Apparemment, les faits mettent le président américain George Bush dans la situation d’organiser la cuisine d’Annapolis selon son goût parce que les désaccords entre les deux parties portent sur les priorités comme sur les détails.

Hafez Al-Barghouthi

Le président américain, en organisant les invitations à la conférence, sera obligé de mettre dans l’assiette de chaque invité ce qu’il attend : la Syrie trouvera la question du Golan, le Liban les questions liées à Israël ; nous, nous y trouverons notre cause et ce qui en découle ; les autres pays arabes un soutien dans les discussions ultérieures et l’engagement à ce que la bienveillance envers Israël se mesure selon l’avenir et non le passé, Israël n’ayant pas répondu aux propositions de l’initiative de paix arabe ni présenté de plan préparatoire au règlement du conflit.

En réalité les Israéliens s’en tiennent au préambule de la feuille de route : le gel de la colonisation et l’interdiction des colonies sauvages, sans que soit réglée la question : qui veillera à son application ? avec quelle instance de contrôle ?

A Annapolis, l’administration américaine devra répondre à de nombreuses interrogations et satisfaire les Arabes sans susciter la colère d’Israël, elle qui, depuis le début, veille à ne pas mécontenter Israël ; soumise à des pressions, elle est ouverte à la position israélienne qu’elle avale et qu’elle essaie autant que possible de faire avaler aux Palestiniens.

Mais les Palestiniens n’ont pas avalé le moindre plat, parce qu’Israël leur présente des amuse-gueule dans l’espoir qu’ils ne réclameront pas le plat de résistance ; Israël relâche des prisonniers et annonce le gel de la colonisation pour que les Palestiniens ne réclament pas de détails sur le règlement final.

De toute façon, nous ne serons pas déçus : Israël, qui veut tout à la fois, se livrera pendant le sommet à une danse de la paix, n’essayant pas d’apporter la moindre lueur d’un règlement définitif et d’entrer au c ?ur des questions brûlantes qu’elle s’emploiera à différer avec des amuse-gueule, impuissants à rassasier ou à calmer la faim .

Paix ou pas, les Palestiniens n’attendront pas des décennies, ni même quelques années parce que la situation est devenue insupportable. Dans la région, tout reste possible et les premiers à payer le prix des bouleversements seront les Américains parce que les voilà maintenant au pied du mur.

20 novembre 2007 - Al Hayat - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction de l’arabe : Anne-Marie