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La justice israélienne approuve les punitions collectives

mardi 22 janvier 2008 - 23h:57

Marian Houk - Al Ahram Weekly

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Le gouvernement israélien a fait savoir à la Haute Cour israélienne que "tout allait bien" dans la bande de Gaza.

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Palestiniens attendant de pouvoir traverser le poste frontière de Rafah vers l’Egypte, constamment bloqué par les israéliens - Photo : Hatem Moussa

Immédiatement après le rejet de la Haute Cour de Justice israélienne d’une requête déposée le 3 janvier 2008 par un groupe de 10 organisations des Droits de l’Homme israéliennes et palestiniennes pour empêcher le deuxième round des coupures de carburant à Gaza décidé par le gouvernement israélien, les pétitionnaires ont présenté de nouveau un référé pour une nouvelle injonction.

Selon Sari Bashi, directeur exécutif de GISHA et qui a joué un rôle prépondérant dans cette affaire, la nouvelle requête porte sur le déficit persistant dans la livraison du diesel industriel utilisé pour faire fonctionner la principale centrale électrique de Gaza.

Cette centrale électrique fournit actuellement le tiers environ de l’électricité de Gaza contre près des deux tiers avant les frappes aériennes israéliennes de juin 2006 qui ont détruit les six transformateurs. Il a fallu des mois de travaux de réparation et beaucoup de négociation avec les différents représentants du Gouvernement israélien pour obtenir le matériel nécessaire. Malgré tous ces efforts, seule la moitié de la capacité de l’usine avant les frappes a été restaurée.

Les organisations de droits de l’Homme qui se sont rendues à la Haute Cour israélienne avait été informées qu’une deuxième série de coupures de combustible (Phase II) devait commencer le 30 décembre suite à une décision militaire de réduire de 35-43 % environ (encore faut-il s’interroger sur la base de calcul) la quantité d’essence fourni actuellement à Gaza.

Selon Bashi, il est apparu clairement que la phase II est entrée en vigueur au cours de la semaine précédente, même si ses mesures ne sont pas appliquées à la lettre comme l’État l’a laissé supposer au tribunal.

Le Jerusalem Post a annoncé, après la décision du tribunal que seulement 230.000 litres d’essence, utilisés principalement par les automobiles, seront désormais livrés par semaine à Gaza.

L’examen des quantités effectivement livrées la semaine dernière montre cependant que les réductions touchant les livraisons d’essence ont été plus profondes que prévu ainsi au lieu de 230.000 litres, à peine 190.000 à 200.000 litres ont été effectivement fournis.

La Phase II des coupures ordonnées par le ministère israélien de la défense est aussi supposée inclure une restauration temporaire pour des niveaux avant coupure en ce qui concerne le diesel.

Le diesel fourni servirait de carburant à la principale centrale électrique de Gaza et aux générateurs de secours, qui sont des moyens vitaux pour faire fonctionner les services essentiels pendant les fréquentes coupures de courant à Gaza. De nombreuses institutions publiques et certains services hospitaliers sont également tributaires de ce diesel y compris les services de blanchisserie et d’assainissement de l’Hôpital Ash-Shifa d’une part, certaines automobiles et autres véhicules utilisent aussi ce diesel comme carburant d’autre part.

Selon Bashi, le gouvernement israélien a fait savoir à la Haute Cour israélienne que "tout allait bien" dans la bande de Gaza. La Cour a rejeté alors la demande des pétitionnaires suite à l’assurance que lui a donné le gouvernement israélien d’éviter une crise humanitaire en distribuant sélectivement les quantités de carburant vitales dans la bande de Gaza bouclée et totalement isolée du monde.

Le Jerusalem Post a annoncé, après la décision du tribunal que "le gouvernement israélien a annoncé que suite à une étude sur le plan humanitaire qu’il avait effectué, il a décidé de fournir le diesel au niveau des quantités qui a précédé les coupures ». GISHA et les autres pétitionnaires soutiennent cependant que le gouvernement israélien n’a pas les moyens d’étudier ou de contrôler en réalité la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Bashi a déclaré qu’après la phase I, des coupures de combustible ont été ordonnées et la quantité de carburant fournie à Gaza est passée de 1,4 millions de litres par semaine à 1,2 millions de litres et celle du diesel industriel de 2,2 millions de litres par semaine à 1,75 millions de litres.

L’examen des quantités fournies montre cependant que pendant que les fournitures de carburant ordinaire revenaient au niveau avant coupures, celles du diesel industriel sont restées au niveau de la phase I soit 1.75 millions de litres ce qui met la centrale électrique en difficulté.

Les coupures de carburant de la Phase I ont entraîné l’épuisement de toutes les réserves de la centrale électrique de Gaza. Rafiq Maliha, directeur adjoint de Gaza Power and Generating Company, a confirmé par téléphone que dès samedi les réserves de carburant avaient atteint « une ligne rouge » et sont pratiquement nulles, et qu’une nouvelle réduction drastique était déjà en vigueur ces derniers 24 heures : "Hier, à partir de 14 heures, nous avons réduit notre production de 30-35 % en raison du manque de carburant." Cela signifie que Gaza sera privée d’électricité 8 heures par jour "dans le meilleur des cas" et en cas de panne, la situation ne fera que s’aggraver.

Maliha a déclaré : "on nous a demandé de gérer la situation sans stopper l’une ou l’autre turbine actuellement en fonction.Il explique que " si les deux turbines tombent en panne, la production de la centrale électrique de Gaza sera réduite de 50% aussi il tente de préserver les deux turbines en opération actuellement tout en demandant à la société de distribution de réduire les livraisons d’énergie mais cela doit être fait manuellement, et le processus n’est pas facile ». Il ajoute : "Et nous n’avons pas la capacité de contrôler la situation afin de savoir si cela fonctionne."

Maliha est maintenant impliqué dans les efforts de GISHA pour convaincre la Haute Cour israélienne d’empêcher l’armée israélienne de faire des coupures de carburant. Dans sa déclaration fournie à la Cour, Maliha dit que seulement environ 45 MW d’électricité sont en train d’être produites au lieu des 65 MW d’environ et que cela ne fera qu’augmenter les difficultés à Gaza, où les techniciens et les ingénieurs ont bataillé dur pour faire face au déficit de 20 % en fournitures électriques depuis le rétablissement partiel de la centrale électrique de Gaza détruite en 2006. Ses craintes sont que le déficit en électricité ne devienne ingérable car La décision des militaires de faire des coupures supplémentaires à Gaza est toujours en suspens, et le tribunal a fixé une date d’audience pour le 3 Février.

GISHA dit que Gaza n’est pas un Etat ennemi, en dépit de sa désignation en tant que telle par le gouvernement israélien le 19 septembre suite à la poursuite des attaques à la roquette sur le territoire israélien dans le Neguev occidental. Gaza est plutôt un territoire occupé et toutes ces coupures selon Bashi "sont totalement illégales."

Bien que l’Etat et la Cour semblent penser que les coupures d’essence utilisé principalement par les automobiles ne met pas en danger des vies humaines, Bashi pense le contraire : « Les travailleurs de la santé ne peuvent pas utiliser actuellement leurs véhicules parce qu’il n’ y a pas assez de carburant. Si l’embargo ne renforce pas la sécurité d’Israël, il compromet par contre la vie de 1,5 millions de personnes qui sont poussées à l’extrême".

Avocats israéliens et Organisations de droits de l’Homme déplorent de plus en plus le manque de soutien des droits des Palestiniens par le système judiciaire israélien. Miri Weingarten, coordinatrice des projets de santé dans le territoire palestinien occupé de l’organisation Médecins pour les Droits de l’Homme, a dit dans une interview à Ramallah à la radio RAMFM (appartenant à l’Afrique du Sud mais travaillant aussi en Israël) que le taux de succès devant les tribunaux est en train de chuter rapidement : "Malheureusement, la Haute Cour de justice israélienne prend le parti de la politique du gouvernement » a-t-elle déclaré.

Weingarten a ajouté que « le gouverment israélien entend punir l’ensemble de la population de Gaza, et ne le cache pas, en fait, il le dit clairement." Les Médecins pour les Droits de l’Homme ont essayé d’aider les patients très malades de la bande de Gaza qui ont besoin d’une permission de sortie pour soins médicaux à l’extérieur, que ce soit en Cisjordanie, en Jordanie, en Israël ou ailleurs dans le monde mais depuis que le Hamas a évincé le Fatah mi-juin dernier, dit-elle, les difficultés sont devenues immenses.

Très tôt sur la même émission de radio, le Dr Ahmed Abu Tawahineh, directeur adjoint du Gaza Community Mental Health Programme, a déclaré que depuis juin dernier, une centaine seulement de patients ont eu le droit de sortir de la bande de Gaza pour se faire soigner soit moins de 10% sur plus de 1000 demandes.

Quelle est la situation en fait ? dit Weingarten. Quand « les patients qui rencontrent des difficultés viennent à nous appeler, nous envoyons leurs dossiers à nos médecins volontaires qui essaient d’intervenir auprès des forces de sécurité au point de passage d’Erez. Si les demandes sont refusées et des raisons de sécurité avancées, nous devons nous adresser à la Haute Cour de Justice, entre temps, la situation des patients se détériore malheureusement et certains viennent à mourir. "

"Nous avions 133 demandes qui nous ont été adressées depuis la mi-juin," dit Weingarten "mais la plupart n’ont pas eu de réponse du tout et que nous ne pouvions même pas faire un appel auprès de la Cour." De ce nombre, a-t-elle ajouté, seuls cinq ont été autorisés directement et sept autres ont été agrées après l’intervention des tribunaux.

Mais, dit-elle, « la mise en avant des préoccupations sécuritaires semble parfois ridicule. Nous avons eu des patients qui étaient inconscients, aveugles, sourds, ou même en train de mourir d’un cancer que les militaires ont traité de risques pour la sécurité."

Weingarten note qu’il y a eu une nouvelle politique en place depuis le mois de septembre, date à laquelle Gaza avait été désignée comme territoire ennemi ou entité hostile. La première est que même les cas en danger de mort ne sont pas autorisés à passer, et le second est que les services généraux de sécurité israéliens, ou Shabak, amènent les patients en sous-sol au point de passage d’Erez pour les interroger sur d’autres personnes et en cas de refus de leur refuser des permis.

Weingarten déclare que "cette forme de chantage médical doit être condamné. En fait, nous croyons que c’est un fait de torture délibérée de refuser des soins médicaux pour des raisons non médicales".

Elle ajoute que « seules des presssions sur le gouvernement israélien peuvent désormais changer sa politique d’isolement total de la bande de Gaza".

Physicians for Human Rights (Les Médecins pour les Droits de l’Homme) étaient la semaine dernière devant la Cour avec une liste de quelques 17 cas, et "tous ces cas sont extrêmement urgents et en danger de mort." mais le gouvernement israélien a dit qu’il y avait beaucoup de cas à discuter et a demandé de choisir les plus urgents. Nous avons répondu, nous ne pouvions pas faire cette sélection. "

On ne peut que comparer cette pratique à celles des Nazis dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.

18 janvier 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/879...
Traduit de l’anglais par D. HACHILIF


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