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Chasser le mirage

lundi 22 octobre 2007 - 11h:34

Ali Jarbawi - Bitterlemons

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Troupes israéliennes d’occupation dans la ville palestinienne d’Hébron - Photo / AP

Lors de toutes les tentatives précédentes avec Israël, les Palestiniens n’ont jamais vraiment réussi à faire une percée. Il n’y a eu de progrès que sur les questions procédurales ou superficielles, même si les attentes soulevées ont toujours été beaucoup trop importantes ce qui a créé des espoirs exagérés vis-à-vis du processus de paix. C’était le cas à la conférence de paix de Madrid et c’était également vrai lors du processus d’Oslo.

Pendant toute cette période, la position palestinienne était en permanence en retrait et les concessions proposées ne coûtaient rien à Israël.

Ce qui était vrai dans le passé l’est aussi aujourd’hui. Quand le président des USA, Georges Bush, a annoncé son intention de convoquer une réunion internationale sur le conflit israélo/palestinien, le côté palestinien s’est inquiété du manque d’ordre du jour clair pour cette réunion ainsi que le manque de contenu et de l’absence d’une liste d’invités. En conséquence le côté palestinien a insisté pour que la réunion soit précédée par un accord entre les parties israéliennes et palestiniennes concernant la manière et le moment d’attaquer la question du statut final tel que les frontières, Jérusalem et les réfugiés.

Israël a résisté et insisté en faisant savoir que rien d’autre qu’une déclaration de principes ne pouvait découler de cette réunion, (qui doit maintenant se tenir à Annapolis dans le courant de fin novembre) et qu’il n’y aurait aucun entretien concernant un contenu spécifique ou un calendrier. Lentement mais irrésistiblement, la position palestinienne changea.

Aujourd’hui, les officiels palestiniens parlent d’un accord sur le cadre de travail général lors de la réunion qui serait suivi par des négociations sur les questions du statut final, questions qui doivent être réglées dans les six mois après la réunion. En effet, au-delà de l’entretien sur un plan d’exécution de six mois, la position palestinienne est devenue une position israélienne, une position dissimulée sous des annonces optimistes sur le futur après la réunion d’Annapolis.

Il semble que nous n’avons pas appris la leçon.

Quelle est après tout la raison de cet optimisme ? Qu’est ce qui a changé et mis le côté palestinien dans une meilleure position que celle d’il y a 17 ans. Et si rien ne s’est amélioré dans notre cas, les négociateurs palestiniens croient-ils qu’Israël et les Etats-Unis sont maintenant prêts, pour leurs propres raisons internes, à signer un accord qui respecte les droits et les demandes des Palestiniens ?

Ceux qui pensent que le moment est propice pour les Palestiniens de conclure un accord avec Israël, se trompent. Sur le terrain, la position palestinienne est au plus faible. Il existe une division politique aussi bien que géographique entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie.

Les conditions sociales et économiques sont au bord du gouffre, la mainmise israélienne sur la Cisjordanie et Jérusalem est plus forte et plus draconienne que jamais alors que le soutien arabe et international envers les Palestiniens est en baisse. Etant donné cela, comment les Palestiniens peuvent-ils changer l’équilibre du pouvoir et extraire quoique ce soit de positif des négociations avec Israël ?

Certains argumentent en disant que l’administration américaine a finalement reconnu la nécessité urgente de résoudre la question palestinienne. Mais cela serait une énormité. L’administration américaine actuelle endure de sévères critiques internes au sujet de sa guerre en Irak et passe ses derniers mois de pouvoir en trébuchant. De plus, rien n’indique que le soutien indéfectible de l’administration Bush envers Israël ait changé.

La Maison Blanche a peut-être reconnu qu’elle devait revigorer le processus politique israélo/palestinien. Mais il est clair qu’elle n’est ni prête ni capable d’imposer une résolution, chose que les pays arabes et les Palestiniens ont cherché à atteindre depuis longtemps. En vérité, l’initiative de paix arabe aurait constitué une voie plus courte et plus facile pour arriver à une résolution politique. Mais un des buts des Américains en maintenant la réunion d’Annapolis c’est précisément de jeter cette initiative aux poubelles.

D’autres entre temps voient en Ehud Olmert, le premier ministre israélien, une personne prête à faire une avancée sans précèdent vers une résolution juste. Mais Olmert non seulement avance à toute vitesse avec la construction du Mur de l’Apartheid en Cisjordanie, il lutte aussi non seulement avec l’opposition mais aussi avec son propre parti et ses partenaires de la coalition au pouvoir et ce, dans le but de garder son mince maintien sur le pouvoir.

Pour survivre, il ferait sans doute bien de ressusciter un processus de négociations afin de détourner ses détracteurs mais va-t-il vraiment parvenir à un accord qui répondra aux attentes des Palestiniens ? Bien sûr que non. Il n’en a ni le pouvoir, ni la vision, ni l’intelligence.

Ce moment n’est certainement pas le bon moment pour poursuivre un accord final avec Israël et le côté palestinien ne devrait pas colporter de faux espoirs. Puisque les négociateurs ont consenti à assister à la réunion d’Annapolis sans émettre de conditions ils devraient se montrer honnêtes avec le peuple palestinien et lui dire que les négociations se déroulent maintenant sur le terrain des Israéliens, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de retour aux frontières de 1967, qu’il n’y aura pas de souveraineté palestinienne sur Jérusalem Est et qu’il n’y aura pas de retour des réfugiés.

Si jamais les Palestiniens acceptaient ces termes, l’accord alors serait à portée de main. Sinon, nous allons voir le début d’un autre cycle de négociations, propulsant des négociateurs autour du monde vers des programmes de discussions sans fin sur la TV satellitaire.

Cela fait 15 ans que les Palestiniens poursuivent le mirage d’un processus de négociations. Ne nous trompons pas cette fois-ci encore en pensant qu’il existe une seule raison d’être optimiste.

* Le Dr. Ali Jarbawi est professeur de sciences politiques à l’Université de Birzeit.


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8 octobre 2007 - Bitterlemons - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Ana Cléja


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