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UE : un rôle payant au Moyen-Orient

samedi 27 octobre 2007 - 06h:27

El Hassan bin Talal - Project Syndicate

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L’aide financière de l’Europe a-t-elle ?uvré au rapprochement de la perspective de la paix ?

La politique de l’Union européenne au Moyen-Orient est le test décisif de sa politique étrangère et de sa politique de sécurité. De nombreux Européens partagent cet avis, mais, alors que l’UE envisage d’entrer dans l’arène des pourparlers de paix du Moyen-Orient, elle doit affronter le quolibet de l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon selon lequel “vous êtes des payeurs, pas des acteurs”.

Pourtant, la contribution potentielle de l’Europe ne devrait pas être sous-estimée. La contribution financière de l’Europe au Moyen-Orient a été consistante et impressionnante. Entre 1995 et 1999, elle a dépensé environ 3,4 milliards d’euros dans la région, auxquels la Banque d’investissement européenne a ajouté 4,8 milliards sous forme de prêts. De 2000 à 2006, l’Europe a dépensé 5,35 milliards d’euros de plus, et la BIE a approuvé 6,4 milliards d’euros de prêts. Cette année, la Commission européenne a engagé 320 millions rien qu’en Palestine.

Ca, c’est pour le côté payeur. Mais l’aide financière de l’Europe a-t-elle ?uvré au rapprochement de la perspective de la paix ? L’Autorité palestinienne a reçu plus d’aide par personne que l’Europe d’après-guerre dans le cadre du plan Marshall, et pourtant le tournant du conflit israélo-palestinien a contrecarré les espoirs d’un cadre euro-méditerranéen plus vaste, qui permettrait une politique de dialogue et d’investissement permettant de réelles améliorations dans la vie de millions de personnes.

Il est absolument évident que la paix au Moyen-Orient ne naîtra pas de projets. Elle émergera plutôt d’un concept intéressant des besoins existentiels. Une charte de stabilité traitant des préoccupations des gens en termes de propriété terrienne, d’économie, de démographie et de coopération supranationale doit former le noyau des dialogues et investissements futurs. Pour que la paix prenne racine, des intérêts régionaux à long terme doivent supplanter les programmes nationaux. C’est cette philosophie multilatérale vitale que l’Europe doit promouvoir.

Je pense qu’un pacte de stabilité pour la région pourrait contribuer à égaler ce qui a été mené à bien dans les Balkans il y a dix ans. Un modèle de lois internationales, auquel se conformeraient tous les acteurs, d’État ou non, est essentiel. Ceux qui enfreignent les lois internationales doivent savoir que le Moyen-Orient est soumis aux mêmes normes que les autres régions, et que les principes de démocratie appartiennent autant à son peuple qu’à ceux de nations plus développées politiquement.

Le Moyen-Orient a un besoin urgent de soutien pour créer une charte de stabilité régionale englobant les codes de conduite, les objectifs de coopération régionale et les mécanismes d’un fond de cohésion régionale, afin de s’attaquer au sous-développement et financer de nouvelles infrastructures. Les complémentarités entre des pays riches en ressources humaines et les États producteurs de pétrole devraient être exploitées, et les investissements dérivés de l’énergie doivent être détournés des anciens marchés de l’Occident vers les arrière-pays du Golfe. Le résultat ultime serait un Moyen-Orient interdépendant, favorisant la stabilité et nourrissant la croissance.

Le Moyen-Orient secoué par la crise a besoin de plus que d’une armée pour mettre un terme aux affrontements et aux souffrances, une réalité qui a été reconnue lors de précédents conflits dans le monde entier. Le processus d’Helsinki, qui a émergé des tensions de la Guerre froide, concernait la sécurité de base, ainsi que des sujets économiques et sociaux. Il avançait que les peuples d’Europe ne pouvaient pas être divisés en termes de dignité humaine.

La reconnaissance des droits culturels et des normes humanitaires a étayé l’activité d’individus courageux comme Václav Havel, qui savait qu’un avenir meilleur n’est pas seulement possible mais primordial. Dans tous les conflits, les droits humains figurent parmi les premières victimes, et au Moyen-Orient la dégradation de la dignité humaine a aujourd’hui défait les conventions internationales conclues depuis plusieurs générations. Nous devrions nous référer au processus d’Helsinki pour nous montrer comment récupérer ce qui a été perdu.

Au vu de l’accent mis aujourd’hui sur l’action militaire dans le cadre de la soi-disant “guerre contre le terrorisme,” la nécessité d’une conférence pour discuter des affaires militaires et de sécurité, associée à une charte de stabilité, devient urgente. Un programme régional d’identification des priorités doit être mis en place, basé sur une stratégie en trois parties, qui comprend des politiques de l’énergie et de l’eau, le contrôle des armes et la réduction de la dette.

Les contributions de l’Europe au Moyen-Orient ont été remarquables. Les financements de l’UE et d’États-membres ont contribué à soulager des souffrances, et les efforts compatissants de construction communautaire par des individus et des organismes européens ont souligné la réelle proximité de tous ceux qui partagent une histoire méditerranéenne commune. Il est vital que l’expérience, l’engagement et l’héritage d’espoir de l’Europe soient encadrés dans une vision du Moyen-Orient qui devienne un modèle pour son avenir.


SAR le Prince Hassan bin Talal est le président de l’"Arab Thought Forum" et président honoraire de la Conférence mondiale des religions pour la paix.

Octobre 2007 - Project Syndicate


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