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Palestine : l’implication arabe

mercredi 30 janvier 2008 - 11h:46

Salama A. Salama - Al-Ahram/hebdo

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Israël peut-il entreprendre seul de telles démarches racistes sans une entente arabe et internationale, implicite ou déclarée ?

Ce qui devait arriver est arrivé : des milliers d’habitants de la bande de Gaza ont bousculé les barrières aux frontières du passage de Rafah. Là, les garde-frontières égyptiens ne pouvaient rien faire face à la situation humaine déplorable causée par les procédures du blocus sauvage imposé par Israël. Ce dernier perpètre des actes criminels, en tuant et en affamant les habitants de cette région, en coupant l’eau et l’électricité et en interdisant l’acheminement des médicaments. En effet, si les forces égyptiennes étaient intervenues, l’Egypte aurait été accusée de complicité avec Israël.

La même chose avait eu lieu lors de la crise des pèlerins, et l’Egypte avait été obligée d’ouvrir le passage de Rafah contre la volonté d’Israël. Il est clair que cette situation peut se répéter encore et encore tant que nous laissons à Israël et aux Etats-Unis le droit de décider du destin de Gaza et d’obliger ses habitants à se plier à la volonté d’Olmert et de Barak.

Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur surprise et leur mécontentement face à l’impuissance arabe mise à nu. Les Arabes n’ont pas bougé d’un pouce sauf quand l’Agence des Nations-Unies pour le secours des réfugiés a lancé des appels au secours. Là, Israël a allégé les sanctions permettant l’acheminement de produits alimentaires et du gaz pendant un seul jour en donnant aux habitants le droit de choisir entre « marcher et vivre dans le noir ou faire chuter le gouvernement de Haniyeh ! ».

Posons-nous une question importante : Israël peut-il entreprendre seul de telles démarches racistes sans une entente arabe et internationale, implicite ou déclarée ? Et cette entente consisterait à exercer le maximum de pression et de punition collective sur les habitants de Gaza qui, jusqu’aujourd’hui, ne se sont pas encore rebellés contre le Hamas.

Si Israël est capable d’adopter des procédures unilatérales qui consistent à fermer les passages, et si les Européens sont devenus complices avec Israël en décidant de retirer leurs représentants, causant ainsi le gel de l’accord des passages, pourquoi l’Egypte serait-elle l’unique pays à respecter l’accord ? Pourquoi hésite-t-elle à adopter une décision unilatérale stipulant l’ouverture du passage de Rafah au lieu d’aider Israël à exécuter son plan ?

Robert Mali, le directeur du Groupe des crises internationales au Proche-Orient, dit que le Hamas a proposé au cours des dernières semaines d’arrêter le lancement de missiles à partir de Gaza si Israël arrêtait ces attaques et ouvrait les passages. Mais Israël a refusé d’alléger le blocus de peur de renforcer la position du Hamas à l’intérieur de Gaza, ce qui va à l’encontre du plan américain et diminue le pouvoir d’Abou-Mazen et du processus fragile de négociations.

Il est clair que c’est cette justification qui explique le silence du Quartette et la nonchalance des Etats arabes. Or, comme le dit Robert Mali, cette théorie est fondée sur des comptes erronés, puisque des pertes pour le Hamas ne signifient pas forcément des gains pour le Fatah.

C’est Israël qui reste le gagnant éternel, puisqu’il est en train d’anéantir à jamais la cause palestinienne et de faire monter la colère et la haine des Palestiniens contre le monde entier. Et en particulier contre l’Egypte qui assume seule la charge du déchirement palestinien, de la faiblesse arabe et de l’implication internationale.

Les Arabes assument avant Israël et les Etats-Unis la responsabilité de la catastrophe humaine à Gaza. C’est un déshonneur historique qui met la cause palestinienne aux portes d’une liquidation totale !

Le tribut

Edito

Les Palestiniens traversent une crise généralisée de pauvreté qui s’accroît, une augmentation du chômage, une détérioration des conditions de vie et des atteintes à grande échelle contre leur dignité humaine. C’est ce qu’a affirmé Maxwell Gaylard, le coordinateur humanitaire de l’Onu dans les territoires palestiniens, dont la bande de Gaza est soumise à un blocus depuis juin 2007.

Israël impose ce blocus depuis que le mouvement islamiste du Hamas s’est emparé du pouvoir par la force le 15 juin 2007, n’autorisant que l’entrée de produits de première nécessité. L’Etat hébreu a encore renforcé ce blocus le 17 janvier, l’étendant au carburant et à l’aide humanitaire, en réaction aux tirs de roquettes à partir de Gaza sur le sud du territoire israélien.

Le constat du responsable onusien est accablant et met directement en cause l’Etat juif : les Palestiniens sont avant tout victimes d’« un manque de protection contre les violences, d’un déni de droits de l’homme, de droits économiques, politiques et sociaux » et doivent faire face à des restrictions de circulation. Selon les chiffres du bureau palestinien des statistiques, 57 % des familles palestiniennes vivent dans la pauvreté (49 % en Cisjordanie et 79 % à Gaza), alors que le taux de chômage en 2007 a atteint 32,3 % à Gaza et 22,6 % en Cisjordanie. Les conditions de vie et les conditions économiques de la société palestinienne ont atteint un niveau de déclin jamais égalé : plus d’un million de Palestiniens dépendaient d’aides humanitaires.

Les agences de l’Onu sont unanimes à tirer la sonnette d’alarme : La bande de Gaza est confrontée à un risque d’« effondrement total » de ses infrastructures, a averti le Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Les inquiétudes du CICR sont partagées par l’Unicef, l’agence des Nations-Unies pour l’enfance, et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Nous sommes très inquiets de la situation des enfants à Gaza », a dit la directrice exécutive de l’Unicef, Anne Veneman. De son côté, l’OMS a relevé que les fréquentes coupures d’électricité et l’alimentation insuffisante en électricité produite par les générateurs installés dans les hôpitaux perturbent le fonctionnement des unités de soins intensifs, des salles d’opération et des services d’urgence.

L’énorme coût humain que paient les Palestiniens en raison des représailles collectives imposées par l’Etat hébreu ne fait bouger personne, en premier lieu les grandes puissances qui semblent bien impuissantes, voire complices de l’action israélienne qui, en définitive, n’est pas la réponse appropriée à des tirs de roquettes artisanales.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 30 janvier au 5 Février 2008, numéro 699 (Opinion)


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