L’Eid [fête] d’Al-Adha étant juste d’ici quelques jours, les Palestiniens de Gaza ont commencé les préparatifs pour ces vacances musulmanes dans de mauvaises conditions, avec un siège israélien permanent et une trêve fragile entre le Hamas et le Fatah.

Lors de l’Eid Al-Adha, les musulmans commémorent la volonté du prophète Ibrahim de sacrifier son fils à la demande de Dieu. Les gens sacrifient un animal, partagent sa viande, font la charité et achetent des nouveaux vêtements et des jouets pour les enfants.

Vendeurs d’articles pour la fête de l’Al Adhae au marché de Gaza - Photp Laila el-Haddad

En dépit du mauvais temps, les vendeurs à l’étal ont exposé leurs articles dans le vieux marché de Gaza, le long des rues autrefois pleines de voitures en stationnement, ce mercredi qui précède l’Eid d’Al-Adha (célébration du sacrifice).

Ils sont occupés à vendre les produits traditionnels de l’Eid : chocolats emballés avec du papier brillant, biscuits de dattes et autres bonbons, vêtements pour enfants, jouets, viande, et poissons salés connus sous le nom de fseekh.

Beaucoup de commerçants disent qu’ils espèrent de bons résultats de cet Eid, par opposition à de l’Eid Al-Fitr d’il y a quelques mois, après que le gouvernement ait récemment distribué des chèques correspondant aux salaires d’environ 70 000 fonctionnaires pour des montants allant de 200 à 400 dollars.

Le ministère des finances a commencé à verser les salaires dans le secteur public le 25 décembre aux employés qui n’avaient pas obtenu d’argent par l’intermédiaire d’un accord avec l’union européenne.

Suite au boycott occidental et au refus d’Israël de reverser les recettes fiscales dues à l’autorité palestinienne et s’élevant à environ 52 millions de dollars mensuels, des dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens ont perçu seulement une partie de leurs salaires depuis que le Hamas a pris le pouvoir en mars 2006.

Un commerçant nous a déclaré : « Si vous m’aviez interrogé une semaine avant, j’aurais dit ?n’y pensez pas, je pourrais aussi bien fermer la boutique’. Mais maintenant, les gens ont une certaine somme d’argent à dépenser, et quelle meilleure occasion de le dépenser que l’Eid ?

Inflation

« En même temps, avec les fermetures continuelles, tout est maintenant plus cher pour nous les vendeurs, et par conséquent pour le consommateur ; aussi les gens ne feront pas des achats avec des montants aussi importants qu’avant. »

Selon l’Office des Nations Unies pour les questions humanitaires, depuis le début de l’année Israël a autorisé en moyenne quotidiennement 12 camions (sur les 400 promis) à traverser le principal point de passage commercial de Gaza, Al-Mintar (Karni).

En conséquence, le prix des marchandises dans Gaza a fortement augmenté en raison des ruptures dans les approvisionnements.

On achète beaucoup de jouets pour les enfants ... Photo : Laila el-Haddad

Un client, faisant au passage son choix dans des pistolets en plastique dans un magasin de jouets remplis de clients taciturnes, nous dit : « Pour les hommes, l’Eid est une énorme dépense, entre acheter un mouton pour l’abattage, de nouveaux vêtements, des cadeaux pour les enfants, et des douceurs pour les invités. Nous faisons le maximum à cette occasion et ainsi les enfants peuvent être heureux. »

Abu Mustafa, un chauffeur de taxi, maintient son écharpe enroulée autour de son visage pour se protéger du froid hivernal tandis qu’il circule autour des marchés très fréquentés du centre-ville de Gaza.

« Cet Eid n’est pas réellement un Eid », dit-il.

« Cela pourrait avoir l’apparence d’un Eid, mais nous n’aurons certainement pas la sensation d’un Eid. »

« Il n’y a pas un ménage qui ne soit pas affecté d’une manière ou d’une autre par la situation, qu’il s’agisse du blocus international ou des affrontements internes. ».

« C’est sûr qu’il y a un certain calme maintenant, mais il est passager. Il faut me croire, les choses peuvent éclater encore à tout moment, entre nous et contre l’Israël.

Un de ses clienst déclare : « Le mot optimisme n’existe plus dans notre vocabulaire. »

Renouveau de foi

Mohammad Hinbawi, un marchand ambulant qui a vendu les bonbons faits maison pendant plus de 20 ans, n’est pas d’accord.

« Tant que nous avons ceci à manger, nous sommes bien, » dit-il, montrant avec sa main un gateau au sésame.

« Sûr que la situation est dure, mais nous continuons à avoir la foi et la patience dans Dieu et dans notre gouvernement. On ne leur a pas donné la moindre chance, aussi nous ne pouvons pas les blâmer. »

Des groupes de femmes s’approchent pour acheter de nouveaux vêtements pour leurs enfants à l’occasion de l’Eid.

Mariam Abo Odeh, âgée de 42 ans, nous dit : « Peu importe ce qui arrive, l’Eid est pour le moins une pause bienvenue dans notre routine si pénible [...] Le marché est vivant, et il y a de l’excitation et du bonheur dans l’air. Rien que cela suffit. »

Tout près de là, des agricultrices se sont assises sur le sol, exposant leur récolte journalière de menthe et d’aneth.

« Si Dieu le veut, ce sera un Eid agréable. Notre vie est difficile, mais le calme est rassurant. Espérons qu’il continue de cette façon. »

En attendant, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens sont à attendre dans le mauvais temps pour entrer dans Gaza depuis le côté égyptien de la frontière de Rafah, le seul passage pour entrer ou sortir de Gaza.

Le passage a été bouclé par Israël depuis la fin juin 2006, ouvrant depuis seulement de façon sporadique - pour une durée totale d’à peine neuf heures durant les dernières trois semaines - laissant les voyageurs palestiniens échoués des deux côtés.

28 décembre 2006 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à : http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach