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Les familles des prisonniers à la prison de Damun

lundi 25 décembre 2006 - 19h:27

Ali Samoudi

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La visite a simplement été annulée.

Le surveillant l’a crié face aux familles qui attendaient dans le froid. Elles avaient attendu toute la journée, après avoir traversé les barrages routiers et subi les inspections. Mais au bout, pour ces familles, il n’y a rien. Pas de visite aujourd’hui.

Pour les familles, l’administration de la prison israélienne de Damun a annulé les visites afin de faire pression sur elles et sur les prisonniers pour les faire plier devant les procédures de gestion arbitraires de la prison, comme l’a expliqué la Fondation Mandela qui suit spécialement les droits des prisonniers.

Les familles avaient quitté leur maison dès avant l’aube pour venir jusqu’à la prison au sud de Haïfa, une ville qui était autrefois palestinienne. Elles ont affronté des conditions difficiles, un grand froid, pour venir voir un enfant, un époux ou un père, et pour le rassurer. Les familles et les prisonniers politiques reconnaissent que rien n’est plus important que d’être rassurés, de savoir que personne n’est oublié et que d’une façon ou d’une autre, on est toujours ensemble.

Un père, Mohammad : « On a supporté toutes les difficultés qu’on peut imaginer pour venir à la prison. Mais alors que nous pensions que le moment tant attendu était arrivé, les surveillants ont décidé de nous punir de cette manière arbitraire et injuste. Ils n’ont tenu aucun compte de la fatigue des femmes après le voyage pour arriver jusqu’ici, ni de l’impatience des enfants pour voir leur père. Les gardes n’ont rien dit sur un éventuel arrangement ou accord. A la place, simplement, ils nous ont dit de quitter la cour de la prison. »

L’épouse du prisonnier politique Yousef est partie à 2 h du matin de chez elle avec leur fils de 4 ans, Ahmed. Seuls, les plus de quatre ans sont autorisés pour les visites. Mais les Israéliens n’ont laissé ni l’épouse, ni l’enfant voir Yousef. Ceci sous le prétexte de « mesures de sécurité ». Selon les organisations pour les droits humains des prisonniers, tout cela s’intègre dans une politique de sanctions exercée spécialement contre les Palestiniens à Damun. Cette prison est considérée comme l’une des pires d’Israël pour le froid extrême qu’il y fait, les difficultés à y parvenir, et les mesures punitives contre les familles et les prisonniers politiques.

A Jénine, au nord de la Cisjordanie, la journée a commencé pour l’épouse et son fils par l’attente du car de la Croix-Rouge. Une fois qu’il fut rempli de voyageurs, « la journée de souffrances » a commencé, comme l’ont raconté ceux du car. Au check-point de Jalameh, malgré une coordination préalable et le fait que tous les passagers avaient des permis remis par les Israéliens, les soldats n’ont autorisé personne à passer. Tous ont été obligés de descendre, les enfants ont été contrôlés, de même que toute la nourriture qu’il y avait dans le car pour une longue journée de voyage. Les fouilles, en particulier la façon dont les soldats ont fouillé l’intérieur de la nourriture, ont été qualifiées de « provocantes et d’insultantes ».

Une mère a dit : « Ils veulent nous humilier parce qu’ils savent que nos enfants sont emprisonnés pour avoir résisté contre leur occupation. »


Une épouse nommée Sabra parle de son arrivée à la prison. « La première inspection a été faite par les gardes qui patrouillent à l’extérieur, puis, à la porte de la prison. Après, il a fallu attendre dans une arène où nous avons passé un autre contrôle avec une sorte de chicane plus moderne. Nous avons alors été soumis à enquête et à un examen minutieux des autorisations et des identités. Nous sommes restés sous la pluie très longtemps, ils nous ont dit d’attendre que les prisonniers soient prêts. Bien que d’habitude ils sont déjà prêts, mais les gardes agissent comme ça délibérément pour nous perturber. »

Arrivées à l’intérieur des chambres, les familles ont été une nouvelle fois soumises à des procédures de contrôles physiques qu’elles disent « humiliantes ». La femme dit : « Ils mettent notre patience et notre résistance à épreuve et s’ils ont à se plaindre de nous, ils nous refusent la visite. Mais alors qu’après tout cela, nous étions arrivés jusqu’à la porte de la pièce, l’administration de la prison a refermé la porte. »

Les visites ont été annulées parce que les prisonniers politiques palestiniens avaient refusé de se soumettre à une fouille corporelle par les Israéliens. « Il est humiliant, illogique et injustifié que les prisonniers soient obligés de se dénuder avant les visites ». Les membres des familles ont tous approuvé en apprenant la nouvelle.

Par leur protestation, les prisonniers politiques palestiniens poursuivent leur résistance non violente à Damun ; ils ont commencé une grève de la faim jusqu’à ce qu’ils soient autorisés à voir leur famille sans d’abord être obligé d’enlever complètement leurs vêtements.

PNN (Jénine) - 16 décembre 2006
publié aussi par http://www.kibush.co.il/show_file.a... ; et diffusé par The Other Israel : otherisr@actcom.co.il
Trad. : JPP


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