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Les Arabes israéliens sont confrontés à un conflit d’identité

mercredi 30 août 2006 - 07h:28

Irin

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Haïfa, 10 août 2006 - Gabi, un Arabe israélien a un éclat d’obus provenant d’une roquette du Hezbollah logé dans son dos. « Je peux sentir le métal à l’intérieur » dit l’homme âgé de 50 ans couché dans un lit d’hôpital tout en montrant ses blessures sur le côté droit de son corps.

Le 6 août, il marchait pour rejoindre l’appartement de son ami à Wadi Nisnas, un quartier arabe de Haïfa, quand une roquette du Hezbollah à réduit le bâtiment en ruines.

« J’ai entendu un grand boum et je n’ai pas eu assez de temps pour entrer dans la maison, alors je suis tombé sur le sol à côté de la voiture qui brulait. Je voulais courir mais je ne voyais plus rien »...

...Haïfa à 30 km de la frontière entre Israël et le Liban, est la troisième plus grande ville israélienne avec 268.000 habitants et est l’une des cibles de roquettes du Hezbollah.

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Gabi a un éclat d’obus logé dans son dos

Gabi et son ami ont survécu à cette attaque de roquette mais deux Arabes israéliens assis dans le jardin de la maison voisine ont été tués. Le nombre d’Arabes israéliens tués a atteint le chiffre de 15 personnes sur un total de 39 civils israéliens tués par les roquettes du Hezbollah selon le ministère des affaires étrangères.

Hasan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a exprimé son inquiétude concernant ces chiffres lors d’un discours télévisé le 9 août et il a pressé les Arabes israéliens à quitter Haïfa.

« J’ai un message personnel pour les Arabes de Haïfa » a dit Nasrallah. « Je voudrais vous dire que nous sommes tristes et continuerons à déplorer vos martyrs et vos blessés. Je vous demande de quitter cette ville ».

« Votre présence là-bas et ce que vous avez subi lors de la dernière phase [du conflit] nous a fait hésiter à attaquer cette ville alors que le quartier sud de Beyrouth est en train d’être bombardé, et ce, que la ville de Haïfa soit attaquée ou non » dit-il.

Haïfa a la réputation en Israël d’être une ville tranquille où Arabes et Juifs vivent côte à côte sans problèmes selon le D. Moti Peri, le directeur du Centre arabo-juif ?Beit Hagefen’ situé à quelques mètres de l’endroit où a explosé la roquette.

Gabi est d’accord. « A Haïfa nous nous mélangeons et la roquette ne changera pas cela. Il y aura toujours des extrémistes des deux côtés mais ici, nous avons l’amitié ».

Pourtant le conflit à amené certains juifs israéliens à se demander si la loyauté des citoyens arabes se plaçait avec Israël ou avec ses ennemis. Environ 15% des citoyens israéliens sont arabes.

« J’espère que les Arabes israéliens verront que nous sommes tous dans la même situation et qu’ils seront plus pro-israéliens » dit Esther, une travailleuse sociale au chevet de Gabi. Elle se rend à l’hôpital Rambam pour conseiller les victimes des attaques.

Wadi Nisnas est un quartier très peuplé de Haïfa. Son mélange de maisons en vieilles pierres contraste avec les bâtiments plus modernes en béton du reste de Haïfa. Les rues étroites sont animées d’échoppes de fruits et légumes et de poissons tandis que des artistes arabes et juifs ont été chargés de peindre des fresques sur les murs.

La roquette du Hezbollah n’aurait pas pu tomber dans un lieu plus symbolique dit Milad Kanoura, un ingénieur Arabe chrétien de 32 ans. « Nous faisons des marches de coexistence ici : musulmans, arabes et juifs tous ensemble » raconte-t-il à IRIN.

Les promenades serpentent à travers Wadi Nisnas, montrant aux touristes l’héritage mixte de la ville. Lors de festivals religieux, les habitants juifs et arabes marchent et font les célébrations ensemble dit-il.

Et maintenant les roquettes font autant de mal aux arabes qu’aux juifs dit Kanoura. « Les bombes ne sont pas intelligentes. Elles ne cherchent pas automatiquement les juifs. Les juifs israéliens ne comprennent pas que les arabes israéliens ressentent de la compassion pour les victimes des deux côtés du conflit » dit-il.

« Nous voyons que les deux côtés sont meurtris, pas uniquement un seul côté » dit Kanoura. « Nous ressentons aussi la douleur des Libanais : c’est cela la différence entre nous (les juifs israéliens). Je ne soutiens pas le Hezbollah mais j’ai des parents au Liban et je suis attaché à eux. Eux aussi sont en difficulté alors nous éprouvons un conflit intérieur. »

Samara Elie, un peintre et décorateur de 35 ans, pense qu’Israël se trompe par rapport à cette guerre. « Cela va juste créer de nouveaux soutiens pour le Hezbollah. Ne vous méprenez pas sur mes paroles : je n’aime pas le Hezbollah et je pense que c’est une organisation terroriste. Mais la seule façon de s’y prendre avec eux est de s’asseoir et de parler ».

Mais Elie dit aussi que les pays arabes voisins doivent se réveiller aux réalités de l’existence d’Israël.

« Israël est ici que l’on le veuille ou non » dit-il. « Les arabes israéliens peuvent saisir cela : nous sommes nés ici ; mais certains pays arabes ne peuvent pas l’accepter. Ils devraient accepter la réalité et commencer à en faire quelque chose de positif. Personne n’est gagnant dans cette guerre, à part les gens qui vendent les bombes ».

TS/LS/ED/MW

IRIN : http://www.irinnews.org/report.asp?...


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