16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

60è anniversaire de l’indépendance d’Israël : crimes et boycott d’Israël

mercredi 2 avril 2008 - 06h:36

Michel Warschawski

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Comment être le plus efficace pour dénoncer Israël et l’isoler dans l’arène internationale ?

JPEG - 99.4 ko
Résidents juifs de Tel-Aviv, le 29 novembre 1947, après le vote des Nations unies pour la partition de la Palestine en deux Etats séparés, l’un juif, l’autre arabe.




Partout dans le monde, Israël célèbre le 60è anniversaire de sa naissance. Ces commémorations se basent sur une double omission qui rend ces cérémonies inacceptables d’un point de vue moral. D’abord, elles évitent de mentionner le fait épouvantable que la création de l’Etat d’Israël fut rendue possible - et qu’elle y est intrinsèquement liée - par la dépossession de la population arabe indigène et en transformant celle-ci en un peuple de réfugiés. Evoquer la création d’Israël sans parler du sort des Arabes de Palestine équivaut à parler de la création des Etats-Unis d’Amérique en ignorant les Américains d’origine, c’est une falsification de l’histoire et un manquement moral. Ensuite, cet anniversaire est fêté à un moment où Israël est l’un des Etats qui violent systématiquement les règles fondamentales du droit international, du droit humanitaire et des droits de l’homme, comme cela fut confirmé par la Cour internationale de Justice.

Ni sa genèse, ni son comportement actuel ne donnent une bonne raison de fêter l’Etat d’Israël, ou d’en faire l’invité d’honneur de Salons du Livre internationaux, à Paris ou à Turin. Israël est l’invité de dés-honneur, et à ce titre, justifie les appels au boycott lancés par les écrivains arabes et par d’autres. Boycotter Israël ou ne pas le boycotter n’est pas une décision de principe, c’est une question de tactique, laquelle dépend d’un seul critère : comment être le plus efficace pour dénoncer Israël et l’isoler dans l’arène internationale.

Personnellement, j’ai eu deux positions au sujet d’un éventuel boycott du Salon du Livre de Paris. Au départ, j’avais décidé de ne pas y assister, tout en précisant que, selon moi, le choix contraire fait par d’autres n’était pas une erreur. Mais ma position ayant été utilisée par des partisans fondamentalistes du boycott pour porter des accusations contre certains qui ne boycottaient pas (tels Amira Hass, Eyal Sivan, Yael Lerer et d’autres), les traitant de collaborateurs (sic), j’ai décidé alors de changer d’avis et de participer au Salon du Livre de Paris.

Je ne regrette aucunement cette décision. Les diverses activités organisées par les adversaires du colonialisme israélien, sur le site du Salon du Livre et à l’extérieur, ont connu un immense succès, ceci en présence de milliers de gens qui n’auraient pas été interpellés s’il n’y avait eu qu’un simple boycott. Ces activités alternatives ont représenté l’unique note critique dans ce festival fortement pro-israélien, et elles ont connu un grand retentissement.

Au lieu de gaspiller un temps précieux en faisant valoir les avantages et les inconvénients d’un boycott - lequel, comme je l’ai dit, est une question de tactique - le mouvement de solidarité devrait, dans chacun des pays, faire l’évaluation des points faibles de la présence politique, économique et culturelle israélienne, et d’unir leurs efforts pour se saisir de ces faiblesses et isoler efficacement Israël dans l’arène internationale. L’efficacité doit être le maître mot de la stratégie de solidarité avec le peuple palestinien.

Durant les dix prochains mois, la machine de propagande israélienne va organiser de nombreuses festivités pour le 60è anniversaire de l’Etat juif. Pour contrecarrer cette propagande, dans le monde entier, il nous faut faire entendre notre voix, haut et fort : « Il n’y a rien à célébrer, mais beaucoup à faire pour réparer tout ce qu’ont détruit 60 années d’actions israéliennes ».


Michel Warschawski est journaliste et écrivain. Fondateur du Centre d’information alternative (AIC) en Israël, il est l’un des représentants du courant radical antisioniste en Israël. Parmi ses livres : Sur la frontière (Stock - 2002), A tombeau ouvert - la crise de la société israélienne (La Fabrique - 2003), A contre ch ?ur (Textuel - 2003).

Du même auteur :

- Les bouchers Olmert et Barak et la responsabilité internationale - 8 mars 2008.

- La C.I.J doit juger les criminels ignorés par la Commission Winograd - 17 février 2008.

30 mars 2008 - Alternative Information Center - traduction : JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.