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L’attentat de Dimona marque-t-il un tournant ?

mardi 5 février 2008 - 21h:11

Al Jazeera.net

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Sans tenir compte des jugements moraux, l’attaque-suicide de Dimona ce lundi est une autre brêche dans le siège imposé à tous les Palestiniens dans les territoires occupés, et il représente une extension de la rébellion palestinienne qui a forcé le mur entre Gaza et l’Egypte la semaine dernière.

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L’attaque de Dimona pourrait signifier que les groupes palestiniens ignorent les directives de leurs chefs et décident eux-mêmes de leurs action - Photo : GALLO/GETTY

Le fait que deux combattants aient réussi à atteindre Dimona situé au sud d’Israël après être passés par l’Egypte la semaine dernière puis être rentrés [en Israël] pour mener l’opération est un coup dur pour les prétentions de Tel Aviv selon lesquelles le siège contre les partisans du Hamas amène des résultats.

Les attaques ont été effectuées par des combattants - du Fatah et du Front Populaire pour Libération de la Palestine (FPLP) - bien en dehors de l’influence du Hamas, mais qui se sont sentis solidaires avec le groupe assiégé et avec le peuple de Gaza.

La participation de combattants non-Hamas indique que les groupes en dehors de Gaza entrent dans le conflit entre Israël et le Hamas. Ceci mine réellement la position de Tel Aviv qui prétend ne viser que le Hamas, et Israël se verra maintenant en guerre contre tous les Palestiniens.

Étranglés par les bouclages, les incursions et les massacres commmis par les militaires, ce n’était qu’une question de temps avant que les groupes palestiniens reprennent leurs attaques à l’intérieur d’Israël.

Malgré la division entre le Fatah et le Hamas, ces mouvements rivaux trouvent un terrain d’entente parce que tous deux visés par les militaires israéliens.

La diffusion autour du monde des scènes de Gaza assiégé, et de façon plus marquante, des images de ses habitants faisant une brèche dans le mur entre la bande de Gaza et l’Egypte, ont secoué et inspiré des Palestiniens au-delà de leurs clivages politiques et géographiques.

Mécontentement interne

Mais ce qui est le plus saisissant au sujet de l’attaque de Dimona, c’est que les brigades des martyres d’Al Aqsa, affiliées au Fatah, contestent avec force le président palestinien Mahmoud Abbas et sa politique de compromission avec les intérêts israéliens et américains.

Dans leur communiqué, les brigades ont salué Yasser Arafat, le défunt président palestinien, et l’actuel dirigeant Abbas mais la déférence vis à vis du président est une protestation implicite contre le premier ministre en place Salam Fayad.

L’attaque de Dimona elle-même est une indication du mécontentement croissant à l’intérieur du Fatah et la perception sans cesse renforcée que les entretiens israélo-palestiniens sont sans utilité, voir même une couverture pour les agressions israéliennes contre des Palestiniens.

Dans les communiqués publiés il y a trois semaines, les brigades ont demandé la démission de Fayad, le jugeant responsable du désarmement de leurs militants.

Le soi-disant plan de sécurité de Fayad impliquait de convaincre les brigades de rendre leurs armes et de rejoindre les forces de sécurité officielles afin « de priver Israël d’un prétexte pour attaquer les villes de Cisjordanie ».

Le plan s’est écroulé au début du mois de janvier lorsque les forces israéliennes ont lancé une opération militaire de trois jours dans Naplouse, massacrant et blessant des civils et des militants des brigades et kidnappant d’ex-combattants du Fatah.

Un porte-parole des brigades a alors critiqué Fayad depuis Gaza et l’a menacé de mort.

Leadership miné

Abbas a été critiqué par les combattants pour avoir tenu
des réunions avec les Israéliens pendant le siège de Gaza.
Ce n’est un secret pour personne que les responsables du Fatah avaient décidé d’arrêter les attaques-suicide et les attaques en général à l’intérieur d’Israël. Mais la capacité de la direction [du Fatah] a imposer de telles directives a été sabotée par les incursions israéliennes permanentes et le siège qui étrangle Gaza.

En fait les brigades d’Al Aqsa du Fatah ne répondent pas à une direction unique, ce qui est un signe des divisions internes, de la désorganisation ambiante et des désaccord avec la direction politique.

Selon des sources bien informées en provenance du Fatah, les brigades se sont senties impuissantes et découragées par l’hésitation de l’Autorité Palestinienne à agir ou au minimum à suspendre les entretiens avec Israël à cause de l’étranglement de la bande de Gaza.

Les brigades se sont senties en partie flouées par Fayad qui a fait confiance aux promesses israéliennes selon lesquelles leurs militaires cesseraient de les poursuivre.

Elles ont également estimé que les promesses de pas concrets vers la paix et d’allégement des souffrances infligées aux Palestiniens n’avaient pas été tenues.

Ceci a contribué à développer le ressentiment dans le Fatah. Les partisans du Fatah ont vu leurs chefs faire des risettes à côté de leurs acolytes israéliens lors de séances-photo alors que les pertes parmi les Palestiniens ne cessaient d’augmenter.

Tandis que les communiqués israéliens et même palestiniens officiels condamnaient l’attaque de Dimona et exprimaient des inquiétudes concernant « les négociations de paix » - soit-disant remises en selle par la conférence d’Annapolis en novembre dernier - une majorité de Palestiniens estime n’avoir constaté aucune manifestation quelconque de paix ou de sécurité.

En attendant le Hamas a démontré - même parmi ses critiques et adversaires - qu’il était aux côtés du peuple de Gaza, et il a accompagné, si ce n’est dirigé, le renversement de la frontière de Rafah la semaine dernière.

Cette action a profondément touché la fierté des Palestiniens.

La mascarade d’Annapolis

Beaucoup dans les territoires occupés regardent maintenant la réunion d’Annapolis comme une mascarade internationale, déclenchant une nouvelle phase encore plus féroce - et avec une impunité accrue - dans l’agression israélienne soutenue par les Etats-Unis.

Les « incursions » israéliennes et les bombardements dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ont tué plus de 141 Palestiniens depuis la réunion d’Annapolis.

Israël a également mené une moyenne de 20 à 30 incursions hebdomadaires en Cisjordanie, kidnappant ou tuant des militants des groupes palestiniens, y compris du Fatah.

Etant donné ce qui précède, il n’y a rien de surprenant à ce qu’un membre du Fatah ait réalisé l’attaque-suicide de Dimona.

En plus d’exprimer la colère palestinienne, le Fatah a maintenant en partie réaffirmé son caractère de mouvement de résistance.

L’attaque elle-même pourrait encore n’être qu’un accident isolé, mais elle n’est pas isolée dans son expression d’une rébellion palestinienne qui se développe - rappelant les actions qui ont mené aux soulèvements de l’année 1987 et de l’année 2000.

La différence aujourd’hui est que les Palestiniens non seulement doivent s’attaquer au mur de séparation mais aussi aux murs internes qui les séparent.

Ceci a pu transformer l’éveil d’un soulèvement populaire en un accès de colère sans perspective et sans direction politique.

5 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : Alverny - Info-Palestine.net]


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