16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

La guerre en Irak coûte 12 milliards de dollars par mois

mardi 1er avril 2008 - 06h:31

Charles J. Hanley - AP

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le sang coule peut être moins, mais le flux d’argent pour la guerre d’Irak augmente régulièrement, c’est ce que nous montrent les dernières analyses.

JPEG - 18.6 ko
Un soldat américain de l’équipe de la 3ème Brigade de Combat, 3ème Infanterie, surveille la zone pendant que la fumée se lève des feux en arrière plan, durant une opération militaire dans la zone d’Al leg, à environ 60km au sud de Bagdad en Irak, jeudi 7 mars 2008

En 2008, sa 6ème année, la guerre coutera approximativement 12 milliards de dollars par mois, le triple du taux de « financement » des années qui précédent, révèlent, l’économiste Joseph E. Stiglitz [prix Nobel d’économie] et son co-auteur Linda J. Bilmes dans un nouveau livre.

Travaillant avec les « meilleurs » scénarios « réalistes, abordables », ils réalisent des projections sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan après 2008 concernant l’occupation militaire américaine à long terme dans ces pays, cette occupation devant coûter au budget américain entre 1700 et 2700 milliards de dollars, ou plus, d’ici 2017.

Les intérêts de cet argent emprunté pour financer ces coûts pourraient à eux seuls ajouter 816 milliards de dollars au solde final, expliquent-ils.

Le « Congressional Budget Office » (Bureau du Budget du Congrès) a fait ses propres prévisions et arrive en dessous de ces estimations, prévoyant un coût cumulatif de 1200 à 1700 milliards de dollars pour les deux guerres d’ici 2017, sachant que les trois quarts de ces dépenses sont imputées à l’Irak.

De telles variations dans ces estimations proviennent des hypothèses « d’échelles mobiles », des scénarios et données du budget qui sont comptabilisés. Mais quelle que soit l’estimation, le coût sera énorme, disent les auditeurs du Bureau des Responsabilités du Gouvernement (GAO).

Dans un rapport du 30 janvier au Congrès, le GAO a observé que les Etats Unis engageront des ressources « significatives » pour les guerres, « demandant aux preneurs de décision de considérer les arbitrages difficiles étant donné que la nation fait face à un problème d’augmentation fiscal à long terme ».

Ces chiffres n’incluent pas le coût des guerres dans le reste du monde. En Irak même, l’invasion américaine menée en 2003, avec ces bombardements aériens dévastateurs et les pillages et incendies volontaires qui ont suivi, ont gravement endommagés les systèmes de fourniture électrique et autres services, l’industrie du pétrole, un nombre incalculable d’usines, des hôpitaux, des écoles et autres éléments de base dans une économie.

Personne n’a tenté de calculer les dommages économiques subis par l’Irak, a dit Niels Buenemann, porte-parole du Fond Monétaire International, qui suit de près l’économie nationale. Mais des millions d’Iraquiens sont partis sans travail, des centaines de milliers de professionnels, gestionnaires et autres citoyens de la classe moyenne ont fui le pays.

Dans leur livre « La Guerre à 3000 milliards de dollars », Stiglitz, de l’université de Colombia, et Bilmes, d’Harvard, rapportent que les deux guerres auront coûté 845 milliards de dollars sur le budget américain de 2007 le 30 septembre prochain, fin de l’année fiscale 2008, en supposant que le Congrès finance complètement les requêtes de l’administration Bush. Cela ne comptabilise pas seulement les opérations militaires, mais aussi les coûts de l’ambassade, de la reconstruction et autres dépenses liées à la guerre.

Ce total dépasse de loin les 670 milliards de dollars, qu’avaient coûté les 12 années de guerre au Vietnam, selon ce qu’a déclaré en 2007 le Service de Recherches du Congrès.

Bien que les victimes, militaires américains et civils iraquiens, aient diminué ces derniers mois, le niveau des dépenses a explosé. Un budget pour la guerre totalement financé sera de 155% plus élevé en 2008 que celui de 2004, rapporte le CBO.

Les raisons sont nombreuses : « la montée en puissance » d’unités additionnelles en Irak, la hausse des coûts du pétrole, des bonus juteux pour attirer les réengagements militaires, et particulièrement le besoin de « réinitialiser » c’est à dire, réparer ou remplacer les équipements militaires inutile, détruits ou endommagés. Presque 17 milliards de dollars sont nécessaires cette année pour les véhicules blindés évolués, pour protéger les troupes des bombes posées sur les bords des routes.

En regardant les choses en face, les 2 analyses du CBO et de Stiglitz-Bilmes construisent 2 scénarios, un dans lequel le niveau des troupes américaines en Irak et Afghanistan chute rapidement - à 30.000 d’ici fin 2009 pour la CBO, et 55.000 d’ici 2012 pour Stiglitz et Bilmes - et un autre dans lequel la diminution est plus graduelle.

De façon significative, les deux études analysent des périodes différentes, la CBO calculant les dépenses possibles dans les 10 ans à venir, tandis que Stiglitz et Bilmes incluent aussi des dépenses encourues pendant cette période, mais payées plus tard, comme l’équipement remplacé dans les budgets après 2017.

Ce facteur figure le plus dans la catégorie des soins médicaux des vétérans et des paiements de pensions d’invalidité où le CBO prévoit 9 à 13 milliards de dollars dans les dépenses avant 2017. Stiglitz et Bilmes, en attendant, projettent 422 à 717 milliards de dollars dans des dépenses sur la durée de vie (de fonctionnement) des soldats qui avant 2017 ont été blessés ou mentalement ou physiquement handicapés par les guerres.

« Le CBO considère seulement les 10 années à venir, » a noté Bilmes dans un entretien.

Pour sa part, une critique du CBO a suggéré que Bilmes et Stiglitz pouvaient exagérer les dépenses de traitement de blessures mentales des vétérans, un secteur coûteux.
Les deux économistes disent que leurs calculs sont faits avec précaution, parce qu’ils n’englobent pas beaucoup de données « cachées » dans le budget américain. Leurs projections de base excluent ainsi le coût de service de dettes potentiellement énorme - sur lequel CBO est approximativement d’accord - et le coût du pétrole pour l’économie américaine, qui a quadruplé depuis 2003.

L’évaluation de toutes les dépenses économiques et sociales pourrait faire monter la facture des guerres américaines vers 5000 milliards de dollars avant 2017, disent-ils.

Leur livre est déjà en bonne place dans le débat « rester ou quitter » l’Irak.

Quand Stiglitz a témoigné le 28 février avant le Comité Économique Commun du congrès, le sénateur républicain du New Jersey, Jim Saxton, s’est plaint que de telles projections soient trop imprécises pour aider à déterminer les dépenses et avantages relatifs à la guerre d’Irak.
Saxton a dit qu’un retrait américain rapide pourrait mener à une guerre civile grandeur nature et à la domination iranienne sur l’Irak, « d’énormes dépenses » qui devraient être incluses dans n’importe quel calcul, dit-il.

10 mars 2008 - The Huffington Post - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.huffingtonpost.com/2008/...
Traduction de l’anglais : Myriam


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.