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Il est temps de boycotter Israël au niveau mondial

lundi 10 mars 2008 - 06h:15

Omar Barghouti

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Chacun est invité à réagir et à agir par n’importe quel moyen pour empêcher le génocide des Palestiniens.

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Illustration de Nidal El-Khairy

Le vendredi 29 février 2008, Matan Vilani, adjoint du ministre israélien de la Défense, a menacé les Palestiniens à Gaza d’une « shoah » en déclarant à la radio de l’armée israélienne : « plus les tirs de Quassam s’intensifieront et plus grande sera la portée des roquettes, plus ils [les Palestiniens] risqueront d’attirer sur eux une shoah plus importante car nous emploierons toute notre puissance pour nous défendre ».

Cette date restera dans l’histoire comme celle qui a marqué le début d’une nouvelle phase dans le conflit entre Israël et les Palestiniens, où un haut responsable israélien, de gauche en l’occurrence, a publiquement révélé les plans génocidaires qu’Israël est en train de fomenter contre les Palestiniens sous son occupation militaire, si ces derniers n’arrêtent pas de résister à ses diktats.

Cette date marquera aussi la première fois depuis la deuxième Guerre mondiale qu’un Etat terrorise scrupuleusement - et en direct à la télévision - une population civile par des actes génocidaires, progressifs ou à basse intensité, et qu’un des hauts responsables de son gouvernement incite ouvertement à une « shoah » totale, tandis que le monde se tient immobile en contemplant ce qui se passe, dans la plus grande indifférence ou alors avec contentement à l’instar des dirigeants occidentaux.

Pour un dirigeant israélien, juif en particulier, le fait de menacer quiconque de shoah est une triste ironie de l’histoire. Les victimes de crimes indicibles sont-elles condamnées à devenir d’effroyables criminels ? Que diable peut-on faire pour briser ce cercle vicieux avant que l’Etat qui prétend représenter les principales victimes de l’holocauste nazi ne commette lui-même un nouvel holocauste ?

Avant d’aborder ces questions, on pourrait se demander pourtant : n’est-il pas exagéré et manifestement contreproductif de comparer les crimes d’Israël contre les Palestiniens, peu importe à quel point ces crimes ont été brutaux et inhumains, au génocide nazi ? Tout crime n’est-il pas unique et digne d’attention à part entière comme une violation des droits de l’Homme, du droit international et des principes universels de la morale ?

La réponse est oui : chaque crime est unique, et il n’y a rien qu’Israël ait fait à ce jour qui ne se rapproche, même d’un point de vue quantitatif, des crimes nazis. Mais quand les victimes d’autrefois devenues les criminels d’aujourd’hui admettent ouvertement leur intention de mettre en oeuvre la forme spéciale d’agression qui leur est la plus familière et qu’ils commettent des actes répétés qui évoquent qualitativement ce crime par leur racisme déchaîné et le terrible niveau de dédain que cela demande vis-à-vis de la valeur et de la dignité de la vie de l’autre, alors leurs menaces doivent être prises au sérieux. Chacun est invité à réagir et à agir par n’importe quel moyen pour empêcher ce crime en route vers sa conclusion logique.

Malgré son manque d’indépendance politique et malgré son mandat contesté, l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah est mise en demeure de se libérer immédiatement de l’accusation de complicité que le peuple lui impute. Azmi Bishara est l’un des plus connus parmi ceux qui ont formulé ces attaques virulentes contre l’AP, suite à la déclaration de son président au Caire où celui-ci déclarait qu’Al-Quaida se serait infiltré dans Gaza et que les projectiles lancés au jugé par la résistance palestinienne en direction des villes et colonies israéliennes donneraient un prétexte à l’agression israélienne.

La crédibilité de cette affirmation de complicité est telle que Mahmoud Abbas a pour la première fois condamné les derniers crimes israéliens d’une manière lapidaire et imagée, décrivant [ces crimes] comme « pires qu’un holocauste ».

On attend toujours des régimes arabes, notamment égyptien et jordanien — non élus, non légitimes et soumis aux Etats-Unis comme ils savent l’être - qu’ils se tiennent à l’écart de la guerre mortelle qu’Israël mène contre Gaza. Après tout, leurs liens diplomatiques et commerciaux permanents avec Israël ainsi que leur justification implicite des crimes israéliens lorsqu’ils diffament le Hamas de façon répétée et gratuite, les ont définitivement faits cataloguer par leurs peuples respectifs, sans parler du large public arabe, comme complices de ces crimes.

Les gouvernements européens, notamment la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne doivent aussi répondre à la grave accusation venant de larges majorités parmi les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans, de connivence avec les crimes contre l’humanité perpétrés par les Israéliens. Non seulement, ces gouvernements se sont tus face à l’obstination israélienne sans pitié de tuer des civils innocents dans Gaza, dont beaucoup d’enfants, au cours des derniers jours, mais ils ont continué à traiter Israël avec le plus grand respect en célébrant son soi-disant 60ème anniversaire d’indépendance, cet effroyable acte d’épuration ethnique et de destruction coloniale, et en prodiguant leur soutien économique, politique et scientifique, lequel a contribué à l’impunité de l’Etat d’Israël.

D’un autre côté, le gouvernement américain ne peut être accusé d’encourager les actes génocidaires d’Israël de la même façon que cette sinistre alliance de complices. Il est et a toujours été un partenaire absolu et fier de lui dans l’organisation, le financement et la mise en oeuvre des crimes contre les Palestiniens, sans parler de ses propres actions criminelles inégalées en Afghanistan, en Irak et auparavant au Vietnam. Lorsque viendra le moment de notre propre procès de Nuremberg, lorsque les crimes israéliens seront enfin poursuivis devant une cour internationale, une large place devra être réservée dans le box des accusés aux généraux et dirigeants politiques américains.

Sans le partenariat américain matérialisé par une incalculable aide militaire, économique et diplomatique, Israël n’aurait pas pu commettre tous ses crimes racistes et colonialistes avec une telle impunité.

Pour revenir à la question de savoir si l’on doit ou si l’on peut faire quelque chose pour arrêter Israël, la réponse est « absolument ». Les crimes de l’Apartheid en Afrique du Sud ont été combattus non seulement par la lutte héroïque des masses opprimées sur le terrain, mais ils ont été dénoncés à travers le monde grâce aux campagnes de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre le régime et toutes ses institutions complices, qu’elles soient économiques, académiques, culturelles ou sportives.

De façon analogue, la société civile internationale peut et doit appliquer les mêmes mesures non violentes de justice pour contraindre Israël à respecter le droit international et les droits de l’homme les plus élémentaires. La menace de sanctions a même réussi à prouver son efficacité par le passé en freinant les campagnes israéliennes répétées de meurtres et de dévastations.

Si toutes les images de dizaines d’enfants palestiniens déchiquetés et si ces tueries et destructions récurrentes et injustifiées par une armée d’occupation contre une population civile sans défense restent pour la plupart impunies, le monde pourrait bien en effet vivre un nouvel holocauste.

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Omar Barghouti

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2 mars 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Thouraya Ben Youssef


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