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Les Palestiniens manifestent contre la réunion d’Annapolis

vendredi 30 novembre 2007 - 23h:03

Rami Almeghari - The Electronic Intifada

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« Nous ne voulons plus de fausses conférences de paix qui ne nous apportent que plus de souffrance. Nous préférons la misère à une paix honteuse. »

« Nous ne nous reconnaissons pas dans ceux qui participent à des entretiens à Annapolis ; ils ne représentent pas les Palestiniens, » a déclaré Ismail Haniyeh, le premier ministre palestinien limogé, en réponse au sommet palestino-israélien d’Annapolis tenu sous les auspices de Washington.

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Manifestation à Gaza le 27 novembre - Photo : Iyad Albaba

Les rues en Palestine témoignent que ce n’est pas uniquement le dirigeant du Hamas qui n’accorde pas de légitimité à l’équipe de négociateurs palestiniens à la conférence d’Annapolis. Le mardi 27 novembre une large foule de Palestiniens dans Gaza est sortie de ses maisons - de même que leurs frères et soeurs de Cisjordanie - pour protester contre ce qu’ils appellent « le renoncement aux droits légitimes des Palestiniens. » Ceux qui critiquent la conférence ont participé à de grandes manifestations et de larges rassemblements dans le territoire côtier, exprimant leurs fortes objections par rapport à la réunion d’Annapolis.

« Non à la reconnaissance d’Israël ! Non à la reconnaissance d’Israël ! » ont crié des milliers de manifestants devant le bâtiment du Conseil Législatif Palestinien (CLP) dans la ville de Gaza.

Une jeune femme participant à un grand rassemblement féminin pleurait de colère : « Nous ne voulons plus de fausses conférences de paix qui ne nous apportent que plus de souffrance. Nous préférons la misère à une paix honteuse. »

Un jeune homme dans un rassemblement voisin exprimait de pareils sentiments : « De quelle paix sont-ils en train de parler ? Ils veulent que nous abandonnions nos droits légitimes. Nous préférons encore plus d’années à souffrir que l’abandon de nos droits. »

Le porte-parole du Conseil Législatif, le docteur Ahmad Bahar, a déclaré devant la foule : « Aujourd’hui, les Palestiniens disent à ceux qui sont à la réunion d’Annapolis qu’ils refusent de céder sur les droits que personne ne peut leur retirer. »

Bahar a indiqué aussi que le Conseil Législatif avait voté une nouvelle loi interdisant l’abandon du droit au retour des réfugiés palestiniens aussi bien que celui de la nation palestinienne sur Jérusalem et le droit de résister à l’occupation.

« Cette loi est faite pour protéger les droits palestiniens contre ceux qui font leur arrangements avec l’entité israélienne, » a ajouté l’orateur, faisant référence au gouvernement non élu du président Abbas qui participe à des entretiens avec Israël.

Beaucoup d’organisations palestiniennes dont le Hamas, le Jihad islamique, des partis ou intellectuels liés à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), ont fait connaître leur opposition à la tenue du sommet d’Annapolis.

Le docteur As’ad Abu Sharekh, professeur de littérature anglaise et analyste politique dans Gaza, estime que les efforts en cours ne mèneront pas à une véritable paix.

« Cette conférence devrait être organisée par les Nations Unies qui ont suivi la question palestinienne durant les six dernières décennies. Les Nations Unies sont l’organisation qui devrait mettre en application ses résolutions depuis longtemps en attente concernant le conflit israélo-palestinien. »

« La résolution 194 votée en 1949 qui exige le retour vers la Palestine historique ainsi que des compensations pour les réfugiés palestiniens devrait être en tête de toutes les résolutions » a-t-il ajouté.

L’universitaire palestinien pense que la solution se situe dans la création d’un état palestinien sur toute la Palestine historique, incluant des Palestiniens et des Juifs israéliens.

« Ces protestations contre le sommet d’Annapolis doivent renforcer l’équipe palestinienne qui négocie. Elles envoient un message repris par tous les Palestiniens : pas de renoncement aux droits légitimes des Palestiniens, » explique encore Abu Sharekh.

Le Président palestinien Mahmoud Abbas représente l’OLP et participe à cette réunion aux Etats-Unis à un moment où les territoires palestiniens sont divisés - géographiquement et politiquement - entre deux camps : le mouvement du Fatah d’Abbas qui cherche à contrôler la Cisjordanie et le Hamas qui tient sous son emprise la bande de Gaza.

Les forces palestiniennes de sécurité [liées au Fatah - N.d.T] en Cisjordanie ont hier dispersé des rassemblements de protestation contre la conférence pour la paix en usant de la violence contre des manifestants et des journalistes - un manifestant a été tué dans Hébron et des dizaines d’autres ont été blessés sur l’ensemble de la Cisjordanie.

Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres endroits dans la région, des réfugiés palestiniens dans les pays arabes voisins et dans la Diaspora exprimant leur exigence du droit au retour vers la Palestine historique et leur refus de toute solution qui pourrait menacer ce droit.

La réunion d’Annapolis se tient après une récente demande israélienne que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un état exclusivement juif, ce qui signifierait l’abandon du droit au retour pour les réfugiés et exposerait les citoyens palestiniens de l’état israélien à davantage de discrimination et à une possible expulsion.

Avant la conférence, Washington a déclaré que la réunion d’Annapolis avait pour objectif de remettre en marche le processus israélo-palestinien pour la paix, sur la base d’une solution à deux états.

L’OLP a déjà reconnu et signé les accords de paix d’Oslo avec Israël en 1993, accords réduits en pièces après qu’Israël les ait violés en doublant, entre autres choses, le nombre de colons vivant dans ses colonies illégales en Cisjordanie et dans la bande de Gaza sous occupation.

En l’an 2000, Washington a organisé des négociations de paix à Camp David , lesquelles n’ont pas abouti après qu’Israël ait refusé de reconnaître le droit au retour des Palestiniens et n’ait ni abandonné ses principales colonies ni évacué Jérusalem-est qui est sous occupation depuis 1967.

Selon la résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies votée en 1949, Israël doit permettre aux réfugiés palestiniens qui ont été expulsés ou qui se sont enfuis de leurs maisons et villages pendant la création de l’état d’Israël, de retourner dans leurs lieux d’habitation d’origine et de recevoir une compensation. Les données fournies par les Nations Unies mentionnent qu’il y a presque cinq millions de Palestiniens réfugiés dispersés dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), en Jordanie , en Syrie et au Liban.

En 1967, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a publié la résolution 242 exigeant qu’Israël se retire des terres arabes qu’il a occupées en juin 1967, ce qui comprend la bande de Gaza, la Cisjordanie (Jérusalem-est en faisant partie) et les hauteurs du Golan en Syrie.

Israël maintient une poigne de fer sur les Territoires Palestiniens. Des colonies exclusivement juives ont été installées sur l’ensemble de la Cisjordanie, laquelle a vu encore plus de terres annexées par Israël avec la construction de la barrière qui intègre autant de colonies et autant de terre palestinienne du côté occidental du mur [d’Apartheid] tout en incorporant aussi peu de Palestiniens que possible.

Et durant ce temps, dans Gaza, la population endure, sous l’approbation des Etats-Unis, un siège économique qui la paralyse, comme elle endure régulièrement des bombardements et des incursions militaires israéliennes.

* Rami Almeghari contribue actuellement à différentes publications dans les medias, dont la Chronique de Palestine, aljazeerah.info, IMEMC, les news de Radio Paroles libres et de l’Intifada Électronique. Rami est aussi un traducteur en anglais confirmé, il est rédacteur en chef du centre de presse international du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. On peut le contacter à rami_almeghari@hotmail.com.

Du même auteur :

- Planter les graines de l’indépendance
- Etre handicapée à Gaza et se donner les moyens de son autonomie
- Comment vais-je pouvoir m’occuper de mes enfants ?

28 November 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : IAO - Info-Palestine.net]


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