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L’impact de la crise financière sur le processus de paix

mercredi 9 avril 2008 - 06h:31

Emilie Sueur - L’Orient-le-Jour

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Pour Sam Bahour, entrepreneur palestino-américain et consultant basé à Ramallah, la chute de la valeur du dollar aura un impact très négatif sur les Palestiniens.

Pas un jour ne passe sans que la presse ne fasse mention de la crise financière globale qui perturbe le monde. Si l’on analyse généralement l’impact de cette crise sur les États-Unis voire l’Europe, bitterlemons, site de réflexion sur le monde arabo-musulman, a choisi d’étudier les conséquences de cette crise sur le processus de paix israélo-palestinien.

Pour Sam Bahour, entrepreneur palestino-américain et consultant basé à Ramallah, la chute de la valeur du dollar aura un impact très négatif sur les Palestiniens. Ces derniers, rappelle-t-il, utilisent quatre monnaies, le shekel, le dinar jordanien, l’euro et le dollar. Les fonctionnaires étant payés en shekel, la chute du dollar leur sera plutôt profitable. En revanche, la majeure partie des employés du secteur privé ont des contrats en dollar, ou en dinar, une monnaie alignée sur le dollar. Le secteur des ONG, vital pour les Palestiniens, fonctionne également avec le dollar. De manière générale, l’assistance financière internationale est essentiellement en dollar. La chute du dollar se fait donc sentir à tous les niveaux, du particulier au budget de l’Autorité palestinienne. Sur le terrain, cette situation s’est notamment traduite par une grève des boulangers, dans la bande de Gaza, il y a quelques jours. Les universités, note Sam Bahour, ont également été le théâtre de grèves. Les employés demandaient des hausses de salaires pour compenser la perte de valeur de la monnaie. Mais, face à l’inflation et aux menaces de grève, l’Autorité palestinienne, qui ne dispose pas de monnaie nationale, manque d’un instrument économique de correction de crise.

L’une des conséquences, à terme, de cette nouvelle crise, souligne en outre M. Bahour, sera probablement une fuite des cerveaux accrue. Perspective des plus sombres quand on sait, comme le rappelle le consultant, que, selon un récent sondage, 44 % des Palestiniens vivant sous occupation souhaitent émigrer.

Pour David Brodet, ancien ministre israélien des Finances, « la nouvelle réalité économique, dans le futur proche, va divertir l’attention du monde du conflit de notre région ». Les États-Unis, dans l’ ?il du cyclone de cette crise, se concentreront sur leurs propres problèmes économiques. Par ailleurs, l’aide économique, essentielle pour les territoires palestiniens, risque de se réduire. L’Autorité palestinienne sera la première à subir les conséquences de cette éventuelle réduction des aides. Avec pour conséquence, selon M. Brodet, une pénalisation des mouvements modérés.

Une analyse partagée par Ghassan Khatib, vice-président de l’Université de Bir Zeit et ancien ministre de la Planification de l’Autorité palestinienne. Selon lui, si la crise va toucher toutes les strates de la société palestinienne, elle devra causer spécialement du tort à l’Autorité palestinienne et aux partis qui lui sont rattachés. « Des études à travers le monde montrent le lien clair entre détérioration économique et radicalisation. » Une analyse qui vaut aussi bien pour les Palestiniens que pour les Israéliens, note M. Khatib.

Yossi Alpher, ancien conseiller d’Ehud Barak et ancien directeur sur Jaffee Center for Strategic Studies, à l’Université de Tel-Aviv, ne partage pas les analyses catastrophistes. Pour lui, « la crise financière internationale ne sera pas un facteur significatif de résolution, ou en l’occurrence favorisant la poursuite de la détérioration, du conflit israélo-palestinien ». « Le conflit est affecté, avant tout, par la politique et non par l’économie », souligne-t-il. Sans nier l’impact de la crise sur les Palestiniens et sur les Israéliens, M. Alpher souligne que le conflit appelle surtout une solution politique et non économique.

7 avril 2008 - L’Orient-le-Jour


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