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Nos droits doivent être reconnus

dimanche 11 novembre 2007 - 07h:36

Ismaïl Haniyeh - The Guardian

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Ismaïl Haniyeh, Premier Ministre de l’Autorité en exercice dans la bande de Gaza.

Lorsque les dirigeants israéliens ont lancé leur guerre expansionniste en juin 1967, ils n’ont jamais envisagé que 40 ans après ils seraient encore hantés par ses conséquences. Ils étaient à l’époque motivés par un objectif stratégique : en finir avec le conflit en saisissant tout ce qui restait de la Palestine et complèter le processus de nettoyage ethnique entamé en 1948. Ils ne réalisaient pas que la résolution de ce conflit demanderait beaucoup plus que la simple supériorité militaire.

L’occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, des hauteurs du Golan et de la péninsule du Sinaï a été dépeinte comme la victoire de David sur Goliath. Les deux décennies qui ont suivi, la condition faite aux Palestiniens a été noyée dans les clameurs des partisans d’Israël. Le monde a accordé une petite attention à l’expropriation des terres palestiniennes, au régime de ségrégation établi par l’ocupation et à la destruction systématique des vies palestiniennes.

Ce n’est qu’en 1987 que le monde a été confronté à la réalité d’un soulèvement populaire palestinien : l’Intifada. Une nouvelle génération était apparue, assoiffée de liberté et de paix dans la dignité sur sa propre terre. Les deux décennies suivantes ont confirmé que mon peuple ne répétera pas les erreurs de 1948. Il restera enracinée dans sa terre, quel qu’en soit le prix, et appliquera son droit légitime de résister à l’occupation. Ce droit est soutenu, pour exemple, par les résolutions 2955 et 3034 de l’ONU qui affirment le droit « inaliénable » de tous les peuples à l’autodétermination, et la légitimité de la lutte contre la domination et l’assujettissement étrangers « par tous les moyens disponibles ».

L’erreur fatidique pour les Israéliens a été de sous-estimer la résolution des Palestiniens. Des dizaines de milliers de ceux-ci ont été tués ou blessés par l’armée israélienne depuis 1967. Rien qu’en 2006, le nombre de Palestiniens tués a atteint 650. Depuis le début de l’occupation israélienne en 1967, plus de 650.000 Palestiniens ont été emprisonnés par Israël, soit environ 40% de la population masculine. Aujourd’hui les trois quarts du peuple palestinien sont déplacés : il y a 5 millions de Palestiniens réfugiés à travers le monde entier.

Avec la signature des accords Oslo en 1993, on nous a dit que les choses iraient mieux. Mais la vie est devenue plus terrible tandis qu’Israël accélérait la colonisation et les saisies de notre terre. Pendant ce temps, le monde a accrédité l’erreur selon laquelle Israël défendait son « existence menacée ». En réalité c’est Israël qui, par la poursuite de sa guerre coloniale, menace le droit des Palestiniens à vivre sur leur terre. Et au moment où nous avions le plus besoin d’eux, les états les plus puissants du monde ont refusé de garantir l’application du droit international qui stipule que « l’acquisition de territoires par la force est inadmissible ».

Au mépris de la volonté de la communauté internationale, Israël poursuit la construction de son mur de ségrégation et d’annexion à travers la Cisjordanie. Quel état accepterait, au 21e siècle, que ses citoyens soient littéralement encagés et enfermés dans des cantons ?

En dépit de la répression, mon peuple a embrassé la démocratie comme moyen de lutte et de gouvernement. Mais la réponse des démocraties les plus puissantes dans le monde a été d’imposer un blocus économique contre mon peuple tandis qu’Israël continue de tuer, d’exproprier et de détruire dans l’impunité. La catastrophe humanitaire en Cisjordanie et dans Gaza sous occupation est clairement préméditée pour renverser le gouvernement élu et pour créer une autorité de collaboration qui cèderait à chaque souhait de l’occupant.

Il ne peut y avoir aucune sortie de cette impasse sans que les sanctions ne soient levées et qu’Israël ne restitue les centaines de millions de dollars qu’il nous a volés.

Lors de la guerre de 1967, Israël a conquis la terre de la Palestine mais n’a pas conquis ceux qui y vivent. Et dans sa tentative de rabaisser et déshumaniser mon peuple, Israël s’est dénigré et déconsidéré devant la famille des nations. La guerre de 1967 a engendré 40 ans de guerres et de crises successives au Moyen-Orient. La méfiance croissante entre les peuples arbo-musulmans et le monde occidental est enracinée dans le conflit en Palestine.

La première étape pour changer cet environnement catastrophique est que l’occident s’implique avec le gouvernement national palestinien d’unité, lequel veut l’établissement d’un état indépendant sur toute la terre palestinienne occupée par Israël en 1967, le démantèlement de toutes les colonies en Cisjordanie, la libération de chacun des 11.000 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes et la reconnaissance du droit de tous les Palestiniens réfugiés de retourner dans leurs foyers. Si Israël est sérieux quant à la paix, il doit reconnaître les droits fondamentaux de notre peuple.

La guerre 1967 reste un chapitre qui n’est pas clos. Rien n’arrêtera notre lutte pour la liberté et pour que tous nos enfants soient réunis dans un état entièrement souverain en Palestine avec Jérusalem comme capitale.

* Ismaïl Haniyeh est le premier ministre du gouvernement en exercice dans la bande de Gaza

Autre article d’Ismaïl Haniyeh :

- La paix ne peut être que le fruit de la justice

6 juin 2007 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.guardian.co.uk/commentis...
Traduction : Claude Zurbach


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