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ISRAËL - "Mais enfin, quel est l’objectif recherché à Gaza ? "

samedi 19 janvier 2008 - 18h:03

Yediot Aharonot/Courrier international

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Les raids israéliens dans la bande de Gaza en représailles aux tirs de roquettes palestiniens n’ont abouti qu’à une escalade de la violence.

Yediot Aharonot met sévèrement en cause la ligne politique du gouvernement Olmert, ainsi que la confusion de ses décisions militaires.

Les Israéliens sont en droit d’obtenir du gouvernement une réponse précise à une question fondamentale : quel est l’objectif recherché par Israël à Gaza ? Ce n’est que lorsque nous aurons obtenu la réponse à cette question que nous pourrons élaborer une stratégie, débattre de la tactique à adopter et en discuter au Conseil des ministres. Nous avons besoin de connaître le pourquoi et le comment de nos tirs et, surtout, nous avons besoin de savoir sur qui nous tirons.

Ces derniers jours, le Premier ministre Ehoud Olmert vantait sa gestion "prudente" et "mesurée" du conflit à Gaza. Selon ses collègues, il s’agit d’une preuve incontestable que les leçons de la deuxième guerre du Liban ont été intégrées. Pourtant, à certains égards, la gestion de la guerre à l’été 2006, aussi pitoyable qu’elle fût, reste toujours meilleure que celle de la crise actuelle. Avant que le gouvernement Olmert ne s’embarque dans la guerre au Liban, il avait présenté ses cibles - peut-être étaient-elles imaginaires, injustifiées et absurdes - mais, au moins, nous avions des cibles. Aujourd’hui, quelle est notre cible ?

Tandis que les Israéliens sont pris dans un débat virtuel pour savoir s’il faut ou non lancer une vaste offensive terrestre dans la bande de Gaza, les forces armées man ?uvrent déjà sur le terrain. Tout se passe exactement comme lors des premières semaines de la guerre au Liban - les troupes ne sont engagées, nous dit-on, qu’"à quelques kilomètres à l’intérieur" ; il s’agit "d’opérations limitées" dans le but d’"empêcher les tirs de roquettes"...

Cette présence crée des tensions et ces tensions entraînent une escalade de la violence, chacun ripostant aux ripostes de l’autre. Une fois de plus, la politique étrangère et de défense d’Israël se retrouve dans les mains de quelques commandants de divisions et de brigades. Pourtant, même les chefs militaires sont priés de "s’en tenir à leur mission et à leur objectif". Mais alors, quel est leur objectif ?

Alors que le Hamas était pratiquement à genoux le mois dernier et réclamait un cessez-le-feu, les responsables de la défense nous ont convaincus qu’il fallait continuer à frapper et, comme d’habitude, ils nous ont expliqué qu’une accalmie donnerait justement au Hamas le temps nécessaire pour se préparer et s’armer en vue du conflit - on connaît cet argument imparable. Pourtant, le moment est venu de poser une question qui vient mettre à mal cet argument : quel est l’objectif de cette guerre et que faudra-t-il considérer comme une victoire ?

S’il s’agit de mettre un terme aux tirs de roquettes Qassam, alors l’actuelle escalade s’avère contre-productive puisque les tirs ont augmenté de manière exponentielle. Et une fois admis qu’Israël ne fantasme pas sur une quelconque autre étape destinée à "marquer les consciences", ce qui permettrait à Mahmoud Al-Zahar [dirigeant et membre fondateur de Hamas ; son fils a été tué le mardi 15 janvier par les raids israéliens] et à ses camarades de se convertir au judaïsme et de se mettre à mâcher des rameaux d’olivier, il est peut-être temps de mettre en route le processus de maturation collective, même s’il s’agit d’un processus douloureux.

On ne peut pas tuer impunément 18 habitants de la bande de Gaza lors de frappes aériennes et ensuite se lamenter quand le Hamas démontre une fois de plus ses impressionnantes capacités de tir. On ne peut pas déployer des soldats et se lancer dans des opérations militaires le matin et, dans la soirée, exprimer de "sérieuses inquiétudes sur les négociations concernant Gilad Shalit [soldat israélien enlevé et détenu depuis le 25 juin 2006 dans la bande de Gaza]". Un gouvernement souverain doit être capable d’identifier le lien de cause à effet, le lien entre les moyens et les objectifs.

18 janvier 2008 - Courrier international


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