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Israël maintient depuis plus de 40 ans une répartition inégale de l’eau

samedi 29 mars 2008 - 06h:37

Maan News

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Bethlehem - Depuis plus de 40 années d’occupation, Israël maintient drastiquement entre Israéliens et Palestiniens une répartition inégale des faibles ressources vitales en eau du Moyen Orient.

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Un point public pour l’eau - Sud de Gaza - Photo : MaanImages

En comparaison avec les formes plus spectaculaires de violence qui ont fait les grands titres de l’actualité, l’eau représente l’exemple même des conséquences de l’aspect bureaucratique de l’occupation qui renie, jour après jour, les droits humains aux Palestiniens vivant sous occupation. A l’occasion de la Journée de l’Eau des Nations Unies, Ma’an a compilé ce rapport sur la situation de l’eau dans les territoires occupés.

Selon Ayman Rabbi, le directeur du Groupe Hydrologique Palestinien, la question de l’eau n’est finalement qu’une question fondamentale de justice. » Nous demandons l’égalité, au moins en termes de distribution d’eau » dit-il. « L’eau est indispensable pour tout être humain en dehors de toute question de race et de religion. »

L’organisation des droits humains, B’Tselem, estime que les Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza utilisent seulement 22 mètres cubes par an soit 60 litres par personne et par jour. En contraste, les Israéliens (colons et résidents d’Israël) utilisent jusqu’à 120 mètres cube par personne et par jour soit 330 litres c’est-à-dire 5 fois et demi de plus que les Palestiniens.

Les experts donnent comme raison de cela est l’attribution discriminatoire des ressources, une situation globale d’inégalité qui ne s’est pas améliorée avec le début du processus de paix Israélo-Palestinien au commencement des années 90.

Les Palestiniens et les Israéliens tirent l’eau de la grande « Mountain Aquifer » dont 85% se trouve sous la Cisjordanie. Israël a réussi à forer des puits à l’intérieur d’Israël et dans les colonies de Cisjordanie, puits qui captent les sections productives de l’aquifère. Israël a également limité les accès des Palestiniens à cette source en ne permettant pas la construction de nouveaux puits dans les zones palestiniennes de la Cisjordanie.

Un planificateur de l’organisation de défense de l’eau, Life Source, dit que 12 nouveaux puits ont été forés dans l’Aquifère Est depuis le début du processus de paix d’Oslo. Ayman Rabbi estime que 26 autres puits ont été perdus derrière la Barrière de Séparation israélienne en Cisjordanie.

Afin de forer un nouveau puits, les Palestiniens doivent avant tout faire une demande au Joint Water Committee (JWC), une organisation qui avait été montée lors de l’Accord Intérimaire (connu aussi comme Oslo II) et signé par Israël et l’Autorité Palestinienne en 1995. Malgré le fait qu’il y a un même nombre de Palestiniens et d’Israéliens dans le Comité, Israël garde son pouvoir de veto.

Si les Palestiniens veulent forer un nouveau puits dans la zone C, zone où Israël selon les accords d’Oslo, maintient un contrôle civil et militaire total, l’Administration Civile, une branche de l’autorité d’occupation, doit aussi donner son accord pour la construction.

Selon les estimations de B’Tselem et d’autres organisations, quelques 215.000 Palestiniens vivent dans la zone C et ils ne sont toujours pas connectés au système d’eau courante. Ils sont donc dépendants de l’eau importée par camions et qui coute 4 fois plus que le prix ordinaire.

De plus, le groupe hydrologique palestinien met en évidence le fait que les Palestiniens achètent l’eau d’Israël, surtout de Mekorot (la compagnie d’eau nationale israélienne). Et parce que l’eau provient d’Israël, Israël pourrait en tant que tactique de guerre, réduire ou potentiellement couper l’approvisionnement en eau.

A la question si Israël pourrait fermer l’arrivée d’eau à la Cisjordanie de la même façon que l’armée a bloqué la Bande de Gaza, Ayman Rabbi répond : « nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation assez semblable à celle de Gaza ».

Alors qu’Israël pourrait de pas fermer totalement le robinet d’arrivée en Cisjordanie, Rabbi dit que « l’approvisionnement irrégulier de l’eau en Cisjordanie se réduit rapidement ».

Gaza

Si la situation en Cisjordanie est mauvaise, la Bande de Gaza fait face à ce que Rabbi définit comme étant « une situation désastreuse ».

A la suite de l’Accord Intérimaire de 1995, les Palestiniens de la Bande de Gaza ont un certain degré de souveraineté sur les ressources d’eau de la Bande. Mais disent les experts, ces ressources sont insuffisantes. B’Tselem rapporte « qu’à part la petite quantité qu’Israël a entrepris de vendre, les habitants de la Bande de Gaza vont devoir subvenir à leurs besoins à partir des ressources situées dans leurs frontières, c’est-à-dire, qu’ils n’auront pas le droit d’acquérir de l’eau de Cisjordanie ».

« L’échec de l’Accord Intérimaire à redistribuer les ressources d’eau partagées entre la Cisjordanie et Israël empêche tout excédent d’eau de Cisjordanie susceptibles d’augmenter l’alimentation dans la Bande de Gaza. En conséquence, la rupture entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie continue et endommage encore plus l’aquifère de Gaza à cause de la nécessité de continuer la sur-extraction »

Le résultat est que les 1.5 millions d’habitants de Gaza n’ont pas d’autre choix que de sur-extraire à partir de l’aquifère côtier ce qui a pour conséquence qu’une grande partie de l’alimentation en eau est salée, saumâtre ou contaminée. Avant le début du blocus, l’organisateur de Life Source rapporte que moins de 10% de l’alimentation en eau de Gaza répondait aux normes internationaux pour l’eau potable.

Maintenant pratiquement aucun approvisionnement en eau ne répond à ces normes.

« Alan Johnston, le correspondant de la BBC qui avait été kidnappé à Gaza, a raconté dans une interview que presque dès le début il avait commencé à ressentir toutes sortes de douleurs à cause de l’eau qu’il buvait » écrit Amira Hass dans le Ha’aretz. « C’était la même eau que buvait les kidnappeurs mais le corps de Johnston n’y était pas habitué et avait envoyé un signal : cette eau n’est pas potable ».

Israël a imposé en juin dernier un verrouillage total sur la Bande de Gaza, verrouillage qui est toujours d’actualité. Parmi les marchandises qui ne sont plus permis dans la Bande se trouvent les matériaux de construction nécessaire pour réparer l’infrastructure d’eau très détériorée. Suite aux réductions par Israël de fournitures vitales et les coupures en électricité qui en découlent, le « Gaza Coastal Municipalities Water Utility » est obligée de pomper 60.000 mètres cube d’eaux d’égouts pour les rejeter dans la mer. Avant le blocus israélien elle n’en pompait que 20.000.

En mars dernier, une énorme fosse d’aisances utilisée pour stocker les eaux usées à cause de l’absence de structures de traitement à Gaza, a débordé tuant 2 enfants et 3 femmes dans le village d’Umm Nasser. Du fait du blocus, aucune amélioration n’a été apportée au système de traitement des eaux d’égouts. Les Nations Unies craignent qu’une autre inondation d’eaux usées puisse en résulter.

23 mars 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à : http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja

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