Dans un contexte de forte activité diplomatique fixée sur la conférence sur le Moyen-Orient qui a lieu aux Etats-Unis la semaine prochaine, le mouvement palestinien du Hamas a dénoncé la conférence comme allant à l’échec.

Manifestation du Hamas à Gaza - Photo : Al Jazeera

Le Hamas, qui n’a pas été invité aux entretiens d’Annapolis, a fait savoir que Mahmoud Abbas, le président palestinien, n’a obtenu aucun droit de négocier au nom de tous les Palestiniens.

Mahmoud Al-Zahar, l’ancien ministre des affaires étrangères palestinien et qui appartient au Hamas, a déclaré à Al Jazeera que rien de positif ne sortirait des entretiens.

Il a remis en cause la sincérité des Etats-Unis, disant qu’après avoir laissé de côte le conflit du Moyen-Orient pendant sept ans, l’administration Bush essayait maintenant « de donner l’impression que quelque chose peut être conclu par une telle réunion... au dernier moment ».

Mushir Al-Masri, un député du mouvement Hamas, a indiqué que la délégation palestinienne allant à Annapolis « ne tient pas compte du consensus national, agit sans mandat du peuple [palestinien] et n’a aucune légitimité ».

Un autre député du Hamas, Salah Al-Bardawil, a indiqué de son côté qu’Abbas n’a eu aucun droit d’être en pourparlers avec les Israéliens ou de faire quelque concession que ce soit sans le soutien du Hamas.

« Abu Mazen [Abbas] a-t-il le droit de faire des concessions ? Non, car celles exigées par l’Israel sont immenses, comme renoncer au droit au retour des réfugiés ou le démantèlement des colonies. »

« Aller à cette conférence tandis alors les Palestiniens sont divisés et sans consensus politique national aura comme conséquence l’échec de l’équipe palestinienne et un recul pour notre cause, » a-t-il encore déclaré.

Incertitude saoudienne et syrienne

Le refus du Hamas des entretiens survient comme la secrétaire d’état américain a énoncé que Washington essayerait de parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens avant la fin du mandat de George Bush en janvier 2009.

Condoleezza Rice a indiqué que les deux côtés s’étaient engagés à travailler ensemble pour une solution à deux états, mais elle a prévenu qu’il n’y avait aucune garantie de succès.

Les Etats-Unisont envoyé 49 invitations pour les entretiens du 27 novembre, incluant Israël, Abbas, et d’autres responsables Arabes.

L’Egypte et la Jordanie ont fait savoir qu’elles seront présentes mais il est difficile de savoir si l’Arabie Saoudite va participer à la réunion, et la Syrie semble peu susceptible d’envoyer un éventuel représentant de rang élevé.

« Ils [les Syriens] ont indiqué à beaucoup de ministres des affaires étrangères... qu’ils ne participeront pas si la question des hauteurs du Golan n’est pas à l’ordre du jour de la conférence, » a dit à Al Jazeera le journaliste syrien Ziad Haider.

Les hauteurs du mont Golan est un territoire syrien occupé par Israël.

La ligue arabe doit se réunir au Caire ce vendredi pour décider de sa politique pour le sommet d’Annapolis.

Ecran de fumée

Khaled Meshaal, le responsable politique du Hamas exilé à Damas, a indiqué que la conférence d’Annapolis est organisée par George Bush, le président américain, pour masquer ses plans d’agression dans la région.

« Le président Bush a lancé la feuille de route il y a cinq ans en préparation de l’invasion de l’Irak, » a déclaré Meshaal dans une entrevue avec la BBC, se rapportant à une initiative internationale de paix lancée en 2003 mais qui est restée en sommeil.

« Et aujourd’hui il prétend vouloir faire la paix en Palestine en préparation à une attaque contre l’Iran, » a ajouté Meshaal. « C’est une combine américaine. Les Palestiniens et les peuples arabes se rendent compte de ce qu’il en est et savent qu’il n’est pas sérieux. »

Il a déclaré également que tenir une conférence sans signification « fera exploser la région en provoquant la colère populaire ».

Marwan Bishara, le principal analyste politique d’Al Jazeera, a indiqué qu’avec l’engagement américain en Irak, en Afghanistan et la prétendue guerre contre le terrorisme, la conférence d’Annapolis prenait une forte dimension politique.

« Parler du prétendu processus de paix au Moyen-Orient est devenu un langage presque nécessaire, largement utilisé par l’administration Bush aujourd’hui, afin de montrer qu’il y a une autre facette de Bush que celle de la guerre au Moyen-Orient, » selon Bishara.

Isoler le Hamas

Le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin dernier après avoir battu les forces fidèles à Abbas et au Fatah, divisant les Palestiniens en deux entités séparées, avec Abbas contrôlant la Cisjordanie occupée et le Hamas contrôlant la bande de Gaza.

Bush avait d’abord voulu que la réunion se tienne en juillet, juste quelques semaines justes après le changement de pouvoir dans Gaza, ce qui a été interprété comme une preuve des efforts faits Israêl et l’occident pour isoler le Hamas.

L’International Crisis Group, basé à Bruxelles estime que « isoler le Hamas apparait comme la motivation-clé Hamas derrière la réunion d’Annapolis ».

Al-Zahar du Hamas, a indiqué pour sa part que la réunion d’Annapolis « ne nous effraye pas » et que les Palestiniens n’accepteraient pas des résultats qui seraient « en retrait de nos intérêts nationaux ».

Il a précisé que les Palestiniens avaient espéré que les accords d’Oslo, que Hamas n’avait pas soutenus, produisent des résultats, mais que tout s’est terminé « dans la frustration ».

Le Hamas, qui a gagné des élections parlementaires irréprochables sur le plan de de la démocratie, dans les Territoires Palestiniens sous Occupation en janvier 2006, est considéré comme étant un groupe de terroriste par Israël, l’Union Européenne et les Etats-Unis parce qu’ils refusent de renoncer à la résistance, de reconnaître l’état israélien et de reprendre à leur compte les accords précédemment signés.

En attendant, Israël a autorisé ce mercredi la livraison en provenance de Russie de 25 véhicules blindés et de 1000 fusils destinés aux milices d’Abbas.

Cette livraison est une tentative de renforcer le soutien au président palestinien avant d’Annapolis et a été approuvée par le gouvernement israélien en dépit des objections des responsables de l’armée et des services de sécurité.

22 novembre 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : Info-Palestine.net]