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La gauche radicale britannique pour une solution à un Etat

lundi 26 novembre 2007 - 06h:16

Assaf Uni - Ha’aretz

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Plus de dix ans après que la droite israélienne ait renoncé sur le fond à sa visée d’un Grand Israël, la gauche radicale, en Israël et en Grande-Bretagne, en est venue à approuver cette idée, quoique avec quelques modifications essentielles.

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Des Londoniens manifestent contre la politique israélienne dans les territoires palestiniens (archives Ha’aretz).

Dimanche, à Londres, s’est close une conférence sur la solution dite à un seul Etat au conflit israélo-palestinien. Pendant que des groupes partisans d’Israël accusaient les organisateurs d’avoir orchestré une provocation afin de porter un coup à l’image d’Israël, des universitaires d’Israël et de l’Autorité palestinienne débattaient des scénarios possibles pour la formation d’un Etat unique allant de la Méditerranée au fleuve du Jourdain, et peut-être même plus loin à l’est.

La conférence qui a attiré de nombreux universitaires, ainsi que des militants locaux des associations de solidarité avec les Palestiniens, des étudiants et des militants arabes, était sans doute la dernière d’une série d’initiatives qui ont donné à Londres son image de capitale européenne la plus antisioniste.

De fait, l’attitude de la gauche britannique envers Israël s’est caractérisée par des mandats d’arrêt lancés contre des officiers des Forces de défense d’Israël, des boycotts des produits israéliens initiés par différents syndicats, des condamnations d’Israël en tant qu’Etat d’apartheid portées par des Eglises, et il y a peu, par l’initiative de boycott universitaire.

La plus récente manifestation, qui dura de deux jours à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS), à l’université de Londres, a attiré pas moins de 300 personnes. Les participants ont débattu de l’instauration soit d’un Etat binational, soit d’un « Etat de tous ses citoyens », soit encore d’une démocratie laïque qui comprendrait l’ensemble de la population relevant de l’Autorité palestinienne, plus tous les réfugiés palestiniens.

Ils ont également nourri l’idée d’une confédération israélo-palestinienne et d’autres solutions originales.
Parmi les invités les plus connus, on comptait le militant pour les droits civils palestiniens, Omar Barghouti, l’historien israélien Ilan Pappe et l’un des initiateurs du boycott universitaire, le professeur Haim Bereshit. Les participants ont discuté du statut qu’auraient les Palestiniens et les Israéliens dans un Etat alors unifié, se fondant sur des précédents historiques comme l’Afrique du Sud et l’Irlande du Nord.

La conférence était organisée par le groupe « Un Etat », de Londres, une association d’environ une dizaine d’étudiants israéliens, palestiniens et juifs, qui étudient ou ont étudié à Londres. Le financement, disent-ils, a été assuré par la vente des billets.

A côté de propos modérés sur la théorie politique, le public a pu entendre des opinions radicales sur Israël qui a été régulièrement présenté comme une « puissance colonialiste » et un « Etat d’apartheid ».

Dans cette petite salle de conférence, le mot « sionisme » n’était pas simplement un mot grossier, mais une expression immorale, d’une cruauté inexcusable. « Je ne crois pas au mensonge juif » a déclaré un représentant du monde arabe.
Yonni Eshpar, un jeune graphiste concepteur de Tel Aviv, l’un des initiateurs de la conférence, a dit de son côté qu’il participait parce qu’ « Israël est un pays de discriminations et raciste et je m’intéresse à l’avenir des mes enfants ». Le principal objectif du groupe, dit Eshpar, était de lancer un débat sur l’option pour un Etat unique.

Expliquant pourquoi il avait voulu inclure les résidents de l’Autorité palestinienne dans sa proposition pour « un Etat de tous ses citoyens », Eshpar précise : « Ce sont les citoyens de cette terre. Ils étaient là avant nous. En outre, le système Etat-nation a rempli son rôle historique à travers le monde, de Singapour à Israël en passant par le Danemark. »

Des groupes pro-israéliens présents disent que cette initiative ne doit pas être prise au sérieux. « Nos sondages internes ont montré qu’une majorité du peuple britannique approuvait la Déclaration Balfour et l’existence d’un Etat juif » dit Lorna Fizsimons, directrice générale de l’organisation pro-israélienne BICOM, centre de communications et de recherches Grande-Bretagne/Israël.

Selon Fitzsimons, l’initiative pour un Etat, qui a récemment gagné en popularité dans les milieux universitaires, ne doit pas être associée avec le boycott universitaire des institutions d’enseignement israéliennes.

« Comment comptez-vous vous opposer aux crimes que les Israéliens commettent dans les territoires occupés ? » demande une étudiante palestinienne aux invités à la tribune, au soir du premier jour de conférence. « Les chefs militaires israéliens seront-ils traduits en justice pour crimes de guerre ? Des comités pour la vérité et la réconciliation vont-ils être formés ? »

C’est alors qu’un étudiant israélien fait remarquer : « Excusez-moi, mais vous parlez comme l’extrême droite en Israël. Les Israéliens n’ont-ils pas droit à l’autodétermination ? Les Israéliens ne comprennent-ils donc que la force ? Ce genre de débat ne fait qu’entraver tout avancée, car on ne parvient pas à y reconnaître l’autre côté. »

Sur les initiatives en Grande-Bretagne :

- "La réalité d’un seul Etat" - 16 novembre 2007 - Ben White - The Electronic Intifada.

Sur la solution pour un Etat unique, voir notamment :

- "Un ou deux Etats pour Israël et la Palestine ?" - 22 août 2007- Débat entre Ilan Pappe et Uri Avnery.
- "Le mirage de la solution à deux Etats" - 5 juin 2007 - George Bisharat - San Fransisco Chronicle.
- "Deux Etats, palestinien et israélien : une solution chaque jour plus improbable" - 2 mars 2007 - Khalid Amayreh - Palestine Times.

21 novembre 2007 - Article publié initialement sur Ha’aretz
Source : Kibush - Traduction : JPP


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