16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Quelque chose de terrible nous arrive ...

mardi 26 février 2008 - 05h:55

Editorial Haaretz

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Quelque chose de mauvais nous est arrivé, disent-ils dans la brigade Kfir. Ce « quelque chose » c’est l’occupation.

Il y a trois ans, les images de la chaîne de télévision CBS montrait des soldats américains maltraitant des prisonniers dans la prison d’Abu Ghraib en Irak.

JPEG - 24.9 ko
Torture fréquemment utilisée à l’encontre des prisonniers palestiniens - Croquis : B’Tselem

Ces images horrifiantes ont mené huit soldats devant les tribunaux, à des renvois et à une vague de honte en Amérique. Lors du jugement d’un gardien de prison qui a été condamné à huit ans en prison, un psychologue a donné son avis : que l’homme était une personne tout à fait ordinaire, sans aucune inclinaison particulière à la violence et qui a servi comme gardien de prison durant beaucoup d’années dans la vie civile mais en ne s’étant jamais s’est comporté de façon sadique envers les prisonniers américains.

La situation d’occupant et d’occupée, par opposition à celle du citoyen face au citoyen, peut faire que les gens ordinaires peuvent devenir violents et perdre toute limite. Dans le cas d’Abu Ghraib, a estimé le tribunal, il y avait un mépris institutionalisé à chaque niveau. Les gardiens de prison ont compris que « c’était la façon normale de se comporter ici. »

La nuit dernière, l’émission télévisée d’investigation « Fait » a diffusé des images de notre propre affaire Abu Ghraib. Il est douteux qu’un pays qui s’est développé avec 40 ans d’occupation et avec les histoires qui y sont liées puisse être choqué. Nous nous sommes habitués à traiter les Palestiniens comme des personnes inférieures. Les générations vont et viennent, et les nouveaux soldats maltraitent les habitants de Hebron sous occupation presque toujours de la même façon.

Des histoires semblables à celles de l’émission de la nuit dernière ont été mises à jour par le groupe « Briser le silence » il y a de cela trois ans. La phrase « l’occupation corrompt » est devenue un slogan de la gauche au lieu d’être un signal d’alarme pour chacun.

Cette fois-ci sont en cause des soldats réguliers de la brigade Kfir.

Ils ont exposé leur arrière-train et leurs organes sexuels face aux Palestiniens, ont pressé un radiateur électrique sur le visage d’un jeune homme, ont tabassé de façon insensée de jeunes garçons, enregistrant le tout sur leurs téléphones portables et envoyant les enregistrements à leurs amis.

Un de leurs « actes pervers » était de voir combien de temps un Palestinien qui était étouffé pouvait survivre sans respirer. Lorsqu’il s’évanouissait, l’expérience était arrêtée. Ces actes ont été présentés par les soldats comme devant « briser la routine » laquelle consistait entièrement en abus. Il suffisait qu’un garçon « nous regarde de travers » pour qu’il soit battu.

Lors du procès du premier-lieutenant Yaakov Gigi, des officiers ont parlé de surmenage, de « quelque chose de mauvais survenu dans la brigade, » de l’ouest sauvage (Wild West), d’une crise morale. Le commandant de la brigade, le colonel Itai Virov, a déclaré « avoir échoué sur plusieurs plans. » Ses mots reflètent un refus de reconnaître la profondeur de l’échec.

Cette routine permanente, loin des yeux des commandants, doit mener à une série d’enquêtes, et peut-être même à des renvois. Il est indéfendable que la tête de la brigade d’Hébron, du commandant de division, du commandement central du GOC et même du responsable de l’équipe aient ignoré le comportement des soldats dans la brigade responsable de la sécurité [occupation] en Cisjordanie.

Le colonel Virov a admis qu’il y avait une conspiration de silence dans la brigade - en d’autres termes, une norme sur les abus et leur dissimulation. Pour changer ces normes, on doit choquer et être choqué, pour ne pas se satisfaire de quelques emprisonnements et de mots creux sur la perte des valeurs.

Les gens tout à fait orinaires, comme l’a expliqué un psychologue américain à propos des tortionnaires d’Abu Ghraib, sont capables de comportement monstrueux du moment qu’ils reçoivent un message venant du haut disant qu’il est permis de maltraiter, de battre, d’étouffer, de brûler, de mettre des gens dans un état pitoyable et de faire généralement n’importe quoi que l’esprit mauvais de l’homme est capable d’infliger à son prochain.

Quelque chose de mauvais nous est arrivé, disent-ils dans la brigade Kfir. Ce « quelque chose » c’est l’occupation.

25 février 2008 - Ha’aretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction : Claude Zurbach


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.