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Irak : l’Armée de Mahdi

vendredi 4 avril 2008 - 00h:01

Al Jazeera.net

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L’armée de Mahdi est un groupe armé fidèle à Muqtada al-Sadr, un dirigeant chiite venant d’une lignée de responsables religieux vénérés et persécutés sous le régime de l’ancien président irakien Saddam Hussein.

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L’armée de Mahdi a été accusée par les Etats-Unis de faire partie des plus grandes menaces en Irak

Le groupe a été constitué en 2003 pour protéger des zones chiites suite à la disparition de tout ordre public au lendemain de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis.

Ceux qui appartiennent à cette armée sont souvent populaires dans les quartiers qu’ils contrôlent car ils offrent des services que le gouvernement irakien ne peut pas souvent fournir.

« C’est une armée de volontaires... ce sont des hommes religieux la nuit et des héros pendant le jour, » nous dit Abu Bakr, un habitant du quartier de Sadr City à Bagdad.

« Cette armée aide la société. Ils nettoient les rues, protègent nos écoles et distribuent le carburant et le gaz. »

Sadr City est l’un des bastions du groupe et l’armée de Mahdi y a interdit les marchés noirs qui sont si florissants dans le reste de la capitale, et les militants maintienent de stricts points de contrôle à la rechercher de bombes placées dans des voitures.

« Demander à n’importe qui autour de nous, » explique un des combattants, « ils vous diront que sans notre présence, ils ne pourraient pas dormir la nuit, [et] les étudiants ne pourraient pas aller étudier, comme dans le reste de la capitale où les gens vivent dans la peur. »

Position anti-américaine

L’Iraq Study Group, également connu sous le nom de Commission Boulanger-Hamilton, a estimé l’année dernière que l’armée de Mahdi disposait de 60000 membres, mais d’autres croient le nombre beaucoup plus élevé, disant que l’armée de Mahdi est présente dans chaque ville - de Bagdad à la frontière sud avec le Koweit.

Al-Sadr est opposé à la présence des troupes étrangères en Irak et a exigé un calendrier pour le retrait des forces américaines.

Il a déclaré à Al Jazeera que l’armée de Mahdi ne désarmera que lorsqu’existera une administration qui pourra « obtenir que l’occupant quitte l’Irak ».

L’armée de Mahdi est capable « de libérer l’Irak » dit-il, expliquant que le gouvernement mis en place par les Etats-Unis est aussi « distant » du peuple irakien que l’était Saddam Hussein.

Beaucoup de Sunnites craignent le groupe qu’ils accusent de mener une campagne implacable contre eux.

Abdullah, étudiant sunnite à Bagdad, a dit à Al Jazeera : « Si n’importe lequel d’entre eux [l’armée de Mahdi] me reconnaissait comme sunnite, alors il me prendrait pour cible. »

Le groupe est accusé d’infiltrer les forces de sécurité et il a été rapporté que ses membres ont utilisé des uniformes de police pour installer de faux points de contrôle et pouvoir ainsi persécuter des Sunnites.

L’armée de Mahdi s’était dans le passé concentrée sur le combat contre les troupes des Etats-Unis ; elle a envoyé à deux occasions de l’aide aux combattants sunnites dans Fallujah lors des offensives militaires menées par les forces d’occupation.

Mais cet appui a cessé en février 2006, après que la mosquée d’Askari à Samarra, un lieu saint pour les musulmans chiites, ait été dynamitée. Dans les heures qui ont suivi, les jeunes sont partis vers la capitale sur des camions et des bus, brandissant des armes et criant vengeance.

Al-Sadr insiste cependant sur le fait que les combattants sunnites sont des alliés de l’armée de Mahdi et qu’il leur est proche politiquement.

« Je suis un admirateur des Sunnites, et je suis l’un d’entre eux, » dit-il à Al Jazeera.

Accusé dêtre sous l’influence de l’Iran chiite, Al-Sadr affirme avoir dit au chef suprême de ce pays, l’Ayatollah Ali Khameini, qu’il n’approuvait pas « les objectifs politiques et militaires » du gouvernement de Téhéran en Irak.

Mais les commandants de l’armée de Mahdi disent avoir accepté les armes et l’argent venant d’Iran.

Une force intacte

Al-Sadr s’est retiré de la vue publique en 2008, en partie pour se consacrer à l’étude et pour devenir une autorité religieuse comme l’ont été ses ancêtres.

Il dit cependant maintenir la direction du groupe par l’intermédiaire d’un comité.

Nuri Al-Maliki, le premier ministre irakien, est peu disposé à se confronter à l’armée de Mahdi.

Les hommes politiques liés à Al-Sadr forment un bloc de 30 députés au parlement irakien.

L’année dernière a vu une baisse significative dans la violence à travers l’Irak, en grande partie grâce à un cessez-le-feu entre le gouvernement et ceux qui sont fidèles à Al-Sadr, selon les militaires américains.

Mais des combats ont récemment éclaté entre l’armée de Mahdi et les forces du gouvernement le 25 mars, après que des centaines de partisans d’Al-Sadr dans la ville de Bassora aient été arrêtées, pour leurs liens avec l’Iran et pour des attaques contre des soldats des Etats-Unis [selon les militaires américains].

Les partisans d’Al-Sadr ont accusé les organisations chiites rivales dans le gouvernement de vouloir écraser leur mouvement avant les prochaines élections provinciales.

Après six jours de combats qui ont fait près de 300 morts rien que dans le sud du pays, Al-Sadr a ordonné aux combattants de l’armée de Mahdi de quitter les rues.

L’armée de Mahdi et son chef ont été accusés par les Etats-Unis d’être une des plus grandes menaces en Irak, mais il reste à voir si Al-Maliki a les moyens de soumettre cette organisation.

30 mars 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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