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Pire que jamais

mardi 4 septembre 2007 - 23h:25

Safwat Kahlout - Bitterlemons

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Deux années après ce qui aurait dû être une journée marquant le début de la libération, les Palestiniens se retrouvent encore plus dramatiquement emprisonnés.

Une des plus importantes célébrations dans l’histoire du peuple palestinien devait avoir lieu en août 2005 et ce, surtout pour les habitants de Gaza. Israël allait pour la première fois retirer ses soldats et les colons des zones palestiniennes permettant de ce fait aux habitants de Gaza de récupérer près d’un tiers de leurs terres.

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Destruction par les israéliens d’un pont à Rafah lors de l’invasion de juillet 2006
Photo : BBC

Quand Israël a annoncé son plan visant à évacuer les colonies dans la Bande de Gaza, un grand battage local, régional et international a été lancé autour de la création d’un nouveau Gaza. De plus, des promesses sont arrivées de beaucoup de pays en vue de développer cette bande de terre appauvrie et surpeuplée et les habitants de Gaza étaient pleins d’espoir.

Peut importe que les Israéliens aient détruit les maisons des colonies et qu’ils n’aient laissé intactes que les serres (après avoir été payés pour le faire). Les Palestiniens se tenaient prêts à construire un futur.

Mais deux ans plus tard, les rêves de liberté et de prospérité sont tombés en poussière. D’abord les Palestiniens ont appris qu’en fait le « retrait » israélien devait être compris plus correctement comme n’étant rien d’autre qu’un redéploiement de troupes. L’occupation de Gaza n’avait pas pris fin. Mais plutôt, si les geôliers israéliens vivaient auparavant au milieu de Gaza, les gardiens de prisons sont maintenant partis mais pas avant d’avoir fermé à double tour la porte et d’en avoir jeté la clé.

Lors de la première envolée d’excitation, une compagnie spéciale a été établie pour prendre en charge les serres israéliennes abandonnées. Des projets agricoles ont fleuri. Des milliers de fermiers ont été employés pour planter des fraises, haricots, poivrons et autres fruits et légumes d’excellentes qualités afin de les exporter vers les marchés européens. Mais la porte était fermée. Les accords négociés par l’intermédiaire des USA concernant la circulation et l’accès ont été cassés par Israël sans même une once de honte. Les habitants de Gaza les plus chanceux ont finalement été nos animaux qui ont été nourris de produits de la plus haute qualité qui ait jamais poussé à Gaza. Les organisations des droits des animaux feraient bien d’en prendre note.

Il y a eu quelques améliorations tangibles dans nos vies ici. Dans la zone centrale de Gaza entre Deir al-Balah et Khan Yunis, il y avait auparavant un check-point notoire, le check-point connu sous le nom d’Abu Holi, qui divisait la Bande de Gaza en deux et où les habitants avaient l’habitude d’attendre des heures durant et parfois des jours avant de pouvoir traverser d’un côté à l’autre. Beaucoup de personnes ont perdu la vie ici de façon absurde, des soldats israéliens nerveux ouvrant le feu au hasard sur des gens des deux côtés. Beaucoup de maisons avaient été détruites car elles étaient soit trop près des colonies soit elles obstruaient la ligne de vision des soldats israéliens qui surveillaient.

Dans le sud, les habitants de Rafah et de Khan Yunis peuvent à nouveau jouir de leurs plages, une chose qui leur était interdite quand les colonies étaient encore là. Des milliers de personnes descendent en foule à la mer à toutes les heures de la journée. Entre temps, les habitants d’al-Muwasi, une région qui était prise en sandwich entre la mer et quelques colonies, sont maintenant libres de se déplacer à nouveau. Auparavant, ils n’avaient pas le droit de pénétrer dans le reste de Gaza ni dans la mer. Leur enfer au moins est fini.

Sur les sites des colonies évacuées, les décombres sont un rappel de ces mauvais jours du passé mais ils sont aussi un rappel des accords violés et des opportunités perdues. Il était prévu qu’Israël déplace les décombres en Egypte pour faire place aux nouveaux projets, mais les décombres sont restés, un obstacle pour un tel développement. Néanmoins, au milieu des décombres de l’ancienne colonie Neve Dekalim, une paire d’agréables nouveaux bâtiments se sont élevés. Ils appartiennent à l’Université Aqsa où plus de 1.000 étudiants du sud Gaza viennent aujourd’hui étudier. Les bâtiments ont été construits grâce aux efforts du dirigeant de l’université Aqsa qui a réussi à obtenir les dons nécessaires de pays arabes.

En dépit de ces quelques points positifs, Gaza n’a jamais été dans un état aussi mauvais qu’aujourd’hui. Le siège de Gaza est total. Israël ne permet qu’aux marchandises humanitaires comme la nourriture et les médicaments, d’entrer dans cette petite bande de terre. Les commerces sont en train de fermer, les usines sont en train de s’arrêter, les constructions sont enrayées et même les Nations Unies ne peuvent plus remplir leur mission ici. Plus de 75% des habitants de Gaza sont au chômage et 80% dépendent aujourd ?hui de l’aide internationale pour manger.

Le bouclage de Gaza, toujours draconien, a atteint son apogée actuelle après que le Hamas et les forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne, affiliées au président Mahmoud Abbas, se soient engagées dans des combats sanglants qui ont eu pour résultat la prise en possession totale de Gaza par le mouvement islamiste. Cela a, à son tour, donné à Israël toutes les excuses don elle avait besoin pour barrer hermétiquement Gaza du monde extérieur. Et cela a été fait avec l’acceptation ouverte de la communauté internationale.

La communauté internationale s’est laissé être piégée par la même logique qui a mené au boycott du Hamas quand ce parti islamiste a gagné les élections parlementaires en janvier 2006, et qu’il a formé un gouvernement en accord avec sa majorité parlementaire. Ces élections avaient été encouragées et contrôlées par la communauté internationale. Néanmoins les résultats n’ont jamais été respectés.

Le Hamas a refusé de se plier aux conditions internationales qui lui permettraient de revenir « du froid », mais il est bien entré dans un gouvernement d’unité avec le Fatah qui lui bénéficie d’une acceptation internationale. Cela n’a pas suffit pour la communauté internationale et ce qui ne peut être décrit que comme une punition collective a été imposée sur les Palestiniens en général et les habitants de Gaza en particulier.

Deux années après ce qui aurait dû être une journée marquant le début de la libération, les Palestiniens se retrouvent encore plus dramatiquement emprisonnés. Pendant toutes ces deux années, ils ont pratiqué la démocratie et ils ont pratiqué la retenue. La seule réponse qu’ils ont reçue c’est un isolement encore plus grand, l’opprobre et des sanctions encore plus importantes. Ils souffrent plus que jamais de l’occupation.

*Safwat Kahlout est un journaliste basé à Gaza.

30 août 2007 - Bitterlemons - Vous pouvez consulter cet article à :
http://bitterlemons-international.o...
Traduction : Ana Cléja


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