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Sionisme : transfert et apartheid

mardi 20 décembre 2005 - 18h:40

Dr. Mahmoud Muharib

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Première partie

"Il faut que ce soit clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays... La seule solution est la terre d’Israël, du moins la terre occidentale d’Israël, sans Arabes. Il n’y a pas de solutions médianes, ici. Il n’y a pas d’autres moyens sinon le transfert (l’expulsion) des Arabes d’ici vers les pays voisins, les transférer tous... Il faut qu’il ne reste aucun village, aucune tribu, tous doivent être transférés vers l’Irak et la Syrie, et même à l’est du Jourdain. Pour exécuter cet objectif, il nous faut beaucoup d’argent. Après le transfert, le pays peut intégrer des millions de nos frères et la solution juive trouvera une fin et une solution (Yosef Weitz, al-Quds, 9 décembre 1940).

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Réfugiés Palestiniens de 1948

Les racines de l’idée de transfert

Les racines de l’idée de chasser le peuple arabe palestinien de sa patrie sont celles du fondement du sionisme. Cette idée est celle du mouvement sioniste, elle a accompagné l’évolution du projet sioniste en Palestine, dès la fin du siècle dernier (XIXème siècle) jusqu’à aujourd’hui. Les buts essentiels du sionisme n’auraient pu se réaliser sans l’expulsion massive de tous, ou de la majorité, des Palestiniens, de la Palestine. La simple présence du peuple palestinien dans sa patrie représente une contradiction fondamentale avec le sionisme et ses buts en Palestine. Pour comprendre cela, il faut nous arrêter sur les buts du sionisme.

Les chercheurs, qu’ils soient adeptes ou opposés du sionisme, sont d’accord pour dire que les buts essentiels du mouvement sioniste sont représentés dans les points suivants : d’abord, la négation de ce que les sionistes appelent "l’exil" et le rassemblement de la "diaspora" juive du monde en Palestine et aux alentours ; ensuite, la création d’un Etat juif en Palestine et ses alentours ; puis, cet Etat devrait être le refuge de la sécurité pour les Juifs.

Si la Palestine avait été une terre inhabitée, ou si les pères du sionisme avaient trouvé une région dans le monde inhabitée, le mouvement sioniste n’aurait pas fait face à des problèmes entravant son objectif. Car il aurait été possible, surtout avec la diffusion de l’antisémitisme en Europe, de transporter les Juifs, ou quiconque d’entre eux, vers le pays souhaité. Mais, comme il était impossible de trouver une région sur cette terre, inhabitée, le mouvement sioniste a commencé à exécuter ses objectifs en Palestine, tout en instaurant une vision officielle et formelle, secrète ou déclarée, niant la présence des Palestiniens, et essayer, dans les faits et de façon non officielle, de chasser ce peuple "inexistant".

Le principe du refus de l’"exil" et du rassemblement de la "diaspora" est en totale contradiction avec la présence du peuple arabe palestinien dans son pays. De ce fait, fut adoptée la politique d’expulsion de ceux qui existaient, soit en dispersant les Palestiniens, soit en les arrachant à leur pays. Tout comme le principe de la formation d’un Etat juif en Palestine et aux alentours fut et est en contradiction avec les aspirations du peuple palestinien à fonder son Etat indépendant en Palestine. Par conséquent, le mouvement sioniste s’est appuyé sur la négation du droit des Palestiniens à fonder leur Etat dans leur pays, la Palestine.

Quant au troisième objectif du sionisme, qui est de faire de l’Etat juif un refuge de sécurité pour les Juifs, il en est résulté la négation d’un lieu de sécurité pour les Palestiniens et la transformation de la majorité des Palestiniens en réfugiés vivant dans une insécurité permanente.

Contrairement aux autres mouvements colonialistes, le but principal du mouvement sioniste n’était pas d’exploiter la population autochtone en tant que source de main d’oeuvre bon marché et en tant que marché pour ses produits. Les dirigeants sionistes avaient conclu que l’adoption d’une telle forme de colonialisme n’aboutira pas à un Etat Juif mais à un Etat où les colons juifs seraient une minorité à la tête de la société, alors que les Palestiniens, qui seraient les couches les plus inférieures de la société, représenteraient la majorité de la population, ce qui constituerait, à long terme, un danger pour le projet sioniste. C’est pourquoi les dirigeants sionistes ont agi pour se "débarrasser" des Palestiniens, et les expulser hors de la Palestine. Il faut rappeler que les sionistes, et notamment les "modérés" d’entre eux, ont évité, la plupart du temps, d’utiliser le terme "expulsion", car il porte les caractéristiques de la sauvagerie et de la violence, le remplaçant par des termes portant la même signification, tout en la rendant acceptable, comme "transport", "échange de populations", "ré-implantation" et "allègement de la densité de la population".

Opinions des théoriciens sionistes

Tout en traçant les larges lignes du programme sioniste visant à fonder l’Etat en Palestine et ses alentours, le fondateur du mouvement sioniste, Théodore Herzl a écrit en 1897, dans ses mémoires, à propos de l’attitude du mouvement envers les Arabes Palestiniens, disant : "Nous essayerons de transporter les couches les plus pauvres au-delà des frontières, tranquillement, sans susciter de remous, en leur fournissant du travail dans les Etats où ils seront transportés. Mais nous ne leur accorderons pas du travail dans notre pays" (Oeuvres de Théodore Herzl, [en hébreu], Tel Aviv, 21 juin 1897, premier volume.)

Ce qu’a écrit Herzl, dans son journal, calmement et sans précipitation, sans citer le terme "arabes" ou "palestiniens", a été exprimé avec fougue par Yisrael Zengwill, l’un de ses premiers collaborateurs. En 1897, Zengwill a visité la Palestine et a observé la situation, remarquant la présence du peuple arabe palestinien. Et, partant de l’idée que la Palestine et ses alentours doivent être un pays pour les Juifs seulement, il a appelé à l’expulsion des Palestiniens par la force. Il a indiqué, dans un de ses discours publics, à New York, que la "terre d’Israël est habitée par les Arabes".

Il a ajouté "Nous devons nous préparer à les expulser du pays par la force des armes, tout comme l’ont fait nos pères avec les tribus qui y vivaient, sinon, nous nous trouverons face à un problème, représenté par la présence d’une population d’étrangers, nombreuse, à majorité musulmane, qui se sont habitués à nous mépriser depuis des générations. Aujourd’hui, nous ne représentons que 12% de l’ensemble de la population, et nous ne possédons que 2%, seulement, de la terre".

L’attitude sioniste hostile et appelant à l’expulsion des Arabes ne s’est pas limitée à Herzl et Zengwill, elle a également été partagée par le courant sioniste de gauche. Un an après la fondation du mouvement sioniste, Nahman Sirkin a publié en 1898 un pamphlet portant le titre de "La question juive et l’Etat juif socialiste", qui a posé les fondements du "sionisme socialiste", courant qui a dirigé le mouvement sioniste dans les années trente et qui a fondé et élargi l’Etat juif par la suite.

Abordant la question des moyens à suivre pour réaliser les objectifs du sionisme et fonder l’Etat juif, Sirkin propose le transfert des Arabes palestiniens vers les Etats voisins. Il demande aux sionistes de contacter les peuples soumis au pouvoir turc, de collaborer avec eux pour les libérer de leur oppression. Et après leur libération du pouvoir turc, "il y aura un échange de population de façon pacifique, en divisant le pays sur la base de nationalités. Et la terre d’Israël qui n’est pas surpeuplée, et où les Juifs constituent près de 10% de la population, doit être vidée pour eux" (Sirkin, oeuvres, en hébreu, tome premier, Tel aviv, 1939).

Borkhov, l’autre axe du courant sioniste de gauche, a partagé avec Sirkin sa négligence des Palestiniens arabes et sa négation de leurs droits nationaux en Palestine. En 1906, Borkhov publie quatre articles avec pour titre "Notre programme", qui ont contribué à développer les bases théoriques de ce qui fut nommé "le sionisme socialiste". Si Borkhov ne demandait pas l’expulsion des Palestiniens, comme l’a proposé son collègue, il a négligé leur présence et les a "évacués" de la Palestine et de leurs droits nationaux. "Les Palestiniens, selon Borkhov, ne résisteront pas au projet sioniste", car "ils sont dépourvus de toute structure économique ou civilisationnelle indépendante, ils sont divisés et morcelés... ils ne constituent pas un peuple". Plus, "ils savent s’adapter avec une grande facilité, et rapidement, avec une civilisation plus avancée que la leur, qui leur vient de l’extérieur". Borkhov conclut que "les Palestiniens, avec le temps, seront intégrés, économiquement et civilisationnellement, au sein des colons sionistes, et par conséquent, ne constitueront pas un problème arabe à l’intérieur de l’Etat juif" (Borkhov, Oeuvres, en hébreu, premier volume, 1955).

Tous les dirigeants et théoriciens du mouvement sioniste furent unanimes, et notamment au cours des premières décennies du XXème siècle, pour ignorer le peuple palestinien, négliger sa présence et ses droits nationaux sur sa patrie. Cette ignorance et négligence ont atteint un tel point que l’écrivain et penseur juif, Isaac Ipstein a été obligé de lancer un cri d’alarme, ce qui l’a placé en situation minoritaire et l’a exposé à une attaque virulente de la part des dirigeants colons sionistes.

En 1906, Ipstein écrit un article dans un journal hébreu en Palestine, ayant pour titre "La question inconnue" où il critique violemment la politique et les pratiques du mouvement sioniste envers les Palestiniens, et notamment les moyens d’arracher la terre aux Palestiniens et leur expulsion. Il a critiqué avec virulence les dirigeants sionistes qui "se préoccupent de questions élevées" alors que "la question de ce qui existe en Palestine, ses ouvriers, ses paysans, ses maîtres réels, n’a pas été soulevée, ni dans la pratique, ni en théorie", et cela parce que les dirigeants sionistes nient qu’il "existe dans ce pays un peuple entier qui s’y accroche depuis des centaines d’années, et qui n’a pas du tout l’intention de s’en aller ailleurs" (Ipstein, La quetion inconnue, 1907).

La tentative infructueuse d’Ipstein, fut une quête de la conscience égarée et une mise en garde adressée aux colons sionistes de la négligence des Arabes, ce qui conduirait à des résultats dont les conséquences seraient désastreuses, mais elle fut accueillie par la colère des colons, surtout qu’il n’a pas hésité à louer les qualités des Arabes. Plusieurs écrivains et dirigeants sionistes lui ont répondu, considérant ses idées comme un danger national, et proclamant de nouveau leur attachement aux objectifs sionistes visant à constituer une majorité juive et une "patrie nationale" en Palestine.

Dans ce climat, Arthur Rubin présente au comité exécutif du mouvement sioniste, suite à un voyage effectué en Palestine en 1907, un plan où il propose la formation d’une majorité juive dans plusieurs régions de la Palestine, puis de les relier entre elles par le biais de la colonisation.

Les conséquences de la déclaration Balfour

La déclaration Balfour, ainsi que la mise en place du mandat britannique, a renforcé la position du mouvement sioniste, notamment celle qui consiste à ignorer la présence palestinienne et à nier leurs droits nationaux. La déclaration Balfour a fait la promesse de fonder "un Etat national" pour les Juifs en Palestine, ignorant les droits nationaux du peuple arabe palestinien, qui représente la majorité absolue de la population du pays. Max Nordau, dont l’influence était grande au sein du mouvement sioniste et qui était le bras droit de Herzl, fut le premier à avoir formulé l’attitude du sionisme envers les Arabes Palestiniens, après la déclaration Balfour. Au cours des trois années suivant la déclaration, Nordau a posé les principes de base que Jabotinsky, fondateur du mouvement révisionniste, a plus tard développé.

Nordau a appelé à renforcer et à développer la colonisation sioniste en Palestine, en s’écartant et en isolant sa population autochtone. Il a distingué entre le niveau pratique que le mouvement sioniste doit appliquer envers les Palestiniens et entre la position de principe sur la souveraineté en Palestine et aux alentours. Sur le plan pratique, Nordau a essayé de calmer les Palestiniens en les "rassurant" sur le fait que le sionisme ne vise pas à les arracher, pour éviter de les mobiliser contre le projet sioniste. Quant à la position de principe, Nordau a insisté très fermement sur le fait que les Juifs avaient un droit historique et la souveraineté sur la Palestine. Et pour réaliser "ce droit historique", ce qui signifie la souveraineté juive sur la terre palestinienne, il a appelé à apporter plus d’un demi-million de colons juifs, immédiatement, en Palestine, afin que les Juifs deviennent la majorité dans le pays, ajoutant "tant que les Juifs ne constituent pas la majorité, en Palestine et ses alentours, leur ’droit historique’ et leur souveraineté sur le pays sera toujours l’objet d’interrogation" (les positions de Nordau sont expliquées dans ses oeuvres, tome quatre, al-Quds, 1962).

Deuxième partie

La commission Peel et l’idée de transfert

Benjamin Jabotinsky, fondateur et dirigeant du courant révisionniste dans le mouvement sioniste, - courant qui s’est opposé au courant travailliste et a pris ses distances de l’organisation sioniste mère, en fondant une organisation sioniste parallèle, pour une période, et qui a pris le pouvoir en Israël en 1977, sous la direction de Menahim Begin, "élève" et "successeur" de Jabotinsky - a repris les opinions de Max Landau tout en les développant et les modifiant.

En 1923, Jabotinsky publie deux articles intitulés "à propos du mur de fer" et "la moralité du mur de fer", où il fonde les bases théoriques du mouvement révisionniste, définit l’attitude envers la Grande-Bretagne, l’attitude envers les Arabes et la politique de l’administration sioniste.

Jabotinsky a considéré qu’il ne pouvait parvenir à un accord entre le mouvement sioniste et les Arabes Palestiniens, ni en son temps, ni dans un avenir proche, par rapport à sa génération, à cause de la nature humaine et les leçons de l’histoire. Il n’y a jamais eu, dans l’histoire humaine, un accord de plein gré, de la part d’une population autochtone, pour accepter des colons venant de l’extérieur, et renoncer à leur souveraineté sur leur pays. Il a affirmé que ce principe s’appliquait aux Arabes palestiniens qui connaissent les buts et les dangers que représente le sionisme pour eux, qui s’y opposent et qui résistent contre ses premières manifestations, en Palestine.

Il se moquait des sionistes qui considéraient que pour réaliser le sionisme, les Arabes devaient être d’accord. Il les appela à admettre qu’une telle condition était impossible à réaliser, à moins d’abandonner le sionisme. Il a même exposé son idée de manière plus vive, lorsqu’il a affirmé que la colonisation sioniste devrait soit être stoppée soit être poursuivie sans prendre en compte ni s’arrêter à l’attitude des habitants autochtones. Il atteint son but en déclarant qu’il "était possible à la colonisation de se développer, sous protection d’une force non liée aux habitants autochtones, derrière un mur de fer, que les habitants autochtones ne pouvaient percer". Le mur de fer dont Jabotinsky parlait était la force militaire juive officielle.

Jabotinsky a posé comme conditions pour la réalisation des buts sionistes et la création d’un Etat Juif en Palestine et aux alentours la fondation d’une force militaire juive officielle qui impose le projet sioniste aux Arabes. Il a affirmé que le but du sionisme était et restera la formation d’une majorité juive sur la "terre d’Israël". Pour réaliser ce but, Jabotinsky a appelé à renforcer la collaboration avec la Grande-Bretagne et l’instauration d’un "mur de fer", qui assurera la protection pour accueillir 50 000 immigrants juifs par an, pendant trente ans, à partir du milieu des années 20. Il a proposé d’accorder une autonomie aux Arabes Palestiniens lorsque les Juifs deviendraient une majorité et fonderaient leur Etat juif.

La commission Peel et l’expulsion

Suite à la révolution de 1936 dont l’ampleur s’était accrue, le gouvernement britannique pris l’initiative de constituer la commission d’enquête Peel, pour étudier la situation en Palestine, surnommée commission Peel, du nom de son fondateur, Lord Peel.

La commission proposa dans son rapport présenté au gouvernement britannique, adopté au mois de juillet 1937, le partage de la Palestine en deux Etats, un Etat Juif qui occuperait 20% de la surface de la Palestine et un Etat arabe sur le reste de la surface de la Palestine et la région à l’est du Jourdain. Bien que les recommandations de la commission Peel échouèrent comme les suivantes, elles prirent cependant de l’importance, à cette époque, car elles ont ajouté le caractère légal à trois questions essentielles :

  • 1 - La demande de l’instauration d’un Etat juif en Palestine, ce que le mouvement sioniste n’avait pas osé demandé, officiellement, même s’il avait appelé à la fondation d’une "patrie nationale juive" en Palestine.
  • 2 - Le rattachement des régions palestiniennes non incluses dans l’Etat juif proposé à l’est du Jourdain.
  • 3 - La demande d’un échange de population entre l’Etat juif et l’Etat arabe.

La commission Peel a mentionné qu’il se trouve, à l’intérieur de la superficie qu’elle a réservée à l’Etat juif, plus de 225 000 Arabes alors qu’il se trouve à l’intérieur de l’Etat arabe proposé 1 250 Juifs. La commission a considéré que la présence de ce nombre d’Arabes à l’intérieur de la superficie réservée à l’Etat Juif ne peut qu’entraver la création d’un Etat Juif, et de ce fait, la partition. Elle a donc proposé une solution pour réussir la partition, qui serait l’expulsion de la majorité des Arabes par la force sous couvert d’"échange de population".

L’attitude de David Ben Gourion

Les recommandations de la commission Peel ont suscité un vif débat au sein des dirigeants sionistes. Les premières réactions sionistes furent fortement opposées aux recommandations qui divisent "la terre d’Israël" et accordent aux Juifs "une petite part" seulement, mais l’opposition va aller s’amenuisant, progressivement, jusqu’à devenir un soutien réservé à la réalité de la recommandation du comité, soit l’expulsion des Arabes Palestiniens de l’Etat juif proposé.

On peut remarquer la transformation de l’attitude sioniste en suivant celle du dirigeant du courant sioniste travailliste, David Ben Gourion. Au début, Ben Gourion a nettement refusé les recommandations de la commission Peel, lui collant tous les attributs négatifs, mais cette attitude a progressivement changé pour adopter un soutien réservé. Cette transformation de son attitude était due à sa conviction que si les sionistes exerçaient des pressions sur le gouvernement britannique pour exécuter l’expulsion, il n’y aurait plus d’entraves véritables à la fondation d’un Etat Juif.

Ben Gourion a accordé une grande importance aux recommandations d’expulsion faites par la commission Peel, et a affirmé que le mouvement sioniste devait s’appuyer sur "la recommandation tout comme nous nous sommes appuyés sur la déclaration Balfour, comme nous nous appuyons sur le sionisme lui-même. Il nous faut tenir à cette recommandation, de toutes nos forces, notre volonté et nos espoirs, car cette recommandation, parmi les autres, contient les indemnités des parties du pays qui nous sont arrachées... L’article de l’expulsion est, à mon avis, plus important que l’ensemble de nos revendications pour augmenter la superficie... Si nous n’avons pas les moyens de sortir les Arabes qui sont parmi nous, et les transférer vers les régions arabes, ce que propose la commission britannique, nous ne pourrons plus le faire avec cette facilité (si nous avions pu le faire) après la création de l’Etat, lorsque le monde hostile sera en train de nous regarder, pour surveiller notre comportement envers notre minorité". (Ben Gourion, mémoires).

Berl Katznelson, le théoricien de la gauche sioniste dont les partisans défendent les qualités morales et les positions de principe, a approuvé les opinions de Ben Gourion concernant l’expulsion. Dans le feu des discussions sur les recommandations de la commission Peel, il a mentionné, dans une réunion du comité exécutif de l’organisation sioniste, que "la question de l’expulsion a suscité une discussion vive parmi nous, est-elle permise ou interdite ? Ma conscience est très tranquille. Un voisin éloigné est meilleur qu’un ennemi proche. Eux ne perdront pas après leur transfert, et nous, évidemment, nous ne perdrons pas. Cette question est, en dernière analyse, une réforme politique coloniale, pour l’intérêt des deux parties. Je considère que c’est la meilleure solution. Et au moment de la révolte, je fus certain que cette question devait être suscitée un jour. Mais, je n’avais pas pensé que le transfert serait vers l’extérieur de "la terre d’Israël", je pensais plutôt à la région près de Nablus, et je suis encore convaincu qu’ils seront transférés, dans l’avenir, vers la Syrie et l’Irak"

Unanimité nationale pour le transfert

Avec l’accentuation du conflit entre sionistes et Palestiniens, une unanimité "nationale" fut constituée, au sein des partis sionistes en Palestine, pour expulser le peuple palestinien vers les Etats arabes, et notamment vers la Syrie et l’Irak. Cette unanimité fut dirigée par le parti Mapaï qui a dirigé le mouvement sioniste, puis l’Etat d’Israël, dès 1933 jusqu’en 1977, et qui a regroupé dans ses rangs, dans les années trente, le parti Ahadot Hafoda, plus dur envers les Arabes, qui a fait scission du Mapaï pour se retrouver avec le Mapam dans les années 40, puis qui a quitté ce dernier pour être indépendant dnas les années 50 et revenir au giron du Mapaï en 1965.

Cette unanimité n’a pas exclu de ses rangs le courant travailliste sioniste, le parti Mapam, qui s’appelait Hashomer Hatsaïr (le jeune gardien) à cette époque, et qui chantait la fraternité arabo-juive, et levait le mot d’ordre de la fondation d’un Etat binational pour les Arabes et les Juifs. L’attitude de ce parti peut être comprise à partir de celle de Aharon Cizling, l’un des dirigeants du parti, qui a affirmé : "je ne nie pas notre droit moral à proposer l’échange de population. Il n’y a aucune atteinte morale dans cette proposition qui vise à rassembler et à développer une vie nationale... Cela peut arriver dans le cadre d’un nouvel ordre mondial. Il a indiqué que la question de l’échange de population n’est pas pratique dans ces conditions, mais a affirmé que sur le long terme, il est logique qu’il y ait un échange de population entre les habitants de "la terre d’Israël" d’une part et les Etats arabes de l’autre, par le transfert des Juifs de ces Etats vers la "terre d’Israël".

En plus du courant des partis travaillistes sionistes, l’expulsion a été soutenue par les dirigeants des partis sionistes "généralistes", dirigés par Haïm Weizmann, premier président de l’Etat d’Israël, qui ont visé à "transformer la Palestine en un Etat Juif entièrement pur comme l’Angleterre est anglaise".

De même, l’organisation Lehi (les combattants pour la liberté d’Israël), connue également par la bande Stern, a demandé l’expulsion des Palestiniens. L’article 14 des principes fondamentaux du mouvement, écrits par son fondateur et théoricien Abraham Stern, qui fut remplacé à sa mort, par une direction tripartite, dont Ishaq Shamir, est explicite à ce propos parlant de la "résolution du problème des étrangers par le biais de l’échange de population".

A la fin des années trente, une unanimité sioniste appelant à l’expulsion fut constituée, avec l’adhésion de Jabotinsky à cet appel, dans une lettre envoyée à la veille du décès de l’un de ses collaborateurs en Palestine. Dans ces conditions, quelques activistes indépendants ont affirmé leurs points de vue spécifiques sur cette question. Le plus connu étant Abraham Sharon, auteur de la théorie "du sionisme sauvage" qui a appelé à l’expulsion définitive des Arabes en direction de l’Irak, "afin qu’il ne reste dans notre Etat qu’un faible nombre d’individus et de catégories qu’il est impossible de transférer d’une quelconque manière".

Troisième partie

Après la phase de diffusion de l’idée d’expulsion, de l’appel à agir en fonction et de son adoption, le mouvement sioniste a pris un autre pas pour sa réalisation, en désignant une commission spécialisée nommée "commission du transfert", dont la tâche est de mener des études et de planifier une opération globale de "transfert" des Palestiniens et leur expulsion hors de la Palestine, lorsque l’occasion se présenterait.

La diffusion de l’idée d’expulsion des Palestinien, l’appel à agir dans ce sens et sa planification ne se sont pas limités au mouvement sioniste et à la société des immigrés et des colons en Palestine, mais se sont étendus pour englober de larges secteurs et couches de la population en Europe et aux Etats-Unis, ayant leur poids dans leurs Etats.

Par exemple, le parti travailliste britannique, soumis aux intérêts sionistes pendant une longue période, réclama lors de son congrès géénral tenu en 1944, non seulement l’expulsion du peuple arabe palestinien de sa patrie, mais l’élargissement des limites de l’Etat juif dont il réclamait la fondation, pour inclure, en plus de la Palestine, de larges régions de la Transjordanie, de la Syrie et du Liban (A. Hafiz Muharib, Les relations entre les organisations sionistes armées, Beirut, centre de recherches de l’OLP, 1981). De même, Edward Norman, Juif fortuné, et décrit comme non sioniste, a appuyé l’idée d’expulsion des Palestiniens vers l’Irak et a agi pour exécuter ce plan.

Dans le cadre de ses efforts pour réaliser ce but, Norman va mobiliser plusieurs personnalités influentes en Europe, l’un d’eux étant le célèbre journaliste Montagu Peel, qui avait des relations étroites avec la direction britannique. Pour ce faire, il va visiter l’Irak pour étudier la situation de près, rencontrer les membres du gouvernement irakien et les convaincre de l’idée d’expulsion, en contrepartie de sommes d’argent, mais ses efforts échouèrent.

Attitude du président américain

Outre ces tentatives, une autre eut un grand impact sur l’opinion publique américaine, qui a admis l’idée d’expulser les Palestiniens de leur patrie. Le héros de cette tentative fut le président Hoover, 1925-1933 qui appela à transférer les Palestiniens vers l’Irak, et de constituer une caisse internationale pour donner des aides financières à l’Irak pour qu’il accepte l’expulsion des Palestiniens.

L’auteur de cette idée et initiative sioniste n’est autre qu’Ilyahu Ben Hourin, l’un des cadres du mouvement révisionniste sioniste qui était journaliste aux Etats-Unis et conseiller du conseil sioniste américain pour les affaires du Moyen-Orient. Il avait publié les bases de son plan pour la première fois dans son livre "le Moyen-Orient" paru en 1943. Il y a demanda de chasser les Palestiniens vers l’Irak. Il s’était réuni avec le président américain, Hoover, et lui avait montré le plan. Hoover fut enthousiasmé par ce plan qu’il a annoncé dans le New York Times, dans une interview menée par le journal. Après la diffusion de cet interview, le plan d’expulsion des Palestiniens fut connu par le "plan Hoover".

Ce plan suscita un grand intérêt dans les milieux américains, et reçut l’approbation de plusieurs sénateurs et députés, écrivains et journalistes ainsi que d’autres secteurs ayant une influence dans la société américaine. Après la deuxième guerre mondiale et le déclenchement de la guerre froide, Hoover essaya d’intégrer son plan au plan Marshall, et de consacrer 50 millions de dollars du plan marshall pour son propre projet, mais il échoua.

L’attitude de Husni Za’im

Il est important de noter que les sources israéliennes citent que le gouvernement israélien avait entrepris de mener, en 1949, des négociations avec le général Husni Za’im, qui parvint au pouvoir après son coup d’Etat militaire le 30 mars 1949, pour transférer les réfugiés palestiniens vers la Syrie. Ces sources ajoutent que Za’im proposa d’installer 350 000 réfugiés palestiniens en Syrie, mais les négociations entre les deux parties furent stoppées, et échouèrent.

Après la formation d’une unanimité sioniste générale pour expulser les Arabes palestiniens, et lorsque la question palestinienne atteignit le point crucial, en 1947-48, et dans le cadre de l’approbation de secteurs et élites influentes en Europe et aux Etats-Unis de l’idée d’expulsion des Palestiniens de la Palestine, les organisations militaires sionistes, puis l’armée israélienne, exécutèrent l’exécution de 750.000 Palestiniens, à la veille de la création de l’Etat d’Israël.

Tentatives de transfert après la création de l’Etat sioniste

A peine la guerre de 1948 s’est-elle achevée que des voix se sont élevées, en plein jour, demandant l’expulsion du reste des Palestiniens de l’Etat d’Israël, nouvellement fondé. La voix la plus insistante demandant à parachever l’expulsion fut celle d’Abraham Sharon, qui a consacré le reste de sa vie à inciter et appeler à se débarasser des Arabes Palestiniens. En 1949, Sharon publia ses idées dans un livret intitulé "Observations racistes concernant les Arabes", où il explique ses attitudes racistes appelant à chasser les Arabes, en insistant sur l’impossibilité d’une coexistence pacifique entre une majorité juive et une minorité nationale arabe. Selon lui, la coexistence pacifique entre les deux peuples est en contradiction avec la nature humaine, car celle-ci tend à l’harmonie entre l’individu et les membres de sa communauté, et non avec la partie opposée. Il en tira pour conclusion que le maintien des Arabes en Israël, même si leur proportion est faible, crée un Etat binational en réalité, ce qui est en contradiction avec le sionisme. Et pour mettre une solution finale à ce problème qui a préoccupé son esprit, il demande le déracinement du reste des Arabes palestiniens et leur expulsion vers les Etats arabes. En 1950, Sharon discuta, une fois encore, la question de la présence des Arabes en Israël et critiqua avec virulence la politique du gouvernement israélien accusé de refuser l’expulsion, d’accepter la présence des Arabes, et de préparer à créer une direction parmi eux qui lui serait partisane (Abraham Sharon, 10/11/1950 la sortie d’Israël).

En 1951, A. Sharon revint à la charge et critiqua la position du gouvernement israélien envers les Arabes palestiniens en Israël, et notamment parce qu’il n’a pas expulsé les Palestiniens de la régio n du Triangle, que le roi de la Transjordanie a remis à Israël en avril 1949 (Sharon, A. Le pharaon d’Israël, 15 mars 1951).

Projets de transfert vers la Lybie et l’Argentine

Alors que Sharon et d’autres sionistes lançaient leurs critiques contre le gouvernement israélien, l’accusant de faiblesse envers l’expulsion du reste des Palestiniens, le gouvernement israélien qui fredonnait, publiquement, les slogans de paix, préparait à expulser les Palestiniens, sans susciter de remous. Entre 1949 et 1953, les autorités israéliennes ont expulsé vers les pays arabes, les habitants de près de 23 villages de Galilée, du Triangle et du sud de la Palestine, et ont détruit leurs villages (S.. Jiries, les Arabes en Israël, trad. en français dans les années 70, écrit en 1966). Lorsque les autorités sionistes réalisèrent combien il était difficile de poursuivre l’expulsion des Palestiniens, à cause des réactions suscitées, arabes et internationales, elles mirent au point des plans secrets visant à expulser les Palestiniens vers la Lybie et l’Argentine.

le 25 août 1951, Yosef Weitz, directeur du Département des forêts et de l’exploitation des terres dans le Keren Keymet, qui a consacré la majeure partie de sa vie à appeler et à agir pour l’expulsion des Palestiniens, s’est réuni avec Isaac Navon, un activiste du parti Mapaï, qui devint plus tard président de l’Etat d’Israël, et Yacob Tsour, ambassadeur d’Israël en Argentine, qui fut plus tard ministre dans le gouvernement israélien, pour étudier le plan Weitz visant à expulser les Arabes Palestiniens de la Galilée. (Journal de Weitz, vol. 4).

Trois jours plus tard, Weitz et Tsour rencontrent le ministre israélien des Affaires étrangères, Moshé Sharett, pour la même raison. A la fin de la réunion, il est décidé d’envoyer Weitz en Argentine pour étudier la situation, étudier les possibilités d’installer les Palestiniens dans des zones agricoles, après que Ben Gourion, premier ministre, ait pris connaissance des détails du projet. Le 31 août, Ben Gourion approuve le projet d’expulsion proposé par Weitz (idem).

Au cours de l’hiver 1951, Weitz se rend en Argentine et réussit à trouver une grande superficie de terre, de 600 000 dunums, propriété d’un Juif sioniste qui déclara être prêt à la mettre à disposition du gouvernement israélien avec une contrepartie financière pour exécuter l’expulsion. Suite à cela, Weitz n’avait plus qu’à mettre son plan à exécution, en rencontrant les victimes et essayer de les convaincre d’être expulsés, en leur proposant quelques dons.

En mars 1950, Weitz et d’autres respons ables sionistes avaient visité le village de Galilée, JIsh, et rencontré quelques uns de ses habitants, essayant de les convaincre de son projet et d’émigrer en Argentine. Après avoir longuement parlé de l’Argentine, la présentant comme étant "le paradis sur terre", l’un des Palestiniens lui répondit : "Il n’y a pas meilleur que notre pays. Nos montagnes sont plus belles que leurs plaines. Tout rocher donne une plante et toute pierre offre un fruit".

Weitz a décrit ses sentiments lorsqu’il a entendu le Palestinien, que personne n’avait contesté, disant qu’il fut pris de frisson et de nausée en découvrant qu’il était impossible d’expulser les Palestiniens (idem), sans pour autant poursuivre les efforts dans ce sens.

Le gouvernement israélien poursuivit ses efforts pour expulser les Palestiniens après l’échec du projet de Weitz. La commission de transfert, appelé parfois la commission des réfugiés, poursuivit ses efforts pour trouver les moyens de se débarrasser des Arabes palestiniens en Israël, et d’installer les réfugiés palestiniens dans les pays arabes (idem.) Weitz dévoila, dans son journal, l’existence de cette commission qui a regroupé, avec lui, plusieurs spécialistes et dirigeants israéliens, comme Ezra Denin, Ilyahou Sasson, Yehousha Belmon, Teddy Kollek. Il ajouta que cette commission avait mis un plan, à la fin de 1955, approuvé par le gouvernement israélien, visant à expulser les Palestiniens vers la Lybie. Plusieurs officiels israéliens se rendirent en Lybie, en 1955 et 56, pour y étudier la situation et y acheter des terres pour installer les Palestiniens. Mais ce fut également l’échec.

Quatrième partie

Le transfert après la guerre de juin 1967

L’euphorie de la victoire et le délire de la société israélienne et de ses divers partis se sont généralisés après la guerre de juin 1967, du fait de la défaite des armées arabes et de l’occupation de larges territoires arabes. Ce qui a contribué à répandre ce délire mêlé à la folie de grandeur est la chute de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza, et de régions arabes sous occupation israélienne, que le mouvement sioniste et l’Etat d’Israël ont toujours considérés comme faisant partie de la "terre occidentale d’Israël", ouvrant ainsi les appétits de l’expansion, la judaïsation et l’annexion. Dans ce climat, deux semaines après la fin de la guerre, le gouvernement israélien a tenu une réunion spéciale pour définir sa politique selon les nouvelles données.

Jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été découvert, officiellement, de ce qui a été convenu lors de cette séance. Mais le chercheur israélien, Meir Avidan a publié une partie de cette séance du gouvernement, après avoir lu les journaux particuliers de Jacob Hertzog, qui était à l’époque directeur général du premier ministre israélien. Les renseignements indiquent que le gouvernement israélien a discuté, en détail, la "question démographique", ou le "problème" de la présence des Palestiniens dans les territoires occupés, ce qui constituait des entraves à l’annexion par Israël de ces régions. Au cours de la discussion et de l’étude de ce "problème", plusieurs propositions et solutions pour se débarrasser de ce qu’ils ont appelé "le danger démographique" ont été avancées, dans le but de surmonter ces entraves qui empêchent l’annexion des régions palestiniennes occupées.

Pinhas Sapir, soutenu par Abba Eban, et tous les deux sont les colombes à l’intérieur du parti travailliste, ont proposé de chasser les réfugiés palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, et de les "réinstaller" dans les pays arabes, et notamment en Syrie et en Irak. Quant à Menahim Begin, il a réclamé, dans cette séance, de commencer par détruire les camps palestiniens dans les régions occupées, et "transférer" leurs habitants vers le désert du Sinaï.

Des sources israéliennes affirment que l’esprit de la séance était en parfaite harmonie avec les idées du vice premier ministre israélien, Ygal Allon, qui a appelé à transférer les réfugiés palestiniens vers le Sinaï et les Etats arabes.

Un organisme spécial pour expulser les Palestiniens

Les sources israéliennes ne mentionnent pas si le gouvernement israélien a informé les Etats Unis et les autres Etats de leur volonté d’expulser les Palestiniens, mais il semble que la crainte des réactions internationales, et arabes, ainsi que les coûts de transport et de réinstallation dans le Sinaï ont empêché l’exécution de ce plan d’expulsion collective des Palestiniens, plan qui a été mis en attente, pour être remplacé par un autre, secret, visant à chasser, progressivement les Palestiniens des régions occupées.

Suite à la guerre de 1967, le gouvernement israélien a mis en place un organisme spécial, avec la participation de plusieurs ministères, chargé d’expulser les Palestiniens des régions occupées vers l’Amérique du Sud et la Libye. Il est présidé par le ministre de la Guerre, Moshe Dayan (la participation active de Dayan à ce plan a été dévoilée dans une conférence de Raanan Weiss, au centre International pour la paix au Moyen-Orient, Tel Aviv, 2/6/1985).

Les sources israéliennes rapportent que cet organisme a acheté des terres au Brésil, au Paraguay et en Lybie au cours des deux années qui ont suivi la guerre, préparant l’expulsion des Palestiniens. Ces sources ajoutent que cet organisme, avec ses multiples moyens, utilisant "la carotte et le bâton", forçant 1 000 Palestiniens de la Bande de Gaza à se diriger vers le Paraguay, offrant à chaque famille un passeport pour une seule direction, la somme de 4 000 dollars et de nombreuses promesses, comme l’obtention de nouveaux passeports et la possibilité de travailler. Mais il semble cet organisme n’ait pas honoré ses promesses aux victimes, ce qui a contraint certains à riposter. En mai 1970, un "inconnu" entre au consulat israélien au Paraguay et réclame une rencontre avec le consul israélien, Moshe Veron.

Lorsque le consul accepte de le rencontrer, cet inconnu tire des coups de feu, et dans des conditions obscures, tue une personne et touche une autre, avant de s’enfuir. Il ne fut pas retrouvé. Des sources israéliennes informent que cet inconnu n’est autre que Talal Dimassi, un des citoyens de Gaza que l’organisme a fait voyager au Paraguay. Elles ajoutent que lorsque Tatal et ses confrères se sont aperçus que l’organisme n’a pas l’intention d’exécuter ses promesses, lui et d’autres collègues ont décidé d’attaquer le consulat, ce qui a mis fin au plan téméraire de l’organisme.

"le problème démographique"

Depuis son occupation du reste de la terre palestinienne, en 1967, Israël fait face à un problème essentiel qu’il n’a pu résoudre, ou surmonter, jusqu’à présent. Le gouvernement israélien et le mouvement sioniste, avec tous ses partis, considèrent que la Cisjordanie et la bande de Gaza font partie de "la terre occidentale d’Israël" et de ce fait, la doctrine sioniste revendique l’annexion de toutes les régions à l’Etat d’Israël.

Le problème rencontré, et qui continue à faire face, est le fait qu’Israël, s’il annexe ces régions, à partir et en harmonie avec les principes et les bases sionistes, fonde un Etat binational, où les Arabes palestiniens représentent la moitié de la population, ce qui met fin au projet sioniste visant à fonder un Etat uni-national. D’autre part, le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 représente une contradiction avec les bases sionistes considérant que ces terres font partie de "la terre occidentale d’Israël". Le problème devient plus aïgu avec la croissance naturelle des Palestiniens, qui est trois fois supérieure aux Juifs israéliens.

Sur la base de ce problème, appelé "problème démographique", deux courants israéliens principaux se dégagent pour essayer de résoudre la "question démographique" et lui trouver une solution correspondant aux buts sionistes. Le premier courant est représentant par le parti travailliste israélien et ses alliés, les petits partis sionistes de gauche, et le courant représentant par le Likoud et ses alliés, de la droite sioniste religion ou de la droite sioniste extrémiste.

Comme dans toutes les situations, lorsque les difficultés s’amoncellent, le parti travailliste, dans sa recherche d’une solution à ce problème, a eu recours au régime jordanien que le parti travailliste considère comme son allié historique, avec lequel il partage des intérêts communs et fixes, représentés par leur refus de reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien, et notamment le droit à l’autodétermination et à la création d’un Etat palestinien indépendant.

En juillet 1967, Ygal Allon propose un projet pour tenter de sauver Israël du danger démographique. Ce projet fut modifié en juin et décembre 1968, puis en décembre 1969 et septembre 1970. Le plan Allon propose de parvenir à un accord régional entre Israël et la Jordanie, Israël annexant les zones relativement peu peuplées en Cisjordanie et la Bande de Gaza, et le roi de Jordanie installant de nouveau sa domination sur les régions palestiniennes peuplées, et les annexant à son royaume. Le plan Allon, appelé parfois l’alternative jordanienne, qui constitua, en fait, pour plusieurs décennies, la base du programme du parti travailliste, est une tentative de parvenir à une solution moyenne entre l’orientation de l’extension et l’appétit de l’annexion, d’une part et se débarrasser du problème démographique, de l’autre. Pour ce faire, le gouvernement israélien, dominé pendant cette période, jusqu’en 1977, par le parti travailliste, a évité de manière générale à installer des colonies sionistes dans les régions très peuplées tout en les installant plutôt dans les régions relativement peu peuplées, qu’il envisageait d’annexer.

Begin se moque du parti travailliste

Quant au Likoud et ses alliés, qui furent nombreux après l’occupation de la Cisjordanie et la bande de Gaza, à intégrer les partis religieux dont les positions se rapprochaient progressivement de ceux du parti Likoud, et qui faisaient même de la surenchère à ce dernier, alors qu’ils étaient historiquement proches du parti travailliste, ils n’ont pas porté une grande attention à la question démographique, s’attachant à la doctrine sioniste appelant à imposer la souveraineté israélienne sur "la terre occidentale d’Israël" et réclamant l’annexion des régions palestiniennes occupées.

Ce qui a aidé le camp du Likoud à gagner plusieurs points, et notamment au cours des premières années de l’occupation (67), lors des discussions sur la question démographique, fut que le courant de l’annexion et de l’extension dans le parti travailliste prit le dessus sur celui qui essayait de se débarrasser de la question démographique.

Répondant en 1968 aux prétentions du parti travailliste, affirmant que son programme apportait une solution à la question démographique, Begin se moque des travaillistes qui "nous disent que plus d’un million d’Arabes vont s’ajouter aux 320 000 Arabes et druzes, qui se trouvent dans Israël divisée, si nous refusons de partager la terre occidentale d’Israël... Mais lorsqu’on parle de la Bande de Gaza, dont la population s’élève à 340 000 Arabes, ils nous disent tous aujourd’hui : C’était à nous et il nous fut pris, mais nous y resterons à tout jamais... Lorsque nous parlons du Golan, ils nous disent : il sera à nous, et nous ne le lâcherons pas. Lorsque nous parlons de Jérusalem unifiée, où vivent 70 000 Arabes, ils disent, tous, elle a été unifiée et ne sera plus jamais divisée. Lorsque nous parlons d’al-Khalil, du mont al-Khalil et de ses habitants, qui sont supérieurs à 80 000 Arabes, ils disent, il est à nous. Quand nous parlons de Qalqylia et ses 9000 habitants arabes, ils nous disent : c’est à nous. Tel Aviv a été bombardé à partir de cette ville".

Ensuite, Begin exécute un calcul très simple, pour conclure que la carte du parti travailliste comprend près d’un million d’Arabes, mais exclut seulement 440 000 Arabes qui "à cause d’eux, ils nous font craindre le danger démographique". Il ajoute "Si cette supposition est juste, celle de dire qu’avec le chiffre d’un million, nous aurons une égalité entre le nombre d’Arabes et de Juifs, après 20 ans, sans les 440 000, nous y arriverons, disons, dans 27 ans. Est-ce cela, le problème démographique ? Un peuple qui vit sur 7 ans ?" (6 décembre 1968)

A partir des bases et principes du sionisme qui considère les régions palestiniennes et syriennes occupées comme faisant partie de "la terre occidentale d’Israël", et refusant d’accorder une grande place à la question démographique, le Likoud et ses alliés, constitués des petits partis, a appelé à "réaliser le droit historique, en imposant la souveraineté juive sur toutes les régions occupées pour les annexer à l’Etat des Juifs".

Il semble clair que les tentatives du Likoud de minimiser l’importance du problème démographique, pour faire croire qu’il n’a aucune influence sur sa politique envers les terres palestiniennes occupées, n’étaient pas justifiées sur le terrain.

Depuis son arrivée au pouvoir en 1977, le Likoud n’a pas appliqué la loi ni la souveraineté israéliennes dans les territoires occupés palestiniens, comme il avait appelé à le faire, et n’a pas osé les annexer à Israël, non pas par crainte des armées, des dirigeants ou des rois des Etats arabes, mais parce qu’il savait qu’un tel pas va le mener, tôt ou tard, à briser le projet sioniste et à mettre un terme à Israël, en tant qu’Etat Juif, pour le transformer en Etat arabo-juif.

Sous la direction du Likoud, le gouvernement israélien a annexé le Golan syrien en 1981, sans tenir compte des ripostes syrienne et arabe, non par parce qu’il considère qu’il a des droits historiques sur le Golan syrien occupé, plus que sur les terres palestiniennes occupées, mais fondamentalement, parce qu’il n’y a pas de forte densité de population dans le Golan, ce qui n’est pas le cas des régions palestiniennes occupées en 1967.

Cinquième partie

Autonomie et "résolution du problème démographique"

Dans une tentative de surmonter le "problème démographique" et résoudre la contradiction à laquelle il doit faire face, représentée par d’une part l’extension, l’annexion et l’imposition d’une souveraineté juive et de l’autre, la crainte d’une densité de population palestinienne, le Likoud a adopté des programmes d’autonomie, proposés par Menahim Begin, élève de Jabotinsky. En 1977, ce dernier propose aux Palestiniens, dans les territoires occupés (en 67) une administration autonome, pour les habitants seulement, avec le maintien de la souveraineté juive sur la terre. Dans cette perspective, le Likoud et ses alliés, les petits partis, ont construit des colonies à partir de 1977, dans les régions palestiniennes surpeuplées, afin de créer, progressivement, de nouvelles réalités sur le terrain en vue de modifier l’équilibre démographique dans ces régions, au profit des Juifs pour finalement les annexer et, d’autre part, pour mettre des bâtons dans les roues au programme du parti travailliste disposé à se passer de ces territoires surpeuplés au profit du royaume de Jordanie, s’il revenait au pouvoir.

Opinions des théoriciens sionistes

Au moment où le conflit entre les partis israéliens sionistes se déroulait pôur savoir quels seraient les meilleurs moyens pour résoudre l’impasse dans laquelle se trouve Israël depuis plus de 20 ans, un conflit parallèle se déroulait entre les penseurs, écrivains et experts israéliens, sur le même sujet. Au cours des décennies de l’occupation et à cause de cette impasse, des centaines d’articles, d’études et de livres israéliens furent écrits pour traiter ce problème, de tous les côtés, livrant à la pensée sioniste des courants et des propositions très graves, qui rappellent les solutions finales proposées et exécutées par les nazis envers les juifs eux-mêmes, lors de la propagation de l’antisémitisme en Europe.

Tout comme la simple présence des Juifs dans les sociétés européennes était considérée comme un problème pour les groupes et forces antisémites en Europe, la simple présence de l’Arabe palestinien dans sa patrie, quelles que soient ses opinions politiques ou sociales, quelles que soient ses activités, ou son âge, qu’il soit enfant ou vieillard, homme ou femme, calme ou résistant, pauvre ou riche, est considérée par les penseurs et les experts israéliens comme un grave problème menaçant Israël, et ils appelaient à s’en débarrasser.

Ils divergent cependant sur la manière de se débarrasser de ce "problème". On peut les distinguer en deux groupes principaux, le premier appelant au retrait, ou "la fuite", de larges parties des régions palestiniennes occupées en 1967 et le second appelant à garder ces régions occupées et chasser les Palestiniens, ou la majorité, vers l’extérieur.

A cause de la faiblesse arabe, tout penseur israélien, qui mettait en garde contre la possibilité de victoire d’une force arabe, dans l’avenir, à cause des potentialités et des possibilités des peuples arabes, était ridiculisé. Ce qui donna un élan à la pensée sioniste appelant à chasser les Palestiniens, ou la majorité d’entre eux, qui devint vite une pensée largement acceptée dans les milieux israéliens, préparant ainsi l’opinion à l’idée d’annexion. En fait, s’il y avait eu réellement un "mur de fer" arabe, ces discussions qui se déroulaient en Israël auraient pu être prises pour tout simplement un luxe intellectuel, et n’aurait même pas germé l’idée d’expulsion. Mais étant donné que la situation était complètement à l’opposé, le courant sioniste appelant à l’annexion considéra la présence palestinienne dans les territoires occupés comme l’entrave presque unique à l’annexion des territoires et à la fondation du "royaume d’Israël", sur la "terre occidentale d’Israël". Il se mit à exercer de fortes pressions en faveur de l’expulsion, occupant de plus en plus de place dans la société et les partis israéliens. Suite à la guerre de 67, les plus extrémistes des dirigeants sionistes, des penseurs et des experts se mirent à l’oeuvre pour résoudre ce "problème", et proposèrent des solutions qui semblaient simples, appelant au refus de se retirer de tout territoire palestinien occupé, de faire en sorte de se débarrasser des Palestiniens et les expulser. Ils ont publié leurs idées et leurs programmes dans les journaux et les revues israéliennes paraissant en hébreu, qui, à leur tour, ont rejoint ce climat délirant et arrogant, ayant dominé Israël après la guerre de juin 67.

Il n’est pas nécessaire de reprendre toutes les opinions exprimées à ce propos, réclamant l’annexion des territoires occupés. Nous nous contenterons d’en citer quelques unes, qui ont poursuivi, plus que d’autres, leurs campagnes. Parmi les auteurs les plus connus figurent Moshe Shamir, Yoval Naeman, Tsivi Shilwah, Eliazar Livne, Nathan Alterman, le rabbin Tsivi Yehuda Cook, Eliahu Amikam, Yehuda Don, Aharon Amir, Ishak Tabenkin, Azaria Alon, Rahel Siporai, Moshe Tabenkin, Zeev Weisel, Meir Barayli, Israel Dad, Ifraim bin Haiim, Aharon ben Ami, Abraham Hiller et d’autres.

Tsivi Shilwah, considéré d’habitude comme "expert" dans les affaires arabes, probablement parce qu’il a occupé le poste de gouverneur militaire de la Galilée après la création de l’Etat d’Israël, a réclamé dans une dizaine d’articles et d’"études" d’annexer les régions palestiniennes occupées et de chasser les Palestiniens. Dans un article écrit quelques mois après l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, Shilwah a mis en garde contre l’existence de "régions libérées" avec des centaines de milliers d’Arabes, car "la présence de ces habitants à l’intérieur des frontières d’Israël est une bombe à retardement au coeur même de l’Etat" et leur maintien dans ces régions expose Israêl à des dangers et représente un danger sur son caractère "national juif". Il conclut que "la seule solution est d’organiser leur expulsion et leur installation dans les pays arabes où il y a beaucoup d’eau et de terres, comme en Syrie et en Irak" (Davar, 2/7/67).

L’idée d’expulsion des Palestiniens, et notamment des réfugiés, s’ancra dans les esprits, et notamment dans celui du savant atomique Yoval Naeman, qui fut l’un des dirigeants du mouvement Hatihya. Il n’a cessé de réclamer l’application de cette proposition.

Poursuivant les discussions de plus en plus exacerbées pour résoudre cette "impasse", entre le courant réclamant une solution régionale moyenne et un retrait des régions surpeuplées et entre le courant réclamant l’annexion des régions palestiniennes occupées, les idéologues appartenant au deuxième courant menaient des études sur la question démographique et son importance, présentant des solutions dans le cadre des intérêts sionistes expansionnistes.

A ce propos, Abraham Hiller publia en 1970 un chapitre de son livre "A qui appartiennent les droits sur ce pays", sous le titre "le démon démographique", dans la revue Haoma, qui devint après 1967 la tribune des adeptes de l’annexion et de l’expulsion, où il minimisait l’importance du "danger démographique". Il commença son étude par répondre à ceux qui avançaient le slogan de "la paix en contrepartie de la terre", et qui s’appuyaient sur l’idée du danger démographique pour diffuser leurs propositions. Il demande : "Est-ce que notre situation démographique était meilleure à l’époque du mandat ? lorsque nous étions entre 60 et 80 milles, et que nous formions 10% de l’ensemble de la population du pays ? Surtout que l’émigration juive était, à cette époque, contenue et limitée par les intentions de l’administration britannique". Il ajoute, disant : "Si la direction du yishouv et du mouvent sioniste avaient fait des calculs démographiques en 1947, aurait-il été possible d’accepter la décision de partition et la création de l’Etat juif au moment où le nombre des Arabes dans la région consacrée à l’Etat juif était plus de 40 % ? S’ils avaient proposé, à cette époque, d’étendre nos frontières avec des régions habitées par des Arabes, n’aurions-nous pas accepté avec enthousiasme ?" avant de dire : "le peuple et sa direction ont pris à cette époque la décision de fonder l’Etat avec un grand enthousiasme, car ils ont cru dans l’idéologie sioniste, par la volonté de salut représentée par l’immigration et le regroupement de la diaspora, et leurs espérances n’ont pas été trahies" (Hiller, l’ombre démographique, Haoma, 1970).

Alors qu’il a totalement ignoré l’expulsion des Palestiniens, à la veille, au cours et après la création de l’Etat d’Israël, par la direction sioniste, qu’il a par ailleurs beaucoup louée, pour se débarrasser du danger de voir cet Etat devenir un Etat bi-national, Hiller a pris soin de noter le rôle de l’immigration juive en Israël, après sa fondation, qui se monte à des centaines de milliers d’immigrants, pour faire face au danger démographique. Il en conclut que l’immigration juive, et notamment celle d’Union soviétique dont il s’attend à l’augmentation, va jouer un rôle essentiel pour résoudre le problème démographique auquel fait face Israël du fait de son occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Puis il poursuit pour aborder la question de la différence de l’accroissement naturel des Arabes et des Juifs, la considérant "très inquiétante". L’accroissement naturel des Arabes atteint trois fois celui des Juifs israéliens, dit-il, et Hiller commente qu’il ne s’agit pas d’une "loi fixe", s’attendant à ce que cet accroissement diminue du fait des conditions économiques et sociales, et indiquant que l’émigration arabe de la Cisjordanie et de la bande de Gaza limitera cet accroissement, et par conséquent, améliorera l’équilibre démographique au profit des Juifs. Il a, de plus, compté sur la poursuite de l’émigration arabe vers l’extérieur.

Le parti travailliste empêtré dans ses contradictions et ses solutions extrêmes

Au moment où les adeptes de l’annexion et de l’expulsion poursuivaient la propagation de leurs idées, les faisant adopter par le public israélien sans ambiguité ni équivoque, s’appuyant sur la force israélienne, les dirigeants du parti travailliste furent atteints de désarroi, de confusion et d’extrémisme à la fois. La tendance à l’expansion et l’appétit de l’annexion, ainsi que les tentatives de se débarrasser des Palestiniens les ont attirés, dans la plupart des cas, loin de leurs programmes politiques officiels et proclamés, qui réclamaient une solution régionale moyenne. Au début de 1973, Ishak Rabin déclarait que "la question des réfugiés dans la bande de Gaza ne doit pas être résolue dans la bande, ou dans al-Arish (le Sinaï), mais dans la Transjordanie". Il a ajouté qu’il essayait de se débarrasser des réfugiés palestiniens vivant en Cisjordanie et agissait pour transférer la population arabe, non par l’utilisation de la force, mais en assurant les conditions permettant un déplacement de population naturel vers la Transjordanie au cours des dix ou vingt années prochaines" (Maariv, 16/ 2/73)

Pour avoir plus d’informations à ce sujet, lire (en anglais) :

http://www.geocities.com/CapitolHil...
"A historical survey of proposals to transfer Arabs from Palestine : 1895-1947"

et http://www.palestineremembered.com/...

http://www.arabs48.com
Traduit par le Centre d’Information sur la Résistance en Palestine (cirepal2005@yahoo.fr)


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