Olmert, pour commencer.

Le lendemain de l’exhibition théâtrale d’Annapolis, le Premier ministre israélien donnait une interview révélatrice à Ha’aretz, dans laquelle il reconnaissait sans aucune équivoque l’apartheid d’Israël comme naturel :

« Si un jour, la solution à deux Etats s’avère impossible et que nous nous retrouvons face à un combat du style de celui de l’Afrique du Sud pour l’égalité des droits de vote (donc y compris pour les Palestiniens dans les Territoires), alors, aussitôt, ce sera la fin de l’Etat d’Israël. »

Parce que le ciel interdit qu’Israël ait à se confronter à CE combat. Egalité des droits de vote ? Pfff !... Pourquoi faire face à un combat pour l’égalité du droit de vote quand vous pouvez combattre avec des Merkavas(*) et des F-16 ? quand, pendant des décennies, vous avez pu maintenir l’occupation d’une terre, d’un peuple et de ses ressources, et la masquer derrière un appel vide de sens et irréalisable pour deux Etats (voir aussi ses propos d’aujourd’hui : pas de calendrier ferme pour les négociations de paix, cela après Annapolis !) ?

Sa déclaration, du même genre que celle qu’il a faite en 2003 (à l’époque, il avait des frissons rien qu’à penser que les organisations juives de la gauche radicale qui avaient pris sur leurs épaules d’assurer le combat contre l’apartheid d’Afrique du Sud sont capables de mener le même combat contre Israël), sa déclaration est essentiellement une reconnaissance non seulement du caractère indéfendable (et inique) de la solution dite à deux Etats - et de ce qu’elle entraîne (notamment le maintien d’une majorité juive aux dépens de la population palestinienne quel qu’en soit le coût, autrement dit, la purification ethnique) -, mais encore celui, inévitable, de la solution à un seul Etat.

Ce qui n’est PAS clair pour moi, c’est juste pourquoi il n’y eut pas plus de médias à s’emparer de cette déclaration stupéfiante. Mais peut-être est-ce plus facile de laisser en suspens la réalité pour un moment - un long moment - au bénéfice d’une fiction plus facile à digérer (enfin, plus facile pour certaines personnes). Une fiction de celles qui sont à l’eau de rose.

* char d’assaut israélien.


Sur le sujet (notamment) :

 "L’État d’Israël va-t-il bientôt disparaître ?" - 2 décembre 2007 - Mauro Manno.


Laila El-Haddad est une journaliste free-lance qui vit dans la ville de Gaza. Elle a appelé son blog Raising Yousuf en reprenant le prénom de son fils âgé de deux ans.

Du même auteur :

 "Annapolis, vue de Gaza" - 24 novembre 2007.

2 décembre 2007 - Article publié sur le blog de l’auteur - traduction : JPP