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Le King David de Jérusalem

vendredi 11 janvier 2008 - 08h:18

Olivier Perrin & Serge Dumont - Le Temps

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Résidence préférée des hauts dirigeants étrangers et des célébrités, témoin de l’histoire troublée du Proche-Orient, l’hôtel King David de Jérusalem est transformé dès aujourd’hui en véritable forteresse pour accueillir le président américain George W. Bush.

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Hôtel King David

C’est en 1929 que la famille juive égyptienne des Mosseri décide de construire à Jérusalem un hôtel de luxe en faisant appel aux architectes suisses Emil Vogt et J.P.Hoffschmidt. Lesquels devaient, à l’aide du grès rose des carrières de l’Hébron et d’autres nobles matériaux traditionnels des styles assyrien, hittite et phénicien, évoquer l’ambiance de « la glorieuse période du roi David ». L’hôtel fut ouvert en 1931.

Quartier général des autorités britanniques durant leur mandat sur la Palestine (1920-1948), le King David explosa en bonne partie le 22 juillet 1946, suite à un attentat perpétré par l’Irgoun, organisation armée clandestine juive qui se battait, sous les ordres du futur premier ministre Menahem Begin, pour bouter les Anglais hors de Palestine. Il y eut 91 morts et 45 blessés ce jour-là, ce qui précipita le départ des représentants de Sa Majesté et accéléra la création de l’Etat d’Israël en 1948. Racheté, reconstruit et agrandi en 1957 par la famille Federman, le King David possède aujourd’hui 200 chambres et fait partie de l’association « The leading hotels of the world ».

Le King David reçoit George Bush dans sa suite royale à 2900 francs, qui jouit d’une vue imprenable sur le mur des Lamentations et la mosquée d’Al-Aqsa. Le président aura droit à un peignoir en éponge brodé à son nom et, selon ses v ?ux, à un bol de céréales de blé complet servi avec des fruits à 05h30 précises. Vu la mobilisation de centaines de policiers israéliens et la présence imposante de la garde rapprochée de la Maison-Blanche, le dernier client du King David a quitté les lieux hier soir. Nul n’est autorisé, y compris le personnel de l’hôtel, à s’aventurer alentour durant toute la durée de la visite de George Bush, la première en Israël d’un président américain en exercice depuis dix ans.

Olivier Perrin


Des services de sécurité placés sur pied de guerre

Un quart des effectifs de la police israélienne mobilisé.

Placés sur le pied de guerre depuis une semaine, les services de sécurité israéliens ne cachent pas qu’ils redoutent des provocations émanant de groupuscules d’extrême droite et des organisations de colons hostiles au processus d’Annapolis. Mardi, le leader du mouvement illégal Kach, Itamar Ben Gvir, a été interpellé. Ses militants collaient des affiches montrant George Bush et Ehoud Olmert avec la tête ceinte d’un keffieh, le traditionnel foulard arabe.

Le Shabak (la Sûreté générale israélienne) et le service de renseignement de la police nationale ne cachent en tout cas pas qu’ils redoutent l’action de quelques fanatiques prêts à se jeter sous le cortège de voitures transportant le président américain.

Placée en état d’alerte maximal depuis une semaine, la police israélienne a supprimé tous les congés et rappelé les malades. En tout, 7000 personnes (le quart des effectifs) sont mobilisées pour cloisonner Jérusalem et pour boucler les quartiers où le chef de la Maison-Blanche circulera. Les routes et autoroutes seront bouclées plusieurs heures à l’avance. Quant aux habitations des rues jouxtant l’hôtel King David, le palace où résideront le président américain et les membres de sa suite, elles sont hermétiquement closes depuis plusieurs jours.

A Jérusalem, où les partisans du « Grand Israël » sont nombreux, des dizaines d’organisations favorables à la poursuite de la colonisation appellent pourtant leurs sympathisants à descendre dans la rue. Les premières démonstrations ont débuté mardi en présence du leader de l’opposition, Benyamin Netanyahou. Elles se poursuivront aujourd’hui par une chaîne humaine « contre le terrorisme palestinien », par la création de plusieurs colonies sauvages en Cisjordanie, ainsi que par des prières collectives devant le mur des Lamentations. « Créons de nouvelles communautés en Judée-Samarie (ndlr : la Cisjordanie). Non aux pressions internationales », proclament des panneaux affichés aux balcons de nombreuses maisons de Jérusalem.

Mobilisation à Ramallah

Selon les responsables des mouvements, ces actions se poursuivront jusqu’au départ de George Bush vendredi. « Des opérations plus violentes ne sont pas exclues », disent-ils.

Dans le cadre de sa tournée, le président américain se rendra également jeudi à Ramallah où il sera reçu par le président Mahmoud Abbas. Cette visite fait également monter la tension en Cisjordanie où les services de sécurité palestiniens multiplient les opérations « coup de poing » dans les milieux islamistes. Des dizaines de sympathisants du Hamas ont été arrêtés et plusieurs caches d’armes découvertes. L’Autorité palestinienne veut ainsi démontrer sa capacité à maintenir l’ordre en Cisjordanie malgré ce qu’en disent les Israéliens. Elle sait également qu’une opération contre Bush menée par des Palestiniens discréditerait définitivement le raïs Abbas sur la scène internationale.

Serge Dumont

Olivier Perrin & Serge Dumont - Le Temps, le 9 janvier 2007


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