AMMAN - Ali Abdul Rahman, jeune réfugié irakien de 12 ans, a rejoint une bande de mendiants jordaniens vêtus de haillons qui se pressent dans les rues animées d’Amman, en quête d’une aumône, en ce mois de sacré du Ramadan.

Le coût élevé de la vie en Jordanie a eu raison des économies de milliers de migrants irakiens et certains - dont des enfants comme Ali - sont désormais contraints de s’adonner à la mendicité pour survivre.

Réfugiée irakienne dormant dans les rues d’Amman, en Jordanie - Photo : Dana Hazeen/IRIN

Après avoir pris le repas du Ramadan, offert par des bienfaiteurs d’Amman Ouest, le jeune Ali se rend dans un jardin public très fréquenté et s’assied calmement dans un coin obscur, attendant qu’on veuille bien lui donner quelques pièces.

A l’en croire, son père a été tué il y a deux ans par des hommes masqués qui avaient attaqué leur maison à Adhamiyah, dans la banlieue de Bagdad, et aujourd’hui, il doit s’occuper de sa mère et de ses deux s ?urs.
« Ma mère ne peut pas travailler. Je ne veux pas la voir mendier. Je suis l’homme de la famille et je dois les aider », a-t-il affirmé, ajoutant, « cette attente peut durer huit à 10 heures par jour ».

Le cas d’Ali est très indicatif de la dégradation croissante de la situation vécue par la plupart des 700 000 réfugiés irakiens en Jordanie.

Une aide extérieure

Selon les organisations humanitaires et les activistes, les conditions de vie des Irakiens sont connues et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) travaille sur plusieurs projets pour apporter une aide aux plus nécessiteux.

Les Nations Unies ont récemment lancé un appel de fonds d’un montant de 84,8 millions de dollars américains pour venir en aide aux pays d’accueil comme la Jordanie, afin qu’ils puissent répondre aux besoins des réfugiés.
« Nous essayons de faire de notre mieux et travaillons avec des partenaires locaux pour aider les réfugiés irakiens les plus défavorisés », a expliqué Emran Riza, représentant du HCR en Jordanie.

Certains programmes humanitaires couvrent notamment les besoins en soins de santé dans des zones défavorisées, le volet nutritionnel et des services spéciaux aux handicapés dans les zones à forte concentration de réfugiés irakiens telles que Jabal al-Taj, Marqa et certains secteurs de Amman Est.

La récession économique, qui a frappé la Jordanie les cinq dernières années, a durement touché des dizaines de milliers de réfugiés irakiens qui ne se sont pas autorités à exercer une profession dans le secteur public.

Et comme très peu de signes laissent présager une amélioration de la situation sécuritaire à Bagdad dans un proche avenir, bon nombre d’entre eux se sentent coincer en Jordanie, alors que ceux qui désirent émigrer vers des pays comme l’Australie, le Canada et la Suède sont mécontents des longs délais des procédures.

Pour des raisons financières, beaucoup d’Irakiens sont contraints de déménager vers les quartiers défavorisés de la ville, où les inspecteurs de l’immigration sont moins vigilants que dans le centre-ville, et où il est plus facile de trouver un travail clandestin.

« Il est préférable d’habiter ces quartiers populaires car la vie y est moins cher et je peux trouver plus rapidement un travail [au noir] », a affirmé Emad Salem, 45 ans, qui vit dans le camp de réfugiés palestinien d’Al-Wehdat.

5 octobre 2007 - IRIN News - Vous pouvez consulter cet article à :
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