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En allant à l’intérieur de Ma’ale Adumin

dimanche 20 janvier 2008 - 06h:23

Palestine Monitor

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Le Plan E1 vise à couvrir l’espace entre Ma’ale Adumin et les colonies à l’intérieur de Jérusalem-Est, créant ainsi une continuité territoriale sur le terrain qui permettra d’ouvrir l’accès à la vallée du Jourdain, autre région qu’Israël considère d’une importance stratégique majeure.

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Faire fleurir le désert avec du béton.

La colonie de Ma’ale Adumin n’est qu’à quinze minutes de bus de Jérusalem. Une fois passé par l’une des portes, bien gardées, votre première impression est celle d’une banlieue comme en peut en voir à Miami. A midi, la ville parait presque abandonnée car la plus grande partie des résidents s’en vont travailler à Jérusalem pour la journée.

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Les rues désertes de Ma’ale Adumin.

Mais une fois que vous êtes allé jusqu’à la clôture qui entoure Ma’ale Adumin, un étrange sentiment commence à vous gagner. Ce patchwork de béton, urbanisé avec soin, ne paraît pas du tout à sa place dans ce paysage palestinien aride qui l’environne. En quittant la ville, de l’autre côté, par une des rares portes du mur de clôture, une autre réalité apparaît instantanément. Juste à l’extérieur de la clôture, en limite de colline, un berger bédouin et son fils rassemblent leur troupeau de moutons. Le contraste entre ces deux mondes ne pourrait pas être plus frappant.

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Des Bédouins gardent des moutons à l’extérieur de la clôture.

Implantée en 1975 par un petit groupe de colons, Ma’ale Adumin est l’une des colonies les plus importantes d’Israël. Située dans le centre de la Cisjordanie, l’ensemble de la zone Ma’ale Adumin - la partie actuellement habitée et celle réservée à son expansion - occupe étonnement 1% de la superficie totale de la Cisjordanie. Ma’ale Adumin est devenue assurément une grande ville israélienne avec, actuellement, quelque 35 000 résidents. Sa population est composée d’un mélange de juifs religieux et laïcs, c’est une ville exclusivement juive.

Malgré toutes les promesses faites par Israël, tout au long des négociations pour la paix, de geler les constructions de colonies, Ma’ale Adumin connaît un plein essor, avec une croissance démographique de 5,3% en 2006. Des projets d’expansion sont en discussion pour porter le nombre de ses habitant à 80 000.

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La promesse sans lendemain du gel des constructions de colonies.

Les colonies israéliennes sur le territoire palestinien occupé, pendant et depuis la Guerre des Six-Jours en 1967, sont explicitement illégales en vertu du droit international. L’article 49 (*) de la Quatrième Convention de Genève stipule de façon claire : « La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle. ». En conséquence, la présence de quelque 470 000 colons israéliens en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, viole de façon flagrante la Convention de Genève. En outre, la question des colonies israéliennes sur le territoire palestinien continue de faire obstacle aux tentatives de parvenir à une paix juste et durable.

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Piscine dans le désert.

Bien que Ma’ale Adumin ressemblat à une banlieue somnolente, cette colonie est d’une grande valeur stratégique pour Israël en raison de sa localisation, à l’est de Jérusalem. Israël à un projet à long terme pour intégrer la colonie de Ma’ale Adumin dans la couronne de colonies israéliennes qui entoure Jérusalem-Est, occupée elle aussi en 1967, faisant tout pour saper la revendication palestinienne sur cette partie de la cité, pour en faire la capitale d’un futur Etat palestinien.

Ce projet, appelé Plan E1, vise à couvrir l’espace entre Ma’ale Adumin et les colonies à l’intérieur de Jérusalem-Est, grâce à de nouvelles unités de logement de colonies, créant ainsi une continuité territoriale sur le terrain. Continuité qui permettra, à son tour, d’ouvrir l’accès à la vallée du Jourdain, autre région qu’Israël considère d’une importance stratégique majeure.

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Ma’ale Adumin et la zone E1.

De plus, la connexion de Ma’ale Adumin avec les colonies de Jérusalem-Est, combinée avec les routes de contournements qui les relient entre elles et le Mur qui les entoure, entrave la croissance de toute ville ou quartier palestiniens à l’intérieur, ou à proximité de Jérusalem, et assure la mainmise d’Israël sur l’ensemble de la cité. Pour cette raison, tous les dirigeants politique d’Israël ont manifesté leur intention de garder Ma’ale Adumin, ainsi que les autres blocs de colonies importantes, sous souveraineté israélienne, sans se soucier de ce que pourra être la négociation sur le statut final avec les Palestiniens.

Mais cette position met gravement en péril l’idée même d’un futur Etat palestinien car elle bloque toute contiguïté territoriale entre le nord et le sud de la Cisjordanie, faisant de la Palestine une série de bantoustans dispersés, séparés par les colonies israéliennes et les routes de contournement, et donc un pays sans avenir en tant qu’Etat indépendant et souverain.

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Arbres déracinés dans une ville sans racines.


* Article 49 de la Quatrième Convention de Genève.

Les transferts forcés, en masse ou individuels, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé dans le territoire de la Puissance occupante ou dans celui de tout autre Etat, occupé ou non, sont interdits, quel qu’en soit le motif.

Toutefois, la Puissance occupante pourra procéder à l’évacuation totale ou partielle d’une région occupée déterminée, si la sécurité de la population ou d’impérieuses raisons militaires l’exigent. Les évacuations ne pourront entraîner le déplacement de personnes protégées qu’à l’intérieur du territoire occupé, sauf en cas d’impossibilité matérielle. La population ainsi évacuée sera ramenée dans ses foyers aussitôt que les hostilités dans ce secteur auront pris fin.

La Puissance occupante, en procédant à ces transferts ou à ces évacuations, devra faire en sorte, dans toute la mesure du possible, que les personnes protégées soient accueillies dans des installations convenables, que les déplacements soient effectués dans des conditions satisfaisantes de salubrité, d’hygiène, de sécurité et d’alimentation et que les membres d’une même famille ne soient pas séparés les uns des autres.

La Puissance protectrice sera informée des transferts et évacuations dès qu’ils auront eu lieu.

La Puissance occupante ne pourra retenir les personnes protégées dans une région particulièrement exposée aux dangers de la guerre, sauf si la sécurité de la population ou d’impérieuses raisons militaires l’exigent.

La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle.

Sur le même sujet :

- "Une route ségrégationniste dans une terre déjà divisée" - 15 août 2007 - Steven Erlanger - NYT.

- "Rapport sur Jérusalem-Est" - 2 août 2007 - Confluences Méditerranée.

- "Un tramway français nommé schizophrénie" - 11 avril 2007 - Philippe Rekacewicz et Dominique Vidal - Le Monde diplomatique.

- "A l’ombre du mur - Comment Israël confisque Jérusalem-Est" - 14 mars 2007 - Ph. Rekacewicz et D. Vidal - Le Monde diplomatique.

15 janvier 2008 - Palestine Monitor - Photos : Palestine Monitor - carte : OCHA - traduction : JPP


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