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Liban : Et de 9 !

jeudi 20 décembre 2007 - 05h:53

Rania Adel - Al Ahram Hebdo

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Les divergences entre la majorité parlementaire anti-syrienne et l’opposition sont telles que la séance pour l’élection présidentielle a été une nouvelle fois reportée au 22 décembre.

Ce n’était pas une surprise vu l’ampleur des divergences opposant majorité et opposition. Il semble donc que les appels diplomatiques étaient insuffisants pour faire fléchir les Libanais et les inciter à trouver une solution à l’élection présidentielle. Bien que la session de lundi eut été présentée par le président français Nicolas Sarkozy comme « la dernière chance », une expression qui aurait dû précipiter les Libanais vers un compromis, le fossé était encore très grand. L’incertitude a dominé vu le blocage persistant entre les camps rivaux.

Alors que le Liban est sans chef de l’Etat depuis la fin du mandat du pro-syrien Emile Lahoud, le 24 novembre, les informations émanant des milieux politiques ou relayées par la presse étaient lundi très contradictoires. Pour la majorité, « des juristes sont parvenus à une formule qui pourrait aboutir à l’élection du chef de l’armée Michel Sleimane », qui fait figure de candidat consensuel, a déclaré à l’AFP le ministre des Télécommunications et député de la majorité Marwan Hamadé.

Mais du côté de l’opposition, on restait pessimiste. « Rien n’a changé et il n’y a toujours pas d’accord », a déclaré à l’AFP Simon Abi Ramia, conseiller d’un des piliers de l’opposition, le chrétien Michel Aoun.

Si le général Sleimane est un candidat de consensus aux yeux des camps rivaux, les divergences portaient sur le mécanisme d’amendement de la Constitution et la formation du futur gouvernement. L’amendement est une condition sine qua non pour élire le chef de l’armée, la Constitution interdisant aux hauts fonctionnaires d’être élus à la magistrature suprême s’ils ne démissionnent pas deux ans avant l’élection. D’où le cercle vicieux dans lequel tournaient opposition et majorité. « Nous voulons que le consensus sur le président fasse partie d’un ensemble (...) Il faut aussi qu’il y ait (un accord) sur le gouvernement qui doit représenter toutes les parties et les confessions », a indiqué vendredi un dirigeant du Hezbollah, Naïm Qassem.

Preuve de divergence, beaucoup avaient prédit l’impossibilité de régler ce problème avant mars prochain. « Je ne pense pas qu’il y aura élection avant les fêtes » de Noël, de l’Aïd Al-Adha et de fin d’année, a déclaré à l’AFP Moustapha Allouche, député du bloc du Futur, présidé par le chef de la majorité parlementaire anti-syrienne Saad Hariri.

Selon la loi fondamentale libanaise, le Parlement ne peut proposer un amendement de la Constitution que s’il est en session ordinaire, ou s’il est convoqué pour une session extraordinaire par le président de la République. « Or, comme il n’y a pas de président et que c’est le gouvernement qui est désormais investi des pouvoirs exécutifs, la session extraordinaire ne peut être convoquée car l’opposition ne reconnaît pas ce gouvernement », a affirmé M. Allouche qui n’a pas manqué d’accuser Michel Aoun, également candidat à la présidence, de vouloir saboter le processus « car il considère que ce poste lui revient ».

La séance de lundi était précédée d’un véritable ballet diplomatique, mais qui n’a mené à rien. Au terme d’une visite de 24 heures, le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, David Welch, a insisté sur « la nécessité de tenir l’élection présidentielle », lors d’une rencontre avec le chef de l’armée Michel Sleimane, le candidat consensuel aux yeux de la majorité anti-syrienne et l’opposition appuyée par Damas et Téhéran.

Bien avant lui, le président français Nicolas Sarkozy avait appelé « toutes les parties » à aider ce pays à « se doter d’un président ». « Ceux qui prendraient le risque de tuer cette chance se couperont définitivement d’un certain nombre de pays, au premier rang desquels la France », a averti le président français. Les efforts de la France, qui a préféré le contact direct avec le régime syrien pour dénouer la crise au Liban, sont accusés par des députés de la majorité anti-syrienne et des experts d’avoir ravivé l’influence de la Syrie chez son petit voisin sur lequel elle a longtemps exercé une tutelle politique et militaire.


Du même auteur :

- Annapolis : des engagements fictifs
- Conférence de novembre : un échec annoncé
- Sur la corde raide

Rania Adel - Al Ahram Hebdo, n° 693, Semaine du 19 au 25 décembre 2007


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