Le Guardian Unlimited est en mesure d’affirmer que des sociétés israéliennes utilisent un salon de l’immobilier à Londres pour mettre en vente des logements situés dans les colonies juives illégales de Cisjordanie.

Monstruosité coloniale près du camp palestinien d’Aïda en Cisjordanie.

Au salon de l’immobilier israélien qui s’est tenu au Brent Town Hall au nord de Londres dimanche dernier, une société « Anglo-Saxon Real Estate » a mis en vente des logements à Adumim et Maccabim.

Les colonies Cisjordanie s’étendent des deux côtés de la prétendue « ligne verte », la limite établie avant 1967 et souvent dénommé la « frontière » entre Israël et un futur état palestinien. Le Premier Ministre, Ehud Olmert, et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, devraient se rencontrer avant la fin de l’année à Annapolis aux Etats-Unis pour une conférence de paix qui a reçu le soutien du gouvernement anglais.

Abbas a demandé que les Israéliens mettent un terme aux activités des colonies et que la totalité de la Cisjordanie soit incluse dans le futur état palestinien. Kim Howells, le ministre anglais des affaires étrangères et du Commonwealth, a déclaré que le développement des colonies est un « obstacle à la paix ».

Le site Internet d’Anglo-Saxon "Real Estate" liste aujourd’hui 67 nouveaux logements à Maale Adumim et six à Maccabim. Le fait qu’il s’agisse de logements neufs est significatif car cela indique que les acheteurs contribueraient à l’expansion des colonies.

Maale Adumim fait partie du plan israélien controversé E1, qui permettrait la construction de milliers de logements ainsi qu’une zone industrielle et touristique pour relier la colonie à Jérusalem. Les critiques déclarent que cela scinderait la cisjordanie en deux, rendrait les déplacements entre le nord et le sud encore plus coûteux et isolerait Jérusalem Est. Maale Adumim comprend environ 30000 résidents et est déjà l’une des plus grandes colonies en Cisjordanie. Israël veut la conserver quels que soient les accords de paix.

En réponse à une question du Parlement en Juin, Howells a déclaré : « La Grande-Bretagne a défini une position claire concernant l’illégalité de ces colonies conformément au droit international et tout développement de colonies est un obstacle à la paix. » Il a ajouté : « Nous sommes inquiets quant aux divers rapports sur les constructions israéliennes à El. Le processus continu en vue d’établir des colonies encercle Jérusalem Est et rompt la continuité territoriale palestinienne en Cisjordanie. De telles pratiques ne font que nourrir la colère des Palestiniens, menacent de séparer Jérusalem Est de la cisjordanie et sapent les chances d’un état palestinien viable. »

Gavin Gross, directeur des relations publiques pour la Fédération Sioniste, qui a organisé le salon, déclare : « Bien que le sujet de la promotion ou de la vente de logements situés au-delà de la ligne verte israélienne reste tabou pour certains, elles sont autorisées en Grande-Bretagne. » Il indique qu’"Anglo-Saxon" est l’une des sociétés présentes sur ce salon avec d’autres exposants qui ne vendent pas de logements en Cisjordanie.

Les propriétés dans les colonies illégales étaient également mises en vente à la foire de la synagogue de Finchley au nord de Londres le mois dernier. L’affiche publicitaire encourage les investisseurs à « renforcer leur portfolio et à miser sur l’avenir d’Israël ».

Les visiteurs se sont vus remettre un guide gratuit sur l’immobilier, « la clef vers Israël », contenant un plan sur lequel la ligne verte n’apparaît pas et où les noms des villes palestiniennes ont été substitués par des noms de villes israéliennes. La ville palestinienne de Naplouse, renommée Shechem, est l’une d’entre elles.

Parmi les sociétés figurant dans ce guide se trouvent la société "B Yair Building Corporation" et "Digital Investments & Holdings". L’ancien catalogue, également distribué lors de cette foire, montrait des propriétés à Maale Adumim, Har Homa situé dans la zone palestinienne de Jérusalem Est et Beitar Illit. Cette dernière est une colonie orthodoxe en territoire palestinien d’après la ligne verte tracée en 1967, à l’ouest de Bethlemen. "Digital Investments & Holdings" met sur le marché des propriétés à Nof Zion, une autre colonie de Jérusalem-Est.

Le salon était organisé par Bayit Beyisrael (votre maison en Israël), un agent immobilier qui avait également organisé un autre salon à Alexandra Palace dans le nord de Londres au mois de mars. Son site Internet fait la promotion d’anciens salons en Belgique et aux USA.

Les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU ainsi que la quatrième convention de Genève ont rendu ces colonies israéliennes illégales, bien qu’Israël conteste l’interprétation de ces textes.

Dan Judelson, du groupe « Jews for Justice for Palestinians » (Les Juifs pour la Justice pour les Palestiniens) déclare que ce salon immobilier a eu des « ramifications immenses » pour le processus de paix. « Il faudrait peut-être que les Anglais soient découragés ou interdits de mener de telles actions (en vivant simplement dans un autre pays) qui peuvent sembler acceptables, mais qui ont des conséquences sur l’un des plus grands conflits mondiaux et qui contribuent à l’instabilité générale. »

Un porte-parole de l’ambassade d’Israël à Londres a déclaré : « La question des colonies est une des questions discutées entre israël et les Palestiniens dans le contexte d’un accord final. »

Un porte-parole du Foreign Office a déclaré de son côté : « Il est clair qu’Israël doit geler tout extension des colonies. Nous allons continuer à soulever ce problème auprès du gouvernement israélien. »

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16 novembre 2007 - Guardian Unlimited - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Sandrine Ageorges