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Iran : La guerre est plus qu’une simple option

mercredi 19 septembre 2007 - 22h:14

Ahmad Zeidabadi - BBC Persian

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Ahmad Zeidabadi, commentateur politique de la BBC Persian, s’inquiète de la rhétorique guerrière du ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner. Pourquoi Paris se montre-t-il plus inflexible que Washington ?

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Bernard Kouchner sur le plateau du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI (Ph. AFP)

Dans une intervention sans précédent, Bernard Kouchner a appelé dimanche 16 septembre la communauté internationale à se préparer à une action militaire contre l’Iran. Si monsieur Kouchner maintient que la voie diplomatique est à privilégier, en tant que ’meilleur scénario’, il n’exclut donc pas le bombardement de l’Iran. Depuis le début de la crise du nucléaire iranien, aucun dirigeant occidental n’avait jusqu’ici fait aussi ouvertement référence à une action militaire contre l’Iran.

Le ton des chancelleries européennes au sujet du programme nucléaire iranien est habituellement plus doux que celui de leurs homologues américains. Les Européens ont toujours défendu la voie diplomatique pour résoudre la crise iranienne. Mais, lorsque cela s’est révélé nécessaire, ils n’ont pas hésité à montrer davantage de solidarité avec les Etats-Unis, par exemple en appuyant la Maison-Blanche lorsque son porte-parole a affirmé qu’aucune option n’était à exclure. Mais que Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères d’un pays européen important, habituellement plus modéré que ses partenaires européens, fasse référence de manière encore plus explicite que les autorités américaines au recours à la force contre l’Iran, sonne comme un avertissement de l’existence de nouveaux périls menaçant le Moyen-Orient.

Mais, pourquoi, de tous les pays européens, est-ce la France qui se manifeste si haut et si fort ? Depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, la France a renforcé son activité sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, et cette ingérence dans les affaires de la région met forcément la France face à face avec la République islamique. Le voyage de Nicolas Sarkozy en Libye, les voyages successifs de Bernard Kouchner au Liban, en Israël, auprès de l’Autorité palestinienne et la convocation de plusieurs pays arabes afin d’aider à la résolution de la crise au Liban et en Palestine, ajoutés à la volonté de l’Elysée de participer à un scénario d’avenir pour l’Irak, prouvent que Paris s’implique dans la mise en place d’un nouvel ordre au Moyen-Orient et en Afrique.

Mais partout où les autorités françaises mettent le pied au Moyen-Orient, elles se rendent compte de l’influence de la République islamique, qui essaie de mettre en place son propre plan pour la région. Les projets français pour la région ne sont pas exactement les mêmes que ceux des Américains, mais il existe des points communs. Les deux pays voient d’un mauvais ?il l’influence de Téhéran dans la région. Cela a poussé les Français à reconsidérer leur vision du programme nucléaire iranien.

Dans quelle mesure faut-il prendre au sérieux les propos de Bernard Kouchner ? Les interprétations divergent. Mais les nombreuses mises en garde de Mohammed El Baradei, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, contre une action militaire précipitée, montrent que sa crainte est réelle. Pour les Occidentaux, le temps de la diplomatie n’est pas infini. Tout délai supplémentaire dans la résolution de ce dossier ne fait qu’augmenter le risque de guerre. Les Occidentaux sont convaincus que le programme nucléaire iranien est largement avancé. A chaque seconde qui passe, la situation devient plus périlleuse.


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Ahmad Zeidabadi - BBC Persian (via le Courrier international), le 17 septembre 2007


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