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Les Arabes israéliens sont enfin devenus les égaux des Juifs israéliens - du moins en tant que cibles

mercredi 30 août 2006 - 07h:21

Hiam Simon

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Les missiles tombés sur les villes israéliennes de Majdal Krum, Tarshiha et Hurfeish avec leurs morts et leurs blessés ont en plus martelé le fait que les Arabes israéliens étaient une partie indissociable de l’état d’Israël.

(Hiam Simon est directeur du GHEF*, publié sur le site du Givat Haviva Institute**)

Les missiles tombent avec la même malveillance sur les villes intégrées de Haïfa et d’Acre. La mort de deux frères, Mahmoud et Rabia Taluzi à Nazareth et celle de la jeune fille de 15 ans dans la ville Druze de Meghar sont juste deux exemples qui illustrent que toutes les victimes d’Israël subissent la même douleur venant du même endroit et de la même source. Les bombes ne font pas de discrimination. A la fin de la guerre, on s’aperçoit que près de 50% des victimes israéliennes étaient des Arabes.

Mais cette guerre était beaucoup plus compliquée pour les Arabes israéliens « sous le feu ». Tout comme les personnes qui vivent à Nazareth sont une partie indissociable des victimes israéliennes, elles sont également une partie indissociable des victimes libanaises. Le Liban est le foyer de dizaines de milliers de Palestiniens qui ont des liens familiaux avec les Arabes israéliens.

Des familles séparées par la politique et les frontières se sentent tout à coup encore plus éloignées. Alors que les Américains sont en contact direct avec les amis et la famille dans le monde entier, les Libanais ne peuvent pas prendre des nouvelles de leurs parents à Nazareth. (Dès le début de la tutelle syrienne, l’administration libanaise a empêché ses citoyens de prendre contact avec Israël). Et avec les antennes de relais détruites par les attaques israéliennes, les Arabes israéliens ne peuvent plus atteindre leurs parents à Beyrouth.

Mais d’une manière ou d’une autre, cela s’est su. Lors d’une conversation récente que l’Institut Givat Haviva en Israël m’a rapportée, un Arabe de Nazareth a raconté :

« Il y a des histoires de souffrance sans fin que nous entendons d’ici. Nous les entendons et nous sommes déchirés des deux côtés, car nous sommes à la fois ici et là-bas. Certains sont d’ici et d’autres de là-bas. Les missiles nous touchent exactement comme ils touchent tous les habitants du nord d’Israël : il ne distingue pas entre les juifs et les arabes, ni entre la Nazareth arabe et la Nazareth Illit juive. C’est comme les bombes des forces de défense israéliennes qui sont tout aussi aveugles et qui ne font pas de distinction entre le Hezbollah et les réfugiés de Saffuriya (aujourd’hui devenue une ville israélienne appelée Tzippori). Nous absorbons les coups à la fois d’Israël, quand nos parents sont bombardés là-bas et, comme tous les Israéliens, quand nos parents nous bombardent de là-bas ».

Beaucoup d’Arabes israéliens sont déchirés, non pas parce qu’ils ne savent pas où se placer entre un côté ou l’autre ni parce qu’ils ne peuvent pas décider quel côté soutenir. Mais plutôt parce qu’ils sont inquiets du sort des deux partis. Ils veulent le meilleur pour les deux peuples. Ils expriment l’intérêt commun des deux côtés. C’est pourquoi ils appellent à la fin de l’effusion de sang et au choix du dialogue.

Les Arabes et les Juifs d’Israël sont trop enchevêtrés géographiquement pour que les roquettes se concentrent uniquement sur ceux que leurs expéditeurs ont marqués pour être détruits. Le danger est non-sélectif et aveugle. C’est dans des moments pareils que des programmes comme ceux de l’Institut Givat Haviva qui encouragent la coexistence, deviennent encore plus cruciaux. L’intelligence partagée par les participants individuels peut aboutir au développement d’une société saine et éthique.

Avec toutes les nouvelles de la guerre qui ont été rapportées, il est important de noter combien de programmes dont les participants sont venus de tous les secteurs de la population israélienne, ont continué à fonctionner. Pendant tout le conflit, Givat Haviva fourmillait d’activité ; les Israéliens arabes et juifs dont beaucoup d’entre eux étaient partis de la zone de tir, étudiaient et profitaient ensemble de leurs vacances d’été.

Des programmes régionaux de « Peace Camps » réussis et des camps culturels et artistiques à travers le pays ont apporté du répit et des jours meilleurs pour ceux qui les suivaient. Les animateurs des rencontres « Face to Face » entre de jeunes juifs et arabes préparent maintenant la saison à venir dès que l’année scolaire reprendra.

Et pendant tout ce temps on pouvait entendre à l’arrière plan le terrible tonnerre de la guerre. Il est important de reconnaître que même pendant que cette guerre faisait rage, il y avait ceux qui préparaient activement la paix.

Il n’y a pas de bonnes guerres... Maintenant que les tirs se sont tus, soigner les divisions entre les divers éléments est la seule chose qui peut faire gagner la paix.

*GHEF (Givat Haviva Educational Foundation) a été fondé en 1949 par le mouvement Kibboutz Artzi Movement, une fédération de 83 kibboutzim à travers toute Israël dans le but de promouvoir une éducation pour la paix, la démocratie, la coexistence et la solidarité sociale.

**Le Centre judéo-arabe pour la paix, Givat Haviva Institute, a été établi en 1963 afin de rapprocher les Arabes et les Juifs et d’amener une meilleur compréhension et partenariat. En utilisant différents modèles de travail créatif, le Centre développe des programmes dans les domaines des relations entre Juifs et Arabes et vise à promouvoir une meilleure compréhension entre les différents secteurs de la société israélienne.
Le centre fonctionne avec une équipe de 20 personnes, juives et arabes, qui s’occupent chaque année de plus de 15.000 étudiants, enseignants, juristes et responsables de communautés.

21 août 2006 - Givat Haviva Institute
Cet article peut être consulté (en format PDF) à :
http://www.givathaviva.org/archive/...


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