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Le manque de crédibilité de Bush

vendredi 10 août 2007 - 13h:35

Khalid Amayreh - Al Ahram Weekly

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L’histoire du président George Bush, remplie de promesses non tenues et d’un soutien fanatique aux politiques expansionnistes israéliennes, fait que la grande majorité des Palestiniens considèrent ses dernières propositions de paix comme « fallacieuses » et « hypocrites ».

« Seuls les gens crédules donneraient à Bush le bénéfice du doute, » a déclaré le Hamas, réagissant à l’appel de Bush [lundi 15 juillet] pour « une réunion régionale et internationale » devant tracer les contours généraux d’un accord possible pour un statut final.

« Le Hamas ne fait pas confiance à Bush et ne donne aucun poids à ses propositions. Nous avons fait l’expérience de cet homme une fois, deux fois, trois fois, et tout ce que nous avons reçus de lui sont des mensonges et encore des mensonges, » a déclaré la porte-parole Yehia Moussa, élue du Hamas et responsable de son groupe parlementaire au Conseil Législatif.

Moussa recommande à « l’umma [communauté] arabe et musulmane » de soutenir les Palestiniens et de ne pas abandonner leur cause « à la merci d’Israël et de l’Amérique. »

Un autre porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, appelle à contrecarrer « la nouvelle conspiration ».
« Nous ferons avorter toutes les conspirations venant des Etats-Unis comme nous avons contrecarré le plan Dayton pour créer un gouvernement fantoche dans Gaza qui serait aux ordres d’Israël, » a encore dit Abu Zuhri, faisant référence à un plan des Etats-Unis qui aurait été supervisé par le représentant de Washington dans la région, le Général Keith Dayton, pour mettre aux commandes l’ancien homme fort de l’Autorité Palestinienne, Mohamed Dahlan, et renverser le mouvement Hamas avec de l’argent et des armes venant d’Amérique.

Le Jihad islamique a également dénoncé les propositions de Bush comme étant « une autre déception ».

« Le Jihad islamique regarde cette initiative avec soupçon. On ne peut tout siplement pas faire confiance à Bush. Son alliance avec Israël est claire pour tout le monde. En effet, son administration toute entière est au service ... du lobby juif. »

En revanche, l’Autorité Palestinienne (AP), dirigée par Mahmoud Abbas, a accueilli les propositions de Bush avec un certain optimisme. Le gouvernement de Salam Fayyad basé à Ramallah a publié un communiqué officiel accueillant favorablement la « proposition du Président Bush demandant une conférence internationale pour se pencher sur le conflit Israélo-Palestinien ».

Le communiqué de l’AP considère comme positive « l’aide financière promise » par l’administration Bush, ajoutant que « nous espérons que cette fois les promesses seront traduites en faits concrets sur le terrain. »

Cette réponse plutôt tiède de l’équipe Abbas-Fayyad qui dépend presque totalement du soutien américain suggère qu’eux-mêmes doutent de la sincérité de l’engagement du président des Etats-Unis pour la création d’un état palestinien réel et viable.

Bush, qui avait entamé sa présidence par une croisade contre la « terreur », et qui à plusieurs reprises a essayé d’inclure la résistance palestinienne contre le colonialisme israélien dans sa guerre contre le terrorisme, a toujours refusé d’exercer n’importe quelle pression sur Israeël.

Il a par le passé critiqué le « mur de séparation » qui selon lui s’étendait comme un serpent à travers les Territoires Palestiniens Occupés, mais sans jamais empêcher Israël de voler des terres palestiniennes pour la construction de la barrière.

Il n’a pas plus agi pour empêcher l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, bien que leur existence interdise la perspective d’un accord pour la mise en place d’un état palestinien.

Bush a liquidé n’importe quelle parcelle de confiance qu’il aurait jamais pu avoir aux yeux des Palestiniens et du public arabe lorsqu’en 2003 il a donné des assurances écrites à l’ancien premier ministre israélien selon lesquelles Israël pourrait conserver toutes les principales colonies juives en Cisjordanie à la suite de n’importe quel accord de paix avec les Palestiniens.

Bush a fait référence à cet engagement dans son discours ce lundi [15 juillet] où il a déclaré que la réunion régionale proposée devrait tenir compte « des réalités existantes » en Cisjordanie.

Le discours de Bush semble être une tentative désespérée, et probablement de la dernière chance, de remettre sur pied la feuille de route moribonde qui en dépit des déclarations contraires venant de diplomates est vue comme morte par tous les principaux protagonistes.

Hanane Ashrawi, la porte-parole palestinienne bien connue pour son optimisme, croit que le dernier discours de Bush est avant tout une tentative de Washington d’améliorer son image dans cette partie du monde.

« Ils veulent donner l’impression que les Etats-Unis sont non seulement bons à commencer des guerres, mais aussi à établir la paix. Nous avions demandé une conférence internationale pour la paix, et ils nous ont donné une réunion régionale. Nous avons demandé un délégué international pour résoudre le conflit, mais ils nous ont donné un délégué [ancien premier ministre britannique, Tony Blair] pour reconstruire les institutions palestiniennes... Aussi voyons d’abord comment les choses vont tourner, attendons et regardons, » a déclaré Ashrawi à Al Ahram Weekly.

Un nombre de plus en plus important d’observateurs palestiniens, israéliens et étrangers arrivent à la conclusion que les chances d’établir un état palestinien viable en Cisjordanie s’estompent chaque jour un peu plus. La création de plus de 200 colonies juives laissent tout simplement trop peu d’espace.

Aujourd’hui l’expansion coloniale se poursuit, inchangée, sous les yeux de l’administration Bush et de la communauté internationale. Ce qui ne signifie pas qu’Israël influerait pour une solution à un état, mais simplement que les israéliens veulent autant de terre palestinienne que possible, avec le minimum de démographie palestinienne.

Le but final d’Israël semble être de forcer les Palestiniens à accepter un « état » palestinien sur de petites enclaves isolées [les unes des autres] en Cisjordanie. En effet, à la lumière de ses actes, c’est ce qu’Israël a à l’esprit toutes les fois que ses responsables parlent de soutenir la création d’un état palestinien vivant en paix à côté d’Israël.

Ce n’est pas du tout le genre d’état que les Palestiniens ont à l’esprit. Pour eux, cet état s’étendrait sur 100% des territoires occupés, avec Jérusalem-est comme capitale. Il est peu probable qu’une telle vision soit marchandée au profit d’un état territorialement éclaté sans souveraineté et sans autorité, malgré les flatteries prodiguées dans les derniers mois de la présidence de Bush.

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Khalid Amayreh

Du même auteur :

- Le précaire gouvernement Fayyad
- Faux-fuyants à Ramallah
- Cauchemar au poste frontière de Rafah

19 juillet 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/854...
[Traduction : AIO - Info-Palestine.net]


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