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Irak : Pénurie d’eau potable dans la province de Missan

dimanche 14 octobre 2007 - 05h:26

IRIN

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AMARAH - La pénurie de produits chimiques servant à la purification de l’eau affecte gravement la qualité de l’eau dans la région de Missan, une province majoritairement chiite située à quelque 380 kilomètres au sud de Bagdad, la capitale irakienne, et les risques sanitaires sont réels d’autant plus que la population est contrainte de boire l’eau polluée du Tigre, selon les agences humanitaires.

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Les populations de la province de Missan sont contraintes de boire l’eau polluée du Tigre

Le Tigre et ses affluents constituent les principales sources d’approvisionnement en eau des stations d’épuration qui alimentent le réseau de distribution de la ville. A Amarah, capitale de la province, le réseau de distribution d’eau n’a pas été traité depuis le début du mois de septembre en raison d’une pénurie de produits chimiques.

Le problème s’est aggravé avec l’arrivée quotidienne dans la province de nombreuses familles déplacées. En effet, des milliers de déplacés internes venant de provinces du nord et du centre affluent vers Missan depuis février 2006, et ces arrivées massives dans une région considérée comme relativement sûre grèvent les maigres ressources en eau de la province.

Selon un rapport du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) publié en novembre 2006, les réserves d’eau disponibles ne couvrent que 60 pour cent des besoins d’Amarah et des autres grandes villes de la province.

« Les habitants des zones rurales consomment directement l’eau prélevée dans les marécages, une eau légèrement salée, non purifiée et souvent souillée en raison du manque de systèmes sanitaires », a noté le rapport.

Selon une étude plus récente du Conseil de l’eau et l’assainissement de Missan, seuls cinq pour cent des foyers de la province sont alimentés en eau potable ; 60 pour cent utilisent l’eau des pompes, et le reste, l’eau des fleuves.
Les craintes d’une épidémie de choléra

« Le réseau de distribution d’eau [d’Amarah] n’a pas été purifié depuis le début du mois de septembre puisque les produits chimiques ne sont pas disponibles, le seul camion qui convoyait ces produits ayant été volé », a fait remarquer Ali Saeed, porte-parole du Conseil de l’eau et l’assainissement de Missan.

« Les familles craignent que le choléra ne se propage dans leurs cités et villes et à Amarah, les cas de diarrhée ont augmenté de 30 pour cent par rapport aux deux mois précédents », a-t-il ajouté.

« Les systèmes sanitaires ne fonctionnent plus correctement dans la province de Missan depuis l’invasion de l’Irak en 2003, la plupart des points d’eau sont détruits ou sont en panne et doivent être réparés. Dans plusieurs quartiers d’Amarah, les systèmes sanitaires sont défectueux et on peut sentir à des kilomètres à la ronde les odeurs nauséabondes qui se dégagent d’égouts à ciel ouvert », a affirmé Mayada Obeid, porte-parole de South Peace Organisation (SPO), une organisation non-gouvernementale (NGO).

« Dans certaines régions de la province, la prétendue eau potable est mélangée à des effluents d’eau d’égout et les familles n’ont d’autre choix que de boire cette eau impropre à la consommation », a déploré Mme Obeid. « Certains habitants consomment l’eau du Tigre déclarée impropre à la consommation par les services sanitaires de la ville suite à la découverte sur les berges du fleuve de bactéries et de parasites très nocifs pour la santé ».

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La province de Missan, dans le sud-est de l’Irak

Important noyau commercial réputé pour sa production agricole, ses industries de laine et de peaux, la ville d’Amarah est un centre de communication reliant Bagdad et Basra. La menace de la propagation de maladies contagieuses est donc réelle.

« Le commerce ici est florissant et la ville accueille de nombreuses personnes venues d’autres provinces du pays. Il suffirait donc qu’une personne soit infectée pour qu’elle transmette la maladie aux autres habitants de sa province. Nous avons urgemment besoin de ces produits pour purifier l’eau parce que la plupart de gens ne sont pas assez riches pour s’acheter des filtres ou utiliser le gaz de cuisine pour la purifier [faire bouillir] », a indiqué Hussein Lattef, médecin épidémiologiste au Conseil sanitaire d’Amarah.

Des déplacés internes exposés à la maladie

« Sur les 40 000 personnes réfugiées vivant dans notre province, seuls 15 pour cent d’entre elles reçoivent de l’eau potable distribuée par les agences humanitaires [...] Lorsqu’une personne boit de l’eau impropre à la consommation et tombe malade, elle peut facilement en contaminer d’autres », a ajouté M. Lattef.

« Nous apportons tous les jours de l’eau à ma mère pour faire la cuisine, la lessive et la vaisselle. Le fleuve se trouve à trois kilomètres de notre tente et la police a conseillé de faire bouillir l’eau avant de la boire ; mais ma mère dit que cela revient trop cher, alors nous consommons l’eau du fleuve qui est naturelle et saine », a expliqué Rabab Muhammad, un jeune réfugié de huit ans, pensionnaire du camp de déplacés de Rahman, dans la banlieue de Missan.

Selon les statistiques du Conseil de Missan, en 2006, la population de la province comptait environ 790 000 habitants, 25 pour cent d’entre eux vivant dans une extrême pauvreté.

D’après un rapport publié le 30 juillet et rédigé conjointement par l’association caritative britannique Oxfam et le Comité de coordination des ONG en Iraq, environ huit millions d’Irakiens ont urgemment besoin d’eau potable et de système sanitaires. Toujours selon le rapport, 70 pour cent des Irakiens n’ont pas de sources d’approvisionnement en eau adéquates - contre 50 pour cent en 2003.

12 octobre 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
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