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Bush pousse à la guerre entre Israël et la Syrie !

jeudi 23 août 2007 - 06h:41

Michel Warschawski - AIC

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Des nuages de guerre noircissent le ciel de l’Asie de l’Ouest et les titres des journaux annoncent une confrontation militaire entre Israël et la Syrie imminente.

Ces dernières semaines, en Galilée, on a pu voir de longs convois de blindés remonter vers le nord, et sur le plateau du Golan, des divisions de blindés terminent des man ?uvres importantes qui furent abondamment couvertes par les médias locaux et internationaux.

Qui peut être intéressé par le déclenchement d’une telle guerre ?

Le président Bashar al-Assad a déclaré à plusieurs reprises que la Syrie ne voulait pas la guerre et, effectivement, il se dit prêt pour des négociations de paix immédiates avec Israël. Selon des sources étrangères, des discussions officieuses ont déjà eu lieu il y a quelques mois. N’importe quel analyste des situations locale et régionale peut confirmer que la Syrie, qui tente désespérément de se sortir de la liste de « l’axe du mal » établie par l’administration néo-conservatrice US, n’a aucun intérêt à prendre l’initiative d’une guerre contre Israël, malgré le fait que l’Etat juif occupe, depuis quatre décennies déjà, le plateau du Golan syrien.

Les diplomates européens ont fait savoir au gouvernement israélien que le président Assad ne préparait pas de guerre et ne voulait pas de guerre contre Israël et, ce qui est intéressant, les estimations des services de renseignements militaires israéliens viennent confirmer cette opinion.

Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, n’est pas davantage intéressé par une guerre, sachant bien que, contrairement au passé, tout Etat arabe possède les moyens opérationnels de frapper le territoire d’Israël et sa population. Olmert n’est pas très malin, mais il a assez de mémoire pour se souvenir des capacités de représailles du Hezbollah d’il y a un an. Et quelle que soit la puissance du Hezbollah, Damas peut en multiplier les effets par 20, voire davantage : chaque cité en Israël peut devenir une cible pour les missiles à moyenne portée syriens si Israël se lance dans une guerre.

Si les deux protagonistes semblent particulièrement peu enclins à une confrontation militaire, pourquoi alors cette guerre parait-elle plus imminente que jamais ?

Parce qu’il y un troisième élément, lequel a beaucoup de pouvoir dans notre région, une influence déterminante et un rapport structurel avec les élites dominantes en Israël : c’est l’administration néo-conservatrice de Washington.

Bien qu’une majorité parmi les dirigeants américains tourne le dos à la stratégie de « guerre préventive mondiale permanente » (un tournant confirmé par le rapport Baker-Hamilton établi par une commission indépendante co-présidée par un démocrate et un républicain), la petite bande de néo-cons qui entourent George W. Bush, et soutenue par le lobby chrétien fondamentaliste, n’est pas d’accord sur un tel changement stratégique : la réaction du président US à la suite du rapport Baker-Hamilton est extrêmement révélatrice : il l’a écarté publiquement, le prenant à contre-pied en décidant d’envoyer aussitôt d’autres soldats en Iraq et d’élever la voix contre la Syrie. On peut raisonnablement supposer que dans les deux dernières années de son administration, Bush aura la possibilité de mettre en pratique sa philosophie politico-thélogique de la guerre préventive contre les forces « sataniques » de l’islam.

Pendant des décennies, la superpuissance US n’a jamais eu une direction aussi offensive, ignorante et fanatique que celle de l’administration actuelle, dotée d’une vision du monde qui a plus à voir avec des clichés idéologiques qu’avec des analyses concrètes de la réalité dans le monde. Dans la philosophie politique super simpliste des néo-cons, on ne trouve aucune nuance ni contradictions mineures : le monde est divisé en deux : les bons, c’est-à-dire la civilisation dite judéo-chrétienne, représentée par la démocratie américaine (avec la plus grande disparité entre riches et pauvres du monde occidental) et les méchants, c’est-à-dire « les musulmans », toujours définis comme des fondamentalistes et des terroristes.

Bush parait ignorer qu’il existe des tensions entre chiites et sunnites, qu’un gouvernement musulman dirige un pays qui compte parmi les alliés les plus importants de Washington en Europe (la Turquie), et que l’un des régimes musulmans les plus fondamentalistes est le partenaire clé pour la stratégie US dans le Golfe arabo-persique (l’Arabie saoudite). Et encore que la rhétorique de l’administration US reste d’un chauvinisme menaçant qui globalise à outrance.

Durant les deux années qui lui restent, l’administration primitive et fondamentaliste pourrait bien devenir dramatique et plonger le monde dans une pagaille sanglante. Après le fiasco américain en Iraq, la frontière syro-israélienne pourrait se trouver en première ligne pour une telle guerre, précisément en raison de la présence des faucons néo-conservateurs au c ?ur même des centres de décisions israéliens, lesquels partagent les buts stratégiques de Bush. Tout d’abord, Ehud Barak, qui est actuellement ministre de la Défense et l’un des principaux idéologues de la stratégie : « Ici, nous n’avons pas de partenaire, il n’y aura pas de paix ». Barak est un dangereux aventurier qui croit que ce qui ne peut être obtenu par la force militaire peut l’être par plus de force militaire encore, et il prépare en ce moment l’armée israélienne à une offensive contre la Syrie. Ensuite, il y a Benjamin Netanyahu, l’archétype des néo-cons israéliens. Il pourrait fort bien devenir le prochain Premier ministre israélien, avec les prochaines élections qui seront, sans aucun doute, anticipées.

Dans l’un des scénarios les plus classiques, Israël sera, une fois encore, l’avant-garde armée dans la guerre de Washington. N’est-ce pas pour cela que l’administration US vient de voter un projet de loi allouant 30 milliards de dollars US à affecter au budget militaire israélien (et non civil) pour les 10 prochaines années ?

Il y a un an, Israël a reçu de l’argent et ne l’a pas utilisé. En dépit des pressions des néo-cons, Ehud Olmert a préféré se tenir éloigné du Liban après son fiasco de juillet. Les néo-cons ne permettront pas que cela se reproduise : comme dans une série mafieuse bon marché d’Hollywood, Dick Cheney annonce aujourd’hui à Olmert : « Vous avez l’argent, maintenant vous faites le boulot, et ne venez pas me casser les pieds avec ce que cela va coûter à vos gens ! ».

Et le peuple d’Israël va devoir en payer le prix : selon le contrôleur des finances de l’Etat israélien, la plupart des carences qui se sont manifestées lors de la dernière guerre contre le Liban au sujet de la protection de la population civile israélienne n’ont pas été comblées. Bientôt, des civils israéliens mourront pour la cause de la croisade fondamentaliste chrétienne, décidée à la Maison Blanche.

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- "Sans honte : le gouvernement israélien et les survivants de l’Holocauste", 17 août 2007 ;
- "L’Autorité palestinienne Abbas-Fayad : un coup d’Etat pour la stratégie néoconservatrice ?",
24 juillet 2007.

19 août 2007 - Alternative Information Center - Traduction : JPP


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