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La fetwa du rabbin Rosen contre les Palestiniens

lundi 31 mars 2008 - 21h:00

Nadav Shragai - Haaretz

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Un Amalek de notre temps ?

Deux semaines seulement après l’attaque terroriste de la Yeshiva Mercaz Harav, la célébration de Pourim 5768 a donné comme jamais auparavant beaucoup d’intérêt aux annuelles et presque traditionnelles discussions sur l’image d’Amalek et de ses descendants, Haman.

L’incarnation du mal éternel que représente Amalek pour avoir profité de la faiblesse des enfants d’Israël à la sortie d’Égypte pour les attaquer, celui qui selon un commandement de la Torah, doit être effacé de la surface de la terre (Deutéronome 25:17-19), est assimilé publiquement chaque année par de nombreux religieux aux ennemis d’Israël à l’époque actuelle.

L’attaque de la Yeshiva Mercaz Harav a conforté cette association. De nombreux sermons, des articles et des cours portent cette année sur la pertinence d’en tenir compte ou pas à notre époque.

Le premier à faire publiquement le lien entre les périodes bibliques et les temps modernes est le maire de Jérusalem, Uri Lupolianski, lors de l’enterrement des victimes de meurtres. Il y a eu ensuite un article retentissant publié par le directeur de l’Institut Tzomet, le Rabbin Yisrael Rosen, qui a écrit : « Amalek comme concept, comme objet de notre lutte et notre hostilité est présent dans chaque génération ». Il souligne qu’il ne fait « pas référence à la descendance d’Amalek, mais à tous qui ont une haine profonde et inébranlable d’Israël en tant que nation ou en tant que religion. »

Le rabbin Rosen a ajouté que « Dieu, Béni Soit Son Nom, a fait savoir que la haine d’Amalek est éternelle et Il a prescrit de le combattre ». « Parce que l’Éternel a juré sur Son trône » d’être hostile et de combattre Amalek partout dans le monde, nous ne pouvons pas, selon le rabbin, « fuir ce commandement divin, même si nous devons nous mettre sous la protection des nations et même si le commandement est difficile à supporter et qu’il peut nous décourager ».

Le rabbin Rosen a ajouté : « Ceux qui massacrent des étudiants, ceux qui foulent au pied leurs Torah, ceux qui lancent des pluies de Qassams sans distinction sur les hommes, les femmes, les vieux et les jeunes, filles et nourrissons, ceux qui souhaitent la destruction d’Israël et dansent les mains pleins de sang, sont l’Amalek de notre génération », et donc « seulement avec hostilité, et en recouvrant nos émotions humaines qui, sont contraires à cela, que nous serons victorieux. »

Le rabbin de Safed, Shmuel Eliyahu, « n’a pas non plus de problème moral pour détruire tous les Amaleks du début à la fin des temps », et le rabbin Dov Lior de Kiryat Arba a également dit clairement que « celui qui veut dominer et détruire le peuple juif, la loi d’Amalek s’appliquera à lui, avec toutes les conséquences. »

« Avoir en horreur toute effusion de sang »

Mais, tout le monde n’est pas à l’aise pour appliquer les lois halakhiques [ndt charia juive] lorsque Amalek de notre époque semble être identifié. L’un d’eux est le chef de la yeshiva hesder à Holon, le Rabbin Elazar Aharonson. Aharonson n’est peut-être pas effrayé par le fait de nommer « Amalek » la terreur qui nous afflige à Sderot et à Mercaz Harav, mais dans le même temps, il remercie Dieu pour le fait qu’aujourd’hui il n’est plus possible d’identifier Amalek et qu’il se dit mal à l’aise à l’idée d’appliquer le commandement du prophète Samuel au roi Saül : « Maintenant, va, frappe Amalek, voue-le à l’anathème avec tout ce qu’il possède, sois sans pitié pour lui, tue hommes et femmes, enfants et nourrissons, b ?ufs et brebis, chameaux et ânes. » (Samuel 15:3).

Le Rabbin Aharonson demande : « Sommes-nous encore capables de cela ? Sommes-nous capables de massacrer et de mettre à mort des enfants et des nourrissons, des femmes et des hommes, des personnes âgées ? Il est difficile pour moi de nous imaginer dans une telle situation et il est absolument clair pour moi que cela doit être la façon dont nous devrions tous réagir à savoir qu’il est normal et naturel d’avoir en horreur toute effusion de sang et de rejeter fermement tout meurtre de masse. »

En pratique, explique Aharonson, on ne va pas chercher des Amalékites pour les tuer, parce que la Torah orale dispense de le faire, tout comme nous ne marions pas nos filles quand elles sont jeunes, parce que la Torah orale nous interdit de le faire, même si la Torah écrite nous le permet.

Pendant le week-end, le rabbin Daniel Shilo, un ancien chef du Conseil Yesha des rabbins de la colonisation, a clairement dit certaines choses dans le même esprit : « En ce qui concerne la halakha, Amalek n’existe pas. Aucun personne des peuples anciens n’est identifiée en tant que telle. Il n’ya pas d’Amalek aujourd’hui, dont le souvenir doit être effacé, et même dans la période antique, l’obligation d’effacer Amalek ne s’applique pas aux Amalek qui se sont entendus avec Israël et ont accepté les lois des fils de Noé ».

Shilo souligne que, même dans le Pourim d’origine « tout n’était pas autorisé. Les Juifs ont combattu seulement ceux qui les tourmentaient, leurs ennemis et ceux qui les détestaient, les « armées et les pays qui les opprimaient », et non des personnes innocentes et non pour des raisons personnelles, mais « ils se sont rassemblés » comme une communauté qui prend ses responsabilités et non comme des individus isolés qui veulent briser les clôtures ».

Shilo, comme beaucoup de ses collègues qui ont traité ce sujet après l’attaque à la Yeshiva Mercaz Harav, prône également la vengeance. Non la vengeance d’un individu, mais plutôt « la vengeance du peuple, de la nation et de l’armée ». Non la vengeance contre des individus au hasard ou des passants, mais une vengeance officielle contre ceux qui incitent aux meurtres, ceux qui envoient des assassins et ceux qui les encouragent, une « vengeance des puissants et non des faibles d’esprit. »

L’essentiel, en ce qui concerne Shilo, c’est la mémoire, et la compréhension que, même dans notre génération, il peut y avoir un combat contre un ennemi sans conditions.

26 mars 2008 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/pages/...
Traduction de l’anglais . D. HACHILIF


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