La politique américaine vis à vis de la nouvelle feuille de route consiste à approuver l’épuration ethnique en Palestine.

17 janvier 2007 - Famille de Mohammed Safadi, militant des Comités Populaires de Résistance, en pleurs lors de ses funérailles - Photo : AP/Khalil Hamra

Vers 1951, un historien palestinien écrivit que les Arabes devaient désormais regagner la Palestine tant que la colonisation sioniste de l’Europe de l’Est en Palestine était encore faible. Il disait que cette tâche allait être plus difficile avec le temps. Les soixante dernières années environ ont donné raison à sa prophétie. Le discours de Bush en Palestine l’a confirmé.

Il a en effet apporté la preuve tangible que les Etats-Unis de Bush étaient prêts à bénir le fait accompli qu’Israël avait imposé sur le terrain. Des termes tels que « le vrai Israël » qui n’est même pas défini par l’Etat sioniste, « la sécurité de l’Etat d’Israël » et le dernier en date « la judéité de l’Etat sioniste » constituent maintenant la terminologie qui se traduit politiquement par le consentement du nettoyage ethnique des Palestiniens autochtones.

Les mots de Bush vont dans ce sens. Son discours en Palestine a été un message clair aux Palestiniens que les Etats-Unis d’Amérique sous son administration étaient prêts à sacrifier les intérêts des Américains pour défendre l’occupation sioniste.

Les Arabes trouvent des difficultés à saisir de la sagesse dans le langage de Bush (si sagesse il y a) avec lequel il monte des Arabes contre d’autres Arabes, en les divisant en un camp modéré et un autre radical, et en montant des Palestiniens contre d’autre Palestiniens, des Libanais contre d’autres Libanais, et des Arabes contre l’Iran. Si cette stratégie a été le pain quotidien de l’Etat sioniste depuis son implantation, la question est de savoir quel intérêt ont les Etats-Unis à monter des Arabes contre d’autres Arabes et des Arabes contre l’Iran.

Le paradoxe qui entoure toute cette situation est que cela se passe à une période dans laquelle les Etats-Unis essayent de redorer leur image vis-à-vis des Arabes alors qu’en réalité Bush n’a jamais laissé passé une chance de la ternir encore un peu plus. Ceci doit naturellement soulever la question de savoir pour combien de temps les Américains seraient prêts à tolérer une politique qui non seulement ne joue pas en leur faveur mais qui a plutôt tendance à leur nuire. Combien de temps les Américains accepteront-ils de mettre les intérêts d’Israël avant ceux de leur propre pays, et combien de temps les Américains accepteront-ils d’être manipulés par les pro-sionistes ?

Bush ne jouit d’aucune autorité morale pour demander aux Palestiniens d’oublier la terre de leurs ancêtres, comme l’avait fait Balfour en 1917 quand il avait promis aux sionistes un Etat en Palestine, ce qui a provoqué un cycle de violence qui n’a pas encore pris fin. Avec le même langage de Balfour, Bush a appelé à obstruer la justice internationale en exigeant des Palestiniens qu’ils oublient leur pays et en acceptant les colonies sionistes que l’ONU considère illégales.

Cette politique a placé les Etats-Unis dans une position méprisante non seulement vis-à-vis des Palestiniens, des Arabes et des musulmans mais aussi vis-à-vis de la communauté internationale.

Les Etats-Unis qui furent eux-mêmes un projet colonial ont beaucoup lutté pour libérer leur conscience des atrocités commises dans le passé à l’encontre des Américains indigènes. Les premiers colons dans le Nouveau Monde et en Afrique ont fait des retours sur eux-mêmes importants pour reconnaître les atrocités alors commises contre les peuples indigènes.

Les colons sionistes originaires d’Europe de l’Est font l’exception en Palestine. Non seulement ils n’ont pas reconnu les atrocités du passé et du présent qu’ils avaient commises et commettent contre les Palestiniens indigènes, ils sont allés vers plus d’extrémisme. Ce n’est donc pas surprenant qu’ils se soient alliés à Bush dont la politique a fait des Etats-Unis le pays le moins populaire au monde et il n’y a pas de quoi s’étonner que ce dernier soit bien perçu par les Israéliens. Et pourquoi ne le considéreraient-ils pas ainsi alors qu’ils occupent la Palestine grâce au contribuable américain, et que l’Amérique de Bush part en guerre pour le profit d’Israël ?

L’Etat sioniste considère que la position américaine est une position idéale : des Américains qui financent le projet colonial sioniste, des soldats américains qui meurent dans des guerres qui servent uniquement le projet colonial sioniste, qu’est-ce qu’ils voudraient de plus ? Cependant, si ceci arrange bien Israël, la question qui se pose est : est ce que cette situation arrange les intérêts américains ?

La réponse à cette question doit venir des Américains et notamment des démocrates qui cherchent à donner une meilleure image de leur pays.

La position arabe a toujours été claire. Les Arabes n’ont tout simplement aucune hostilité historique envers les Etats-Unis. La majorité des Arabes apprécieraient une position modérée vis-à-vis des Etats-Unis. Le défi du Parti démocrate qui va probablement diriger les Etats-Unis après Bush sera de choisir entre une politique comme celle de Bush mais à la sauce démocrate ou une rupture avec la politique de Bush et une vision de la région sous un angle différent.

* Dr. Salim Nazzal est un historien palestinien-norvégien spécialisé dans le Moyen-Orient. Il a énormément écrit sur les questions sociales et politiques dans la région. Il peut être contacté sur son courriel : snazzal5@gmail.co

14 janvier 2008 - Amin.org - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Thouraya Ben Youssef