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Israël se retranche dans ses colonies

samedi 29 mars 2008 - 07h:35

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Ehud Olmert refuse les frontières de 1967 comme base de négociations

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Un des 600 barrages israéliens qui parsèment la Cisjordanie sous occupation - Photo : Reuters

Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, s’exprime avec solennité avant les cérémonies d’accueil — de Georges Bush et d’Angela Merkel — et dans son discours il insiste sur la nécessité de parvenir à un accord pour créer un Etat Palestinien. Il affirme même que c’est une nécessité vitale à la survie d’Israël.

C’est une thèse qu’on attribuerait plutôt à un parti de gauche tel que le Meretz, à l’origine d’initiatives qui ont été bien accueillies dans le passé par les partis palestiniens. Les décisions du gouvernement, sont néanmoins similaires à celles qu’aurait adoptées l’extrême droite du Likoud, ancien fief politique d’Olmert.

Israël s’est entouré de colonies construites dans les territoires occupés et dans Jérusalem Est, dont on annonce l’expansion constante avec la construction de centaines de nouveaux logements. Il y a déjà 4 mois qu’a eu lieu la pompeuse conférence d’Annapolis et rien n’a avancé. « Le plus grave, précise une source très proche des négociations, c’est que les délégués israéliens refusent comme base de négociations les frontières de 1967 ».

La position de départ de la délégation palestinienne est claire. Sur la base des résolutions de l’ONU et des frontières préalables à la guerre de juin 1967, quand Israël a conquis la Cisjordanie et Gaza, des échanges territoriaux peuvent être acceptés comme solution pour résoudre les faits accomplis imposés par tous les gouvernements israéliens depuis 40 ans : la construction incessante des colonies. La délégation israélienne entend revenir à la case départ et recommencer à discuter avec les cartes sur la table, en prenant en compte toutes les colonies et en ignorant tous des liens antérieurs à la guerre des 6 jours, ce qui représente un pas en arrière par rapport aux processus d’Oslo (1993) et de Camp David (2000).

Un des négociateurs présent aux réunions explique à El Pais comment s’est passé un récent rendez-vous dans lequel le chef de la délégation palestinienne, Ahmed Qurea, la ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, et un des principaux membres de sa délégation Tal Becker, échangèrent leurs positions.

Qurea : « Avant les critères (pour l’échange des terres), il existe des termes de références dont nous avons convenus lors des précédentes négociations. Ces termes de références sont les frontières de 1967 ».

Beker : « Nous n’avons jamais dit lors des précédentes négociations que nous accepterons les frontières de 1967. Ce que nous avons ici, c’est la résolution 242 de l’ONU ». C’est un débat de longue date. Israël a toujours maintenu une interprétation de cette résolution que personne dans le monde ne partage. Selon lui, la 242 dit rendre des territoires occupés, et non tous les territoires occupés.

Une thèse qui légitimerait les conquêtes par la force.
Pendant la réunion, les négociateurs continuent de se disputer. Les Palestiniens demandent si Israël accepte la Feuille de Route, le plan proposé par les Etats-Unis en 2003 et qui assure toutes les garanties de sécurité à Israël en échange du gel total de toute construction dans les colonies.

La délégation israélienne déclare qu’elle souhaite éviter une impasse dans les négociations. Et ils proposent de discuter sur la réalité créée au cours des dernières décennies à coups de murs de briques et de colons. Ils insistent aussi pour que tous les lieux sacrés pour les juifs restent sous la souveraineté israélienne.
Qurea a prévenu que s’ils n’acceptaient pas comme point de départ des négociations les frontières de 1967, les Palestiniens aussi remettraient en question la résolution qui a établi la répartition des terres de Palestine en novembre 1947. Le chef de la diplomatie hébreuse intervint immédiatement.

Livni : « Savez-vous pourquoi on ne peut pas accepter les frontières de 1967 ? Parce que je veux un accord réalisable, qu’on peut appliquer. » Ce à quoi Qurea répond qu’il est inacceptable que tout lieu où vivent des juifs reste sous la souveraineté israélienne.

Dans les 4 derniers mois, le gouvernement d’Olmert a annoncé la construction de centaines de logements dans les colonies de Har Homa, Givat Zeev, et Pisgat Zeev. La condamnation de l’Union Européenne a été explicite. Même la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Condoleeza Rice, a mis en garde, bien que sur un ton modéré, que ces initiatives « ne contribuent pas au bon déroulement du processus de paix ». C’est comme s’il pleuvait en terrain marécageux [c’est sans aucun effet - N.d.T]. « Tout le monde sait qu’il n’y a aucune possibilité que l’Etat d’Israël abandonne le quartier Har Homa. C’est une partie inséparable de Jérusalem. » a averti Ehud Olmert il y a une semaine. Et il a ajouté : « Nous avons annoncé qu’il y aurait des endroits où on construirait plus d’immeubles. Ces lieux resteront sous la souveraineté israélienne quel que soit l’accord que nous passerons, y compris et en premier lieu à Jérusalem. »

Des sources diplomatiques occidentales accréditées à Tel-Aviv ne parieraient pas un euro sur la réussite du processus. Les mesures adoptées par le gouvernement d’Olmert révèlent qu’Israël tente de prédéterminer l’issue des négociations. Le gouvernement de Salam Fayad, appuyé avec des millions de dollars par la communauté internationale s’affaiblit chaque jour tandis que les sondages donnent au Hamas un soutien populaire croissant. Cela ajoute au découragement. Le Président Mahmud Abbas, continue de dénoncer les abus des militaires en Cisjordanie et les meurtres de miliciens et de civils à Gaza. Et comme réponse, il a juste entendu dire que les roquettes que tirent les milices sur le sud d’Israël et que les débordements violents en Cisjordanie sont les principaux obstacles.

« Les négociations avec Israël ne mènent à rien. Ils n’ont aucun intérêt à la paix. Je ne vois qu’une solution : revenir à la résistance. Pas comme celle qui a commencé en 2000, parce qu’ils ne doivent pas poser des bombes dans les autobus. Il faut revenir à la première Intifada. Et faire sauter le mur de béton qui se trouve sur notre terre ».

Ce ne sont pas les paroles d’un radical fondamentaliste. Ce sont celles du Palestinien Yusef Dahrer, chrétien et secrétaire général du Conseil Mondial des Eglises.

Du même auteur :

- De la poésie avec des chars sous les fenêtres
- Célébrations en Palestine occupée de l’attentat de Jérusalem
- Jérusalem : un Palestinien tue 8 Israéliens
- « Même s’ils tuent nos sept fils, nous continuerons à combattre »

24 mars 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : C.B


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