Siège, incursions et vandalisme israéliens en Cisjordanie
vendredi 21 mars 2008 - 06h:08
PCHR
Bilan de la semaine du 13 au 18 mars, en Cisjordanie : 3 civils blessés dont deux militants pour les droits de l’homme, par l’occupant israélien ; 53 civils arrêtés dont 3 mineurs et 3 sur des check-points ; 44 incursions et vandalisme dans des centres culturels et pour handicapés, attaque d’une école primaire.
- Incursion à Kalandya, violation d’une maison palestinienne (AP/M. Muheisen)
Rien que depuis début 2008, 695 Palestiniens ont été enlevés en Cisjordanie.
Les deux militants blessés l’ont été le 14 mars lors de la dispersion de la manifestation non violente contre le mur d’apartheid à Bil’in (à l’ouest de Ramallah) par les soldats d’occupation.
Tout en assurant l’isolement de la bande de Gaza, les forces israéliennes ont continué de harceler les Palestiniens en Cisjordanie avec 44 incursions dans les villes et villages, et même dans des centres culturels et de rééducation de handicapés, volant du matériel, détruisant des bâtisses.
Cette semaine, dans la bande de Gaza, l’occupant a assassiné 4 Palestiniens durant la semaine, en a blessé 12 dont 3 mineurs, une femme et une personne handicapée.
Le siège contre la Cisjordanie est resté très serré, limitant les déplacements des civils à l’intérieur de la Cisjordanie, y compris dans Jérusalem-Est occupée. Le mardi 18 mars, il y a eu un bouclage total des Territoires, jusqu’au dimanche matin 23 mars. Chaque semaine, des dizaines de milliers de Palestiniens, de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont interdits d’accès à Jérusalem. Ceux qui tentent de contourner les check-points interdisant le passage vers Jérusalem sont frappés violemment. Dans le reste de la Cisjordanie, des check-points ont été levés sur les principales routes et principaux carrefours.
La colonisation illégale des Territoires se poursuit. Le gouvernement israélien a approuvé un projet de construction de 2 200 logements dans une colonie de Jérusalem-Est d’après le quotidien israélien Ha’aretz. Ces constructions sont prévues dans la colonie de Givat Hamatos, un quartier de Jérusalem-Est. La Commission d’urbanisme et de logements israélienne avait approuvé le projet, dont l’approbation définitive devrait intervenir dans les deux ans. Cette colonie a été montée en plein Jérusalem-Est en 1991 sur les terres de la banlieue palestinienne de Beit Safafa.
Par ailleurs, le 13 mars, les colons israéliens du centre d’Hébron ont pénétré de force dans l’école primaire de la rue al-Shuhada dans le centre ville. Ils sont entrés par le jardin de l’école, pointant leurs armes sur les gardiens. Ils ont démoli un mur et endommagé de nombreuses structures en cours de construction pour agrandir l’école. L’armée d’occupation est intervenue, plus tard, et a frappé... un gardien de l’école qui tentait d’arrêter les colons.
Violations israéliennes signalées durant la semaine (13-18 mars)
Incursions et agressions de civils palestiniens et contre leurs biens.
Chaque incursion de déroule avec de nombreuses irruptions dans des maisons, suivies de fouilles, souvent d’arrestations, le plus souvent de nuit, parfois en tirant au hasard dans les villages.
Jeudi 13 mars : vers minuit, l’occupant pénètre dans le secteur nord d’Hébron pour fouiller la maison d’un Palestinien qu’il a arrêté.
Vers minuit et demi, l’armée rentre et tire au hasard dans Qalqilya (au nord-ouest de la Cisjordanie). Elle pénètre dans une dizaine de maisons au prétexte de rechercher certains Palestiniens (pas d’arrestation). Vers une heure du matin, incursion dans le village d’Attil, au nord de Tulkarem (N/O Cisjordanie) ; fouilles de maisons (2 civils arrêtés). Au même moment, l’armée rentre dans la ville de Tulkarem pour fouiller une maison bien précise (pas d’arrestation).
Dans le sud, toujours vers 1h, l’armée pénètre dans Jabal Jouhar, au S/O d’Hébron (fouilles et une arrestation) et dans les quartiers d’Abu Snaina (fouille de deux maisons, sans arrestation) et d’Abu Snaina, toujours à Hébron, (fouille de deux maisons, sans arrestation).
Bethléhem à 1h30 : incursion dans le village de Nahalin, à l’ouest de la ville. Irruption dans de nombreuses maisons palestiniennes (arrestation d’un jeune de 19 ans). Vers 1h45, incursion dans les camps de réfugiés de du secteur de Naplouse (fouilles et 17 arrestations de civils).
Région de Jénine, vers 2h15 : l’armée pénètre dans le village de Qabatya, au sud-est de la cité (nombreuses fouilles mais aucune arrestation) ; en même temps, dans le village al-Shuhada Triangle, au sud (là aussi, nombreuses fouilles mais sans arrestation).
Plus tard, vers 17 h, incursion dans Qalqilya pour la deuxième fois le même jour (fouilles sans arrestation), et dans Azzoun, à l’est de Qalqilya, y imposant un couvre-feu. L’armée s’est retirée quelques heures plus tard sans avoir fait d’arrestations.
Vers 21h30, toujours dans le nord-ouest de la Cisjordanie, l’occupant rentre dans Tulkarem, interpellant et contrôlant des dizaines de civils palestiniens ; dans le camp de réfugiés de Nour Shams, à l’est de la ville (fouille d’une maison sans arrestation).
Vendredi, 14 mars : vers 2h du matin, les FOI rentrent dans la ville de Jénine et dans le camp de réfugiés de Jénine (nombreuses fouilles sans arrestation) ; dans le village d’Arraba au sud-ouest de Jénine (idem).
Vers 14h, elles pénètrent dans Tubas, ouvrent le feu au hasard. Le soir, elles se retirent en tirant avec comme conséquence, un jeune de 17 ans blessé à la tête par une grenade sonore.
Samedi, 15 mars : vers une heure du matin, incursion dans Naplouse, au camp de réfugiés de Balata (fouilles de nombreuses maisons, aucune arrestation) ; vers 1h15, retour à Qabatya, au sud-est de Jénine (fouilles sans arrestation) et incursion dans le village de Deir Abu Da’if, au nord-est de Jénine (sans arrestation).
Dimanche, 16 mars : vers minuit et demi, les FOI entrent dans Jayyous, au nord de Qalqilya et arrêtent 2 civils. Au même moment, elles entrent dans Bethléhem (nombreuses fouilles et une arrestation). Le soir, vers 23 h, idem dans le village de Tarama, au sud-est d’Hébron (2 arrestations).
Lundi, 17 mars : minuit, l’armée rentre dans Taffoul, un village à l’ouest d’Hébron (arrestations de deux jeunes palestiniens, 21 et 18 ans). Vers 1h15, elle revient à Jénine et dans le camp de réfugiés (fouilles sans arrestation) ; vers 2h15, retour à Naplouse, au camp de Balata (fouilles et trois civils arrêtés) ; au même moment, l’armée est dans les villages de Qallil et de Beit Fourk, à l’est de la ville (sans arrestation).
Le soir, vers 23h, au sud d’Hébron, l’armée pénètre dans le camp de réfugiés d’al-Faw (sans arrestation).
Mardi 18 mars : vers minuit, incursion dans le camp de réfugiés de Nour Shams, à l’est de Tulkarem (fouilles et 4 arrestations) ; à la même heure, au sud-ouest d’Hébron, dans le village de Dura, l’armée fait irruption dans le centre culturel.
Vers 1h, à l’est de Qalqilya, l’occupant rentre dans Azzoun, (fouilles et 3 arrestations, dont 2 mineurs), il rentre aussi dans Qalqilya (1 arrestation). Au même moment, dans le sud, à l’ouest de Bethléhem, incursion dans le secteur d’al-Bassa (fouille de la maison d’un Palestinien recherché depuis 12 ans et qu’ils ont arrêté).
Vers 1h15, dans Naplouse (fouilles et arrestations de 5 civils palestiniens) ; 1h30 : dans Jénine et le camp de réfugiés (fouilles sans arrestation) ; même heure, retour dans Qabatya au sud-est de la cité (3 arrestations) ; toujours à la même heure, autour de Jénine : village d’al-Zababda, au sud-est, l’armée assiège la maison d’un imam de l’ancienne mosquée du village, elle détruit la clôture de la maison et démoli une voiture appartenant au fils de l’imam (l’imam est arrêté).
Aux environs de 2h, les FOI pénètrent dans le camp de réfugiés d’al-Fara’a, au sud de Tubas. Après avoir fait sauter les portes, elles prennent d’assaut le centre de rééducation des handicapés, le centre d’activités des Femmes et le centre Salah Khalf, au c ?ur du camp de réfugiés. Elles confisquent un certain nombre d’ordinateurs du centre des handicapés (pas d’arrestation).
Dans le même temps, elles envahissaient Qallil, un village à l’est de Naplouse, y assiégent la maison d’un Palestinien prétendument recherché. Par mégaphones, elles demanden aux habitants, qui s’exécutent, de sortir de la maison. La famille est interrogée et la maison fouillée (pas d’arrestation).
Toujours vers 2h, mais à Jéricho, à l’est de Jérusalem, l’armée fouille des maisons et arrête un Palestinien.
Le siège des Territoires palestiniens. Cisjordanie.
Le siège est resté aussi serré contre les Palestiniens de Cisjordanie.
Jérusalem : l’accès à la ville est toujours restreint pour les Palestiniens tant de la bande de Gaza que de Cisjordanie. Des milliers d’entre eux n’ont pu passer les check-points dans et autour de la cité. Spécialement vendredi, jour des prières à la mosquée al-Aqsa.
Naplouse : toujours les mêmes restrictions pour les civils. Le jeudi 13, les troupes positionnées sur différents check-points autour de la ville ont aggravé les restrictions. Samedi matin, 15 mars, au check-point de Za’atara, au sud de Naplouse, les contrôles ont été renforcés. Lundi 17, le matin, mêmes aggravations sur les check-points autour de Naplouse et mardi, au check-point de Za’atara.
Tulkarem : aucun allègement dans les restrictions. Les Palestiniens de moins de 35 ans ont été empêcher de passer aux check-points. Jeudi, 13 mars, ce sont les habitants d’al-Jaroushihy, un village au nord de Tulkarem, qui sont interdits de quitter le village. Samedi 15, fermeture du check-point de Wad al-Teen, au sud de la ville, de 6h à 10h du matin. Lundi, 17, l’armée monte un check-point au carrefour de Bala’a, à l’est de Tulkarem, où elle arrêté et fouille tous les véhicules civils.
Bethléhem : maintien des restrictions de déplacements. Jeudi 13, 3 check-points sont montés au sud de la ville. Tous les véhicules sont arrêtés et fouillés. Vers 15h30, le lundi 17 mars, un check-point est érigé dans le secteur de Qaber Hilwa, à l’est, bloquant pour la fouille tous les véhicules palestiniens.
Hébron : mêmes restrictions dans et autour de la cité. Jeudi 13, plusieurs check-points sont installés à des carrefours au sein de la ville. De nombreux civils sont interpellés, contrôlés, détenus et interrogés. Vendredi 14, deux check-points sont montés aux carrefours de Sabta et de Tahreer, à l’ouest et au sud d’Hébron. Arrêts et contrôles des véhicules civils. Samedi matin, 17 mars, autre check-point mobile au carrefour de Beit Einoun, à l’est d’Hébron, avec les mêmes conséquences pour les civils palestiniens.
Vers 15h, le jeudi 13, les troupes positionnées à l’entrée nord du camp de réfugiés de Fawar, au sud d’Hébron, arrêtent un Palestinien de la ville de Yatta, au sud d’Hébron. Et le lundi 17, vers midi, celles positionnées auprès de la mosquée Ibrahim, au c ?ur d’Hébron, arrêtent un autre Palestinien, âgé de 19 ans.
Jénine : samedi matin, 15 mars, les FOI sur le check-point d’al-Hamra, en pleine Vallée du Jourdain, arrêtent un Palestinien qui n’a pas été identifié.
Construction du mur d’annexion
La construction du mur d’annexion à l’intérieur du territoire de la Cisjordanie s’est poursuivie. Les forces d’occupation ont usé de la force contre une manifestation non violente organisée par des civils palestiniens et des militants internationaux et israéliens pour les droits humains, qui protestaient contre la construction du mur dans le village de Bil’in, à l’ouest de Ramallah. C’est après la prière du vendredi, le 14 mars, que la manifestation s’est déroulée. Les manifestants ont essayé de parvenir jusqu’au mur, malgré les barbelés posés par l’armée. Aussitôt, les troupes se sont mises à tirer des balles en caoutchouc, lancer des grenades sonores et lacrymogènes sur les manifestants. Cette semaine, un Belge et un Israélien ont été blessés par les balles enrobées de caoutchouc, le premier à la tête et le second à la jambe.
Colonisation et agressions des colons contre les civils palestiniens et leurs biens
Selon le quotidien israélien Ha’aretz, le gouvernement a approuvé la construction de 2 200 unités de logement dans la colonie de Givat Hamatos, dans Jérusalem-Est. La Commission d’urbanisme et de logements israélienne avait approuvé le projet, pour lequel l’accord définitif devrait intervenir dans les deux ans. La colonie de Givat Hamatos a été implantée en 1991 sur la terre d’une banlieue palestinienne, Beit Safafa. Les représentants du ministère du Logement israélien et de l’Administration civile des FOI prétendent que la terre désignée pour la construction de ces logements est à 40% terre d’Etat, 20%, terre privée appartenant à des Juifs, et 40%, terre privée appartenant à des Palestiniens.
Par ailleurs, le jeudi 13 mars, les colons qui habitent dans le centre d’Hébron ont attaqué l’école primaire Cordoba, rue al-Shuhada, dans le centre-ville. Selon le directeur de l’école, un certain nombre de colons israéliens qui vivent à Beit Hadasa, un avant-poste, ont repris leurs tentatives de pénétrer par effraction dans l’école. Ils sont entrés par le jardin pointant leurs armes sur les gardiens. Ils ont démoli un mur et endommagé des structures en cours de construction pour agrandir l’école. L’armée est intervenue plus tard et a frappé violemment un gardien de 60 ans qui tentait de s’interposer devant les colons. Il est couvert d’ecchymoses et de coupures au visage.
Pour plus d’informations, notamment le nom des victimes, veuillez consulter le site du PCHR : http://www.pchrgaza.org, ou contacter le PCHR par mel (pchr@pchrgaza.org) ou au téléphone au +972 (0)8 2824776 ou 2825893.
- Des colons israéliens dans le centre de la ville palestinienne d’Hébron,
protégés par l’armée d’occupation.
Rapport du PCHR - Traduction pour les Amis de Jayyous : JPP