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L’impossible stratégie d’Israël face au Hamas

vendredi 18 avril 2008 - 08h:45

Serge Dumont - Le Temps

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Pour l’heure, la théorie en vogue plaide en faveur de la reconquête temporaire du territoire palestinien « afin d’y remettre de l’ordre ».

« Lancer ou non une grande offensive qui nous coûterait cher en hommes et en matériel ? » Tel est le dilemme qui agite la direction israélienne depuis la victoire électorale du Hamas (janvier 2006) et - surtout - depuis le putsch du 15 juin 2007 grâce auquel le mouvement islamiste a pris en main les leviers de commande de la bande de Gaza. Certes, officiellement, l’Etat hébreu ne parle que d’une seule voix face à l’organisation islamiste. Du Premier ministre Ehoud Olmert au moins connu des vice-ministres, tous les membres du gouvernement proclament qu’ils « ne discuteront jamais avec le Hamas tant qu’il n’aura pas accepté les conditions fixées par la communauté internationale », c’est-à-dire le renoncement au terrorisme, la reconnaissance du droit à l’existence d’Israël ainsi que des traités signés par l’Etat hébreu avec ses voisins arabes.

Pour bien marquer sa volonté, Israël maintient d’ailleurs depuis deux ans un blocus de fer autour de la bande de Gaza. Son armée n’y autorise l’entrée que du strict minimum humanitaire et les points de passage sont fermés la plupart du temps. Pourtant, même s’ils refusent de le reconnaître publiquement, les dirigeants israéliens sont embêtés par ce qui se passe dans la bande de Gaza. Parce que leur politique de blocus visant à retourner la population palestinienne contre le Hamas ne donne pas les résultats escomptés, et parce que leur politique de « liquidations ciblées » et d’incursions quasi quotidiennes dans le cadre d’opérations « de nettoyage antiterroriste » n’empêche pas le mouvement islamiste de se développer.

« La direction israélienne redoute par-dessus tout de voir un Etat européen accepter de dialoguer avec le Hamas même à propos de questions subalternes, explique le politologue Amnon Weinstein. Car cette initiative ruinerait tous les efforts déployés depuis deux ans pour isoler la bande de Gaza. En outre, elle dévoilerait le fait qu’Ehoud Olmert et ses principaux ministres n’ont pas réussi à élaborer une stratégie cohérente face au "chancre" que représente Gaza à leurs yeux. » Et de poursuivre : « Jérusalem réagit aux événements au coup par coup et allant le plus souvent au plus Le gouvernement pense à la reconquête temporaire de la bande de Gaza « afin d’y remettre de l’ordre ». Dilemme.facile, c’est-à-dire en recourant à la force militaire. »

Certes, ces derniers mois, quelques voix se sont élevées - parmi lesquelles celle de l’ancien directeur général du Mossad Ephraïm Halevy - pour estimer qu’Israël ne vaincra jamais le Hamas et que des négociations politiques visant à conclure une houdna (trêve) seraient sans doute plus profitables à l’Etat hébreu. Mais Ephraïm Halévy et ceux qui le suivent sont isolés. « L’état-major exerce des pressions afin de pouvoir déclencher une offensive de grande ampleur comprenant la reconquête de la bande de Gaza durant plusieurs mois, mais la direction politique du pays fluctue en fonction des événements et de l’état de son opinion publique », explique le chroniqueur militaire Allan Ben David. « Un jour c’est oui, le lendemain c’est non, et après c’est peut-être. Gaza est une patate chaude dont on ne sait comment se débarrasser. »

Ces derniers mois, des ex-généraux prestigieux, des députés, des anciens ministres et des membres du gouvernement encore en fonction ont multiplié les propositions visant à établir une ligne israélienne claire à l’égard de la bande de Gaza.

Le gouvernement n’a jamais officiellement réagi. Pour l’heure, la théorie en vogue plaide en faveur de la reconquête temporaire du territoire palestinien « afin d’y remettre de l’ordre ». Au bout de quelques mois, le territoire serait confié à une force internationale armée semblable à la Finul au sud du Liban. Est-ce crédible ? « La situation est devenue tellement ingérable que tout peut être envisagé, affirme le commentateur politique israélien Raviv Drucker. Le problème, c’est que la concrétisation du moindre projet nécessitera de fastidieuses négociations. Entre-temps, il faudra donc s’attendre à ce que la situation continue à se dégrader au gré des tirs palestiniens et des représailles israéliennes. »

Tel Aviv - 18 avril 2008 - Le Temps


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