AMMAN - Le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, affirme jeudi dans une interview à l’AFP que les efforts de réconciliation entre son mouvement et la Fatah étaient dans une impasse à cause de l’ingérence des Etats-Unis et d’Israël.

Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, s’adresse à des étudiants à Damas, le 3 mai 2006. Photo : Louai Beshara (AFP/Archives)

"L’ingérence américaine et israélienne entrave la réconciliation", dit-il dans cette interview téléphonique, estimant que "la réconciliation est dans une impasse" car le parti rival Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a "refusé toutes les médiations palestiniennes et arabes".

M. Mechaal, qui vit en exil à Damas, affirme qu’"Israël menace le chef de l’Autorité pour l’empêcher de dialoguer avec le Hamas" et que "les Etats-Unis font pression sur toutes les parties dans la région pour empêcher toute rencontre Hamas-Fatah".

M. Abbas a, à plusieurs reprises, indiqué qu’il conditionnait l’idée d’un dialogue avec le Hamas à la remise préalable du pouvoir dans la bande de Gaza, que le mouvement islamiste a pris par la force le 15 juin après une semaine de combats avec les forces fidèles au Fatah qui ont fait plus de cent morts.

"Nous n’avons pas pris Gaza pour la rendre. Nous avons défendu notre légalité face à des +seigneurs de la guerre+ qui fomentaient un coup d’Etat avec l’aide des Américains et des Israéliens", rétorque M. Mechaal.

Il insiste toutefois sur le fait que "le dialogue est la seule solution pour sortir de cette crise interne". Ce dialogue devra aboutir à "la refonte des services de sécurité palestiniens" sous la tutelle d’un gouvernement national qui gouverne à Gaza et en Cisjordanie où est basée l’Autorité palestinienne.

M. Mechaal dénonce en outre les agissements du gouvernement palestinien de Salam Fayyad et "les appels aux Palestiniens de Gaza à se soulever contre le Hamas".

"Ceux qui comptent sur le soutien américain et israélien, qui ferment la porte à l’entente et se précipitent pour dialoguer avec les Israéliens (...) découvriront que leurs paris ne sont que des illusions", dit-il.

Les discussions entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne se sont accélérées depuis le limogeage du gouvernement d’Ismaïl Haniyeh issu du Hamas à la suite du coup de force du mouvement islamiste à Gaza et la nomination du cabinet Fayyad, soutenu par l’Occident.

"Certains au sein de l’Autorité palestinienne comptent sur des progrès dans les négociations de paix avec Olmert", accuse M. Mechaal.

Mais, souligne-t-il, "tant qu’Israël ne mettra pas fin à l’occupation et à la colonisation et ne reconnaîtra pas les droits des Palestiniens, notre politique de résistance restera la seule option".

M. Mechaal qualifie par ailleurs d’"illusoire" un projet de loi électorale, examiné par M. Abbas, qui imposerait à tout candidat de respecter le programme de l’OLP et les accords signés avec Israël, ce qui exclut ainsi de facto le Hamas des futurs scrutins.

Le Hamas refuse de reconnaître l’Etat hébreu et les accords passés avec ce pays, et prône la poursuite de la lutte armée.

Sur les informations faisant état de la présence de membres d’Al-Qaïda à Gaza, le chef du Hamas affirme qu’elles "visent à donner une image négative" de son mouvement. "C’est comme si l’on demandait à Barak (le ministre israélien de la Défense) d’envahir Gaza".

M. Mechaal affirme enfin ne pas s’attendre à un changement dans la politique américaine après une éventuelle victoire des Démocrates à la Maison Blanche en 2008. "La politique américaine en ce qui concerne son parti pris pour Israël restera inchangée".

AFP, via Le Temps, le 23 août 2007