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Croissance cancérigène d’Israël, nettoyage ethnique et apartheid

vendredi 17 août 2007 - 06h:51

Mazin B. Qumsiyeh

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Kidnapping d’un Palestinien par l’armée d’occupation - Gaza, 14 août - Photo : AP

Je reviens juste de mon dernier voyage en Palestine, du moins la partie de Palestine à laquelle j’ai encore accès en tant que Palestinien chrétien. Voyez-vous, nous les Palestiniens de la région de Bethlehem (le lieu de naissance du Christ) n’avons plus le droit d’entrer dans plus de 90% de la Palestine et même dans notre capitale et principal centre économique, Jérusalem (qui n’est qu’à 11 kilomètres de Bethlehem).

Les colonies israéliennes parsèment le paysage de la Méditerranée jusqu’à la rivière du Jourdain sur des terres volées aux autochtones. Six des 10 millions de Palestiniens dans le monde sont aujourd’hui des réfugiés ou des personnes déplacées et le restant des Palestiniens vivent dans des ghettos qui se réduisent et s’appauvrissent de plus en plus (à la manière des Bantoustans Sud-Africains au temps de l’apartheid).

La tendance est la même dans toutes les régions que nous avons visitées : accroître au maximum la géographie (sous contrôle israélien) et réduire au minimum la démographie (les Palestiniens sur leurs terres). Les autorités israéliennes ont déployé des méthodes ingénieuses de nettoyage ethnique depuis le déracinement plus direct pratiqué en 1947-1949 quand 850.000 Palestiniens ont été chassés. Les détails sur la façon de faire cela diffère d’une région à l’autre. Quelques exemples peuvent illustrer cela :

Le bloc de colonies Gush Etzion (Gilo, Har Gilo, Efrata etc.) a réussi à détruire l’économie palestinienne dans le sud de la Cisjordanie (de Jérusalem à Hébron). Les colons juifs vivent dans des logements subventionnés construits sur des terres palestiniennes volées. Ils se rendent à Jérusalem ouest ou Tel Aviv sans jamais voir les victimes ni remarquer leur malheur. Mais les déplacements des Palestiniens sont impossible entre la Jérusalem arabe et ses banlieues telles que Bethlehem et Al-Khader ou même des régions plus au sud. Cela a tué l’économie palestinienne des deux côtés du Mur de l’Apartheid. La vieille ville arabe de Jérusalem est une ville fantôme si on la compare à ce qu’elle était il y a juste 20 ans de ça. Et le taux de chômage à Bethlehem est deux fois plus important que celui qui existait aux Etats-Unis au moment de la Grande Dépression.

La vielle ville de Hébron près de la mosquée Ibrahimi (la mosquée d’Abraham) est désertée. Des dizaines de milliers de Palestiniens locaux (et des milliers d’étrangers) avaient l’habitude de s’assembler dans ce quartier commercial animé jusqu’au moment où quelques colons israéliens extrémistes (avec le soutien et la protection du gouvernement israélien) ont littéralement emménagé sans y être invités. Ils ont pris possession de bâtiments entiers ou, dans certains cas, juste les étages supérieures. Ils se livrent à des actes de violence, rendant la vie des Palestiniens autochtones, impossible. Depuis les étages supérieurs qu’ils squattent, ils jettent des ordures sur les magasins et les piétons en-dessous. Ils ont l’habitude de tirer sur les civils palestiniens et détruisent leurs magasins.

Ainsi quelques 400 à 500 racistes coloniaux (sous l’ ?il protecteur de plus de 5.000 soldats de l’occupation dont beaucoup viennent eux-mêmes des colonies) contrôlent les vies et détruisent les moyens d’existence de dizaines de milliers de Palestiniens autochtones. C’est comme si 400 à 500 membres du KKK avaient été installés en plein milieu du quartier de Harlem à New York et avaient reçu la permission et la protection (grâce à 5.000 soldats blancs) de faire ce qu’ils veulent avec la population noire.

Pendant cette saison de fruits et de légumes, les villageois essayent encore de vendre leurs produits sortis de leurs terrains qui rétrécissent de plus en plus. Mais cela rapporte beaucoup moins d’argent que dans les jours d’antan quand ils avaient plus de terres et étaient libres de se déplacer et de vendre leurs produits dans les grandes villes comme Jérusalem, Jaffa ou Naplouse (ou même à d’autres pays). Le cancer des colonies construites sur des terres palestiniennes devient de plus en plus destructeur tandis que les politiciens se dérobent en parlant d’une « solution de deux-états » fictionnelle et de la « sécurité israélienne » (et non palestinienne). Le plan d’Israël était le nettoyage ethnique et la colonisation puis d’utiliser la résistance palestinienne comme justification (« sécurité ») pour plus d’activités de colonisation. Mais la colonisation israélienne a continué même dans des moments de calme relatif (par exemple, les sept années entre le premier soulèvement largement non violent et le soulèvement plus récent et plus violent).

Tout cela se fait en contradiction avec la loi internationale et avec le soutien total militaire, diplomatique et économique des USA. Ce n’est pas non plus dans l’intérêt d’une paix juste ni dans nos intérêts nationaux américains.

Tandis que l’infrastructure des USA se décompose, le lobby israélien a convaincu le président Bush d’offrir à Israël 30 milliards de $ de plus pris sur nos recettes fiscales pendant les 10 années à venir. Si le Congrès succombe comme il l’a fait dans le passé, les conséquences pour les intérêts des Etats Unis ne peuvent qu’être dangereuses face aux 300 millions d’Arabes et des 1.5 milliards de musulmans (non seulement à travers une violence accrue mais aussi une érosion du pouvoir économique et des intérêts des Etats-Unis dans le monde).

Les Palestiniens et beaucoup d’israéliens sont encouragés par le fait que la société civile en Europe et aux Etats-Unis est maintenant engagée dans d’autres formes de lutte pour la paix avec la justice, y compris avec le mouvement grandissant des boycotts, désinvestissements et sanctions (BDS) dans la même ligne qui a aidé à transformer l’apartheid en Afrique du Sud. Cet effort doit aujourd’hui s’intensifier dans l’intérêt de tous les habitants, non seulement au Moyen Orient mais aussi aux USA et partout dans le monde.

*Mazin B. Qumsiyeh, PhD est l’auteur de « Sharing the Land of Canaan : Human Rights and the Israeli/Palestinian Struggle ». Il a travaillé dans les universités de Duke et de Yale.

14 août 2007 - Auteur Invité du Online Journal - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Ana Cléja


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