Il n’a peut-être pas de bateaux, de marins ou d’équipement maritime, mais ces détails logistiques n’ont pas empêché le Hamas (le mouvement islamiste qui dirige la Bande de Gaza) d’inaugurer une force de défense navale.

« Les conditions requises pour la rejoindre sont : être un bon soldat, être en bonne santé et savoir nager » dit le seul membre confirmé de la patrouille côtière et commandant, Jamil al-Dahashan, un vétéran de la branche armée du Hamas.

La nouvelle force a prévu de « prendre les vagues » (ou du moins les plages) dans deux semaines. Il devra alors combattre la prostitution et l’utilisation de drogues. Un jour, lorsqu’elle aura un bateau, la marine s’aventurera en mer où l’une de ses principales taches sera d’intercepter ceux des pêcheurs de Gaza qui travaillent au noir en tant qu’informateurs pour les Israéliens.

Depuis que le Hamas a lancé une courte mais brutale guerre à Gaza en juin dernier contre les forces de sécurité du Fatah soutenu par l’Occident, guerre qui lui a permis de s’emparer de tout le pouvoir dans la bande côtière surpeuplée, il s’est mis à réformer son organisation souterraine de guérilla, la transformant en une vraie armée et force de police, sur le modèle du Hezbollah au Liban.

Le contrôle du Hamas sur la frontière terrestre a fait qu’il est devenu plus difficile pour les collaborateurs palestiniens recrutés par Israël de faire passer leurs informations à partir de Gaza. Le Hamas estime que la mer est devenue maintenant un canal important pour les espions.

Le nouveau corps de gardes-côtes, Dahra, fera partie de la Force exécutive uniforme dont la priorité est l’application de la loi et en particulier la capture des contrebandiers de drogue. Tout assaut côtier de la part d’Israël sera traité par la branche armée, les brigades Izz al-Din al-Qassam, bien que lors d’une invasion, tous les hommes armés disponibles soient appelés à se battre.

Alors qu’Israël et la communauté internationale se sont précipités pour soutenir le gouvernement en Cisjordanie dirigé par le Fatah, la Bande de Gaza est de plus en plus isolée, et suite à son strict isolement, son économie est à la veille d’un effondrement total.

Hier, les Nations unies ont prévenu que l’implosion économique était imminente. « Si le régime actuel de verrouillage continue, Gaza risque de devenir une communauté fermée et isolée dépendante à 100% de l’aide et ce, dans quelques mois ou quelques semaines » dit Filippo Grandi, le chef adjoint de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Face à une telle épreuve, le Hamas se présente comme un parti de droit et de maintien de l’ordre dans la Bande de Gaza.

10 août 2007, par James Hider à Jérusalem et Azmi Keshawi dans la ville de Gaza, - Times Online
traduction : Ana Cléja