demandèrent après mon mari, Ammar Amin Riziq El-Masri (âgé de 42 ans), et voulurent fouiller la maison. L’officier responsable a vérifié la carte d’identité de mon mari, puis a commencé à perquisitionner dans la maison. Lorsque j’ai essayé à m’opposer à la destruction d’une partie de mon mobilier dans la salle de séjour, ils ont refusé et ont continué à le casser avec les crosses des pistolets. Avant de repartir vers minuit, ils ont confisqué 7 téléphones portables, un ordinateur, une caméra de marque Sony et son trépied, et quelques CDs et vidéos qui nous appartenaient. Ils ont également confisqué quelques chéquiers et factures appartenant à mon mari, qui est commerçant. Ils ont aussi confisqué certains de mes documents et lettres concernant mon travail pour la municipalité. Puiis ils ont pris emmené mon mari avec eux, sans présenter de mandat d’arrêt. »
A la lumière des fais qui précèdent, le PCHR :
Réitère sa forte condamnation de ces arrestations et des crimes de torture qui les accompagnent ; le PCHR demande une enquête immédiate, que les malfaiteurs soient poursuivis, et que des mesures soient prises pour empêcher que cela se répète
Rappelle que la torture est proscrite par loi palestinienne, et est une grave violation des droits de l’homme selon les termes des traités internationaux, particulièrement la convention de l’ONU contre la torture et autres formes de traitement cruel, inhumain, ou dégradant [1984)] ; le PCHR insiste sur le fait que les crimes de torture ne sont pas effacés avec le temps, et que les coupables n’échapperont pas à la justice
Constate avec inquiétude la répétition des traitements cruels, inhumains, et dégradants à l’encontre des prisonniers et de leurs familles par les forces de sécurité
Rappelle que toutes les formes de détention en vertu de la loi palestinienne dépendent d’un mandat des organismes chargés de l’application de la loi et représentés par la police civile, travaillant sous l’instruction et la surveillance du premier magistrat.
7 mai 2008 - Palestinian Centre for Human Rights - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.ps/files/PressR...
[Traduction : IAO - Info-Palestine.net]