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Les saisons de Gaza

samedi 8 décembre 2007 - 03h:36

Rafah Today

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Cette année, les autorités israéliennes ont interdit l’exportation des fleurs vers l’Europe, alors, à la place, ces fleurs, dont on s’est si bien occupé, servent de fourrage pour les bêtes.

Des fleurs gaspillées, jetées dans les rues et reléguées à servir de nourriture pour les chameaux, les vaches et les moutons, voilà des scènes qu’on n’est pas prêts d’oublier. Normalement, ces fleurs devraient être en ce moment sur les marchés, dans les aéroports, les gares, partout où prospèrent les vendeurs de fleurs d’Amsterdam et de nombreuses autres capitales européennes. Cette année, les autorités israéliennes n’ont pas laissé sortir les fleurs en pot de la bande de Gaza, isolée et mise en cage. Alors, à la place, ces fleurs, dont on s’est si bien occupé, servent de fourrage pour les bêtes.

« Cela me fait mal de voir tout le travail d’une année anéanti, mes projets réduits à néant » dit l’un des fermiers tout en nourrissant son chameau avec ses fleurs. « Toute l’année, j’ai attendu qu’arrive cette saison et, en prévision des ventes sur lesquelles je comptais, j’ai dépensé des milliers de dollars en eau, en semences, en plantations et en entretien des fleurs », et il ajoute : « Israël a fermé toutes les frontières avec Gaza. Maintenant, Israël ne veut même plus que nous exportions les fleurs vers l’Europe, pas plus que les fraises. »

Une source essentielle des revenus pour les citoyens de Gaza provient de ces exportations de fleurs et de fraises. Cette année, à cause de la fermeture des frontières et de l’impossibilité d’exporter les marchandises, les fermiers ont décidé de manifester près du bureau des Nations unies, jetant leurs précieuses fleurs à travers les rues. Ce qui a resté, ils l’ont donné à leurs bêtes. « C’est un message que nous adressons au monde : regardez-nous, nous souffrons. Nous travaillons toute une année et à la fin, nous perdons notre argent et nous nous trouvons endettés, sans perspective d’en sortir » dit un fermier désespéré.

Période de pèlerinages

Des centaines de musulmans palestiniens en robe blanche ont organisé une manifestation au passage fermé de Rafah, sur la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte, pour demander l’ouverture des frontières et pouvoir faire le pèlerinage annuel à La Mecque, en Arabie saoudite.

Le poste frontalier de Rafah a été fermé la plupart du temps depuis juin, suite à la prise de pouvoir du Hamas sur Gaza. Antérieurement, il était ouvert au moins pour certaines circonstances. Maintenant, il reste longtemps bouclé par Israël qui ne l’ouvre même pas pour les situations d’urgence, à plus forte raison pour les besoins quotidiens. Les grands malades qui ont besoin d’être opérés ou soignés ne sont pas autorisés à traverser, ni les étudiants pour l’étranger, ni les gens qui ont besoin de se réunir en famille.

« Nous T’obéissons, Dieu, Toi, le seul Dieu », scandent les manifestants palestiniens, chant des musulmans lors du pèlerinage annuel vers la ville sainte de La Mecque. « Nous partons te vénérer, Dieu et nous ne serons pas arrêtés. » dit l’un des manifestants.

Selon les règles du pèlerinage d’Arabie saoudite, Gaza doit envoyer 2 200 musulmans en pèlerinage. Ils sont censés partir par le poste de Rafah, mais comme la frontière est fermée, d’après des rumeurs non confirmées, c’est le gouvernement basé à Ramallah qui arrangera un passage au poste d’Erez, dans le nord, et ensuite, vers la Jordanie.

Le rituel de 5 jours du pèlerinage commence plus tard, en décembre, mais selon l’enseignement musulman, les pèlerins pour La Mecque venant des pays musulmans doivent arriver en avance en Arabie saoudite. Pour la bande de Gaza coupée du monde, cela n’apparaît pas possible quand, même pour une circonstance sainte, la population se voit refuser le passage. Gaza est toujours considérée par Israël comme une « entité ennemie ».

Mariage et violence

Belal Barhoum, un jeune homme de Rafah, s’est marié la semaine dernière. La cérémonie de son mariage a commencé juste à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza, près de ce mur métallique qui sépare Gaza de la Cisjordanie. Barhoum se tenait du côté de Gaza, sa mère et son père l’écoutant alors qu’ils étaient de l’autre côté de la barrière, coincés du côté Egyptien. Tenant à serrer la main de son fils, son père s’est rapproché de la barrière mais fut blessé au visage par le tranchant de barres de fer électrifiées. Frontière fermée et pris au piège, cela signifie pour les parents qu’ils vont manquer le jour important du mariage de leur fils.

Le jeune marié : « Je suis si triste de voir que mes parents sont à quelques mètres et qu’ils ne peuvent pas venir à mes côtés ». « Cela fait mal de voir qu’un mur nous sépare de cette façon. J’espérais qu’ils pourraient être présents à mon mariage » ajoute-t-il.

De nouvelles souffrances qui durent

De nombreux Palestiniens ont été tués ces derniers jours, beaucoup ont été blessés lors de deux attaques aériennes israéliennes, la dernière tuant 6 membres du Hamas et deux officiers de la Marine sur leur base, près de la plage de Khan Younis, au sud de Gaza. Ceci porte à 21 le nombre de personnes tuées la semaine passée, beaucoup sont des membres du Hamas. Dans le même temps, Israël réduit la fourniture de carburant pour Gaza, projetant également de couper celle d’électricité.

Prétendument pour répondre aux lancements de roquettes artisanales Qassam sur Israël, celui-ci parle de lancer une vaste offensive terrestre contre la bande de Gaza qui a une population de 1,4 million de civils. Mais cela fait partie d’une guerre psychologique en cours, et sur le long terme, avec des attaques israéliennes par air, terre et mer à un rythme quotidien, les Gazans se faisant tuer ou blesser gravement, chaque jour.

Pendant ce temps, à la conférence d’Annapolis, le président palestinien Abbas, le Premier ministre israélien Olmert et le président américain Bush se serrent la main, se font des sourires et prononcent à nouveau des mots de paix. Annapolis est loin d’ici, alors que les F16 israéliens survolent la bande de Gaza, que les civils en permanence terrifiés se demandant quand arrivera la prochaine attaque.

4 décembre 2007 - Rafah Today - traduction : JPP


La mort lente à Gaza

Poème de Ziad Medoukh

Tout est devenu triste à Gaza
Tout est devenu dur à Gaza
Tout est devenu difficile à Gaza
Tout est devenu catastrophique à Gaza

Visages très pâles
Yeux noyés par des larmes
Sourires absents des lèvres
Enfants qui perdent leur innocence.

Pas de perspectives
Pas de sécurité
Pas d’avenir
Pas de paix

Seulement la souffrance
L’isolement
Et la mort lente à Gaza
Qui attend ses habitants.

Gaza souffre plus ces jours-ci
Attaques permanentes
Blocus et embargo
Economie effondrée
Unité nationale absente
Malades qui meurent.

Gaza, ville morte, ville martyre
Gaza, ville oubliée, ville abandonnée
Ville isolée, ville touchée
Gaza, ville choquée, ville assiégée.

Gaza pleure ses martyrs
Malades voués à une mort lente
Victimes des fermetures et du blocus
Surtout de l’injustice

Gaza est devenue comme une plume
Retirée d’un pigeon égorgé
Comme un ciel plein de nuages
Et personne essaye de soulager
Sa douleur atroce
Personne veut la sauver
De son avenir sombre.

Le temps d’injustice est loin d’être fini
Dans ce monde d’intérêts
Un monde qui a oublié
Gaza la Méditerranée, Gaza la résistance
Il a oublié le parfum de sa terre
Ses oliviers et ses mûriers
Ses poteries artisanales

A Gaza, nous avons perdu tout
Il ne reste qu’un mot : espoir
Nous sommes capables de cultiver
Cet espoir.

Publié sur : Nouvelles de Gaza

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1 - Un jeune Palestinien porte un drapeau pendant une manifestation contre la fermeture du poste de Rafah.
2 - Un fermier palestinien de Rafah nourrit son chameau avec des œillets rouges, n’ayant pu les exporter vers l’Europe.
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1 - Après une attaque aérienne israélienne sur Gaza.
2 - Un officier palestinien montre des éclats de missiles israéliens tombés sur la base navale à Khan Younès.
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1 - Des femmes palestiniennes manifestent contre le siege israélien contre Gaza.
2 - Une fillette brandit la photo de son papa prisonnier des Israéliens, lors d’une manifestation pour la libérations des prisonniers.


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