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La peur des Israéliens de perdre le soutien américain

mercredi 1er août 2007 - 06h:36

Interview de Jonathan Cook - Iran Daily

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Texte intégral de l’interview de Jonathan Cook par Amir Tajik, publiée dans le journal de langue anglaise Iran Daily le 16 juillet 2007.

Q : Vous avez déclaré que l’attaque israélienne contre le Hezbollah libanais se fondait sur un scénario préalable. Quels sont, d’après vous, les pays qui ont contribué à ce scénario ?

Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de doutes quant à leurs auteurs. C’était une cabale montée dans les établissements politiques et sécuritaires israélien et états-uniens. Je dirais que le premier ministre israélien, Ehud Olmert, n’est intervenu que marginalement dans le tableau. On croit souvent à tort en Occident qu’Israël est non seulement une démocratie, mais que ce pays a une structure politique normale.

Ce dont on ne se rend pas compte est que l’armée et le gouvernement ressemblent davantage aux deux faces d’une même série d’institutions, raison pour laquelle on passe si facilement de l’une à l’autre. Dans les aspects les plus importants de la vie, c’est vraiment l’armée qui a la charge du pays.

Nous avons beaucoup de preuves sur la manière dont le scénario a été rédigé, processus que je décris en détail dans mon prochain livre sur Israël et le clash des civilisations.

D’après des articles parus dans les médias états-uniens, le commandement israélien a discuté d’une attaque contre le Liban avec le Pentagone pendant plus d’une année avant le début de la guerre.

A l’époque, le Pentagone était carrément sous le contrôle du groupe ultra faucon appelé les néo-conservateurs - décideurs américains ayant des liens idéologiques étroits avec la droite israélienne. Il semble que les Etats-Unis et Israël sont tombés d’accord sur la nécessité de trouver un prétexte pour attaquer le Liban.

Les Etats-Unis s’étaient également arrangés pour isoler le Hezbollah avant l’attaque en utilisant une résolution des Nations unies forçant la Syrie à quitter le pays ; ils ont aussi encouragé le soutien populaire en faveur du gouvernement pro Washington à Beyrouth en contribuant à préparer la « Révolution du cèdre ». Nous savons aussi d’après les déclarations faites par les néo conservateurs proches de Bush, qu’une fois le Hezbollah écrasé, ils prévoyaient d’attaquer la Syrie.

Pourquoi attaquer le Liban ?

On peut raisonnablement supposer que l’objectif était de préparer le terrain pour une attaque militaire contre l’Iran. En 2004, les généraux israéliens avaient averti qu’une attaque contre l’Iran déclencherait un tir intensif de roquettes par le Hezbollah par dessus la frontière nord ; les Etats-Unis et Israël ont donc convenu qu’il fallait s’occuper du Hezbollah en premier lieu. Rien n’est pire pour une armée que de se battre sur plusieurs fronts à la fois.

Ecraser le Hezbollah et la Syrie était donc, selon eux, la première étape avant une attaque contre l’Iran. L’échec d’Israël face aux roquettes du Hezbollah a fait échouer tout le plan. C’est la raison pour laquelle nous voyons un manque d’objectifs politiques tant à Washington qu’à Tel-Aviv. L’un et l’autre ne savent vraiment pas du tout quoi faire maintenant.

L’attaque contre Cana et la destruction du bâtiment des Nations unies faisaient-elle partie du scénario ?

C’est trop cynique, à mon avis. Cana était sans nul doute entièrement prévisible : en effet, Israël s’est trop appuyé sur sa puissance aérienne quand il s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas lancer une offensive terrestre au Liban sans subir de lourdes pertes en vies humaines chez ses soldats. En fait, l’ancien responsable du renseignement militaire, Uri Saguy, un des conseillers officieux d’Ehud Olmert pendant la guerre, a récemment dit aux médias israéliens qu’il avait prévenu qu’il y aurait un autre Cana.

Quant à l’attaque contre le bâtiment de l’ONU, Israël ne s’est pas encore expliqué. Je soupçonne que cette attaque a résulté de l’antipathie générale éprouvée par les soldats israéliens, y compris par leurs officiers, pour tout ce qui touche à l’ONU. La réputation de l’ONU a été ternie en Israël du fait du secours de longue date qu’elle a porté aux Palestiniens, particulièrement dans les camps de réfugiés des territoires occupés. Il ne faut pas non plus oublier que les forces des Nations unies ont tenu le registre des violations militaires commises par Israël à la frontière après son retrait du Liban sud en 2000.

L’ONU avait par exemple critiqué les survols quasi quotidiens du Liban par l’armée de l’air israélienne. Dans l’armée israélienne, beaucoup peuvent avoir voulu réduire l’ONU au silence ou l’intimider et pour eux, c’était l’occasion.

Néanmoins, je doute qu’une telle malveillance puisse être avoir été prévue dans un scénario rédigé au niveau politique ou militaire.

Pendant la guerre de 33 jours, Israël n’a pas attaqué les districts non musulmans au Liban. Etait-ce délibéré ?

Au début de son attaque contre le Liban, Israël a consciemment essayé d’inciter les Libanais à une guerre civile sur une base sectaire. Les officiels israéliens ont mentionné cet objectif à plusieurs reprises. Le but était de retourner les chrétiens, les druzes et les sunnites contre les chiites ; ils ont été très déçus quand l’inverse s’est produit.

Des suppositions aussi simplistes sur la manière dont la société arabe peut être manipulée sont typiques de l’établissement sécuritaire israélien. Depuis de longues décennies, celui-ci porte des jugements terriblement erronés sur les Arabes et les musulmans. En fait c’est par tradition que des racistes de premier plan dirigent l’école militaire israélienne et bien entendu les établissements politiques et sécuritaires. Il n’est pas surprenant de voir comment les conceptions israéliennes sur l’ « esprit arabe » ont maintenant infecté une bonne partie des écoles et de l’établissement militaires états-uniens.

Etes-vous d’accord pour dire qu’Israël est la base militaire américaine du Moyen Orient ?

C’est une de ses bases, mais beaucoup d’autres pays de la région jouent ce rôle, effectivement ou potentiellement. Les USA avaient de toute évidence l’intention de faire de l’Irak une autre base, sur un modèle officiellement proposé par la Maison Blanche.

Le Ministre de la défense, Rober Gates, a dit clairement que les forces états-uniennes maintiendraient une présence permanente en Irak dans un avenir prévisible. C’est pour des raisons similaires que l’Afghanistan est devenu une autre base états-unienne. Mais les USA ont un pied dans beaucoup d’autres pays de la région notamment en Turquie, en Jordanie, dans les Etats du Golfe persique, en Asie centrale etc.

La grande différence dans le cas d’Israël est que ce pays n’est pas traité comme une base d’opérations militaires à l’instar des autres pays. En fait, l’armée états-unienne répugne habituellement à dépendre directement d’Israël à cause des réactions dans le monde arabe. L’armée israélienne forme et conseille plutôt les Américains sur la manière de fonctionner et de se battre au Moyen Orient et l’un et l’autre se communiquent leurs renseignements. L’arrangement est considéré comme une coopération entre égaux.

Quelles sont les ambiguïtés que le rapport Winograd a permis de dissiper tant pour Israël que pour les Etats-Unis ? Et de quelles ambiguïtés le rapport était-il entaché ?

L’objectif du Comité Winograd n’était pas vraiment d’éclaircir quoi que ce soit. Pour ce faire, le gouvernement aurait dû établir une commission d’enquête beaucoup plus sérieuse et indépendante. Winograd devait désigner les fautifs pour réparer une partie des dégâts que son échec au Liban avait causés à l’image militaire d’Israël ; il devait aussi servir de soupape de sécurité pour une partie des frustrations éprouvées dans l’ensemble d’une société israélienne qui s’était sentie trahie pendant la guerre.

Une fois le comité établi, tant le premier ministre que l’armée israélienne ont utilisé Winograd pour détourner les critiques les plus virulentes du commandement militaire vers les dirigeants civils.

Une critique véritable de l’armée - qu’elle méritait amplement - aurait entamé davantage ce que l’on appelle l’effet de « dissuasion », qui consiste à propager parmi les pays voisins la peur de l’invincibilité d’Israël.
Il est surprenant que le rapport Winograd n’ait pas révélé grand-chose sur les décisions qui ont été prises et pourquoi elles le furent - ce qui serait, on peut le présumer, le vrai but d’une telle enquête. Par exemple, Winograd s’avoue incapable de savoir comment Olmert a décidé de lancer la guerre, en un « temps record » comme l’ont dit de nombreux officiels. Il n’y a pas d’enregistrements des conversations téléphoniques ou des réunions entre Olmert et Dan Halutz, chef de l’Etat major à l’époque.

Je crois que c’est parce que la décision avait déjà été prise d’attaquer le Liban dès qu’un prétexte se présenterait. Ces réunions initiales entre les échelons militaire et politique n’étaient donc pas nécessaires. Le système fonctionnait sur pilote automatique. L’absence de compte-rendu officiel de la prise de décision tient peut-être aussi au fait qu’il serait embarrassant de révéler que des acteurs extérieurs, à savoir les Américains, s’en étaient étroitement mêlés.

Israël craint, et Winograd n’en parle pas, que la performance médiocre de son armée puisse amener un jour les USA à reconsidérer son rôle de pitbull au Moyen Orient. Cette crainte explique pourquoi les états d’âme consécutifs à la guerre ne se sont pas encore dissipés chez les Israéliens.

Pourquoi les régimes arabes n’ont-ils pas soutenu le Hezbollah pendant la guerre de 33 jours ? Le Hezbollah ne combattait-il pas Israël au nom du monde arabe ?

Il y a quelques raisons évidentes à cette absence de soutien. L’une est que le Hezbollah était considéré comme un mandataire de l’Iran. Les Etats arabes étaient mal à l’aise de voir une milice chiite, appuyée par un Etats chiite non arabe, réussir là où ils avaient eux-mêmes si systématiquement échoué. Il y avait aussi le problème de la résistance du Hezbollah contre Israël alors que le monde arabe avait pitoyablement échoué à lui résister.

Le Hezbollah est devenu populaire inévitablement aux dépens des Etats arabes qui l’ont considéré comme pouvant enflammer dangereusement les sentiments populaires dans leurs propres frontières. Et bien sûr, les Etats arabes qui sont généralement considérés comme « modérés » par l’Occident - l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite - n’ont mérité cette étiquette que parce qu’ils ont été amenés à collaborer avec l’Occident et Israël. Il n’a donc pas été surprenant qu’ils se rangent avec l’Occident contre le Hezbollah.

Les médias occidentaux vantent souvent Israël comme le seul Etat démocratique au Moyen Orient. Est-ce vrai ?
Non, Israël est une démocratie si vous êtes juif, tout comme l’apartheid en Afrique du Sud était une démocratie si vous étiez blanc. Mais ce n’est pas ce que nous entendons généralement par démocratie. Un cinquième au moins de la population israélienne non juive est constituée en majeure partie de Palestiniens victimes de discriminations systématiques dans tous les domaines : l’accès aux ressources telles que la terre, le pouvoir politique et le contrôle de l’immigration.

J’ai longuement dénoncé le mythe d’Israël, Etat juif et démocratique dans mon livre Blood and Religion (Sang et religion). Ce mythe est nécessaire en Occident parce qu’il justifie les énormes sommes d’aide financière et militaire que celui-ci accorde à ce qui est en fait un Etat ethnique, voyou, fortement militarisé.

Les efforts déployés par les pays occidentaux pour résoudre la crise palestinienne se noient dans le souci de la sécurité d’Israël. Que faudrait-il faire pour changer la situation et arriver à une solution durable et juste ?
La première chose à comprendre est qu’Israël est de mauvaise foi dans les négociations. Tous les autres problèmes découlent de ce simple fait.
Israël ne s’intéresse ni à la paix ni à la répartition de la terre. Il a besoin de la guerre contre les Palestiniens et contre les pays voisins pour justifier son image d’éternelle victime en Occident (victime d’abord de l’anti-sémitisme européen et à présent de l’anti-sémitisme arabe et musulman) ; il peut ainsi bénéficier des largesses militaires occidentales. C’est avec l’aide de l’Occident par exemple qu’Israël a pu, sans contrôle ni supervision, mettre au point des armes nucléaires.

Et de même, Israël n’a aucun intérêt à autoriser les Palestiniens à créer un foyer national, ne fût ce que sur 22 pour cent de leurs terres historiques actuellement occupées par Israël. Un tel Etat palestinien serait, de l’avis d’Israël, le premier pas vers le démantèlement de l’Etat juif. Si les terres étaient divisées, il y aurait des pressions croissantes afin qu’Israël cesse d’être un Etat ethnique pour devenir un véritable Etat, avec des règles normales de citoyenneté égale pour tous dans ses propres frontières. S’il y avait égalité de droits, les citoyens palestiniens d’Israël pourraient exiger que leur famille ait le même droit au retour que les juifs qui viennent actuellement en Israël. Très vite, ce serait l’effondrement de l’artifice d’un Etat juif et démocratique.

De plus, si Israël était un Etat normal en paix avec ses voisins, il ne pourrait pas remplir son rôle principal pour le compte des USA à savoir : diviser le monde arabe par la guerre, les menaces et des accords de paix avec les différents pays de la région. Il ne recevrait pas non plus les milliards d’aide militaire états-unienne et enfin, l’Occident ne serait plus disposé à fermer les yeux sur ses armes nucléaires.

Quand on a encouragé les juifs du monde entier à aller s’installer en Palestine occupée, on leur a promis "un pays paisible". Maintenant, ils vivent comme des soldats, se battant constamment pour leur propre sécurité. Dans ce contexte, qui est Israélien ?

L’idée est très vague, même en Israël. Je dirais que les fondateurs d’Israël ont tablé davantage sur les talents de leurs juristes que sur le courage de leurs soldats. Chose unique, le droit israélien a séparé la notion de citoyenneté israélienne de celle de nationalité israélienne, et il nous faut donc les examiner séparément.

L’expression « citoyens israéliens » répond à une définition imprécise : sont citoyens d’Israël tous ceux qui y vivent, y compris le 1,2 million de Palestiniens. Mais ce concept n’est pas très utile dans la mesure où il y a différentes classes de citoyens israéliens, dotés de droits différents. Bien sûr, les citoyens palestiniens d’Israël ont moins de droits que les citoyens juifs, à preuve : plus de trente lois privilégient les droits des juifs par rapport aux non juifs. En outre, les juifs relèvent du droit civil israélien quand ils s’installent dans les territoires occupés en tant que colons, tandis que les citoyens palestiniens, eux, sont de plus en plus susceptibles de relever du droit militaire israélien quand ils visitent des proches palestiniens dans les « zones militaires fermées » des territoires occupés.

Quant à la nationalité israélienne, elle n’existe pas officiellement. Israël offre à ses citoyens une gamme de plus de 130 nationalités différentes y compris celle de « juif » et celle d’ « Arabe », mais pas celle d’« Israélien ». Ceci, parce qu’Israël est l’Etat des juifs, de sorte que la seule nationalité qui compte en Israël est la nationalité juive. De cette façon, tous les juifs, où qu’ils vivent - même en dehors d’Israël - sont dans un sens des nationaux israéliens, tandis que les citoyens palestiniens d’Israël ne peuvent pas être de vrais nationaux parce qu’ils ne sont pas juifs. En d’autres termes, Israël truque sa propre définition de nationalité pour s’assurer que tous les juifs ont des droits en Israël au détriment des non juifs, même de ceux qui sont citoyens. Vous avez besoin d’un bon juriste pour déchiffrer les détails de cette entourloupette.

Quelle est l’ampleur de la crise d’identité parmi les Israéliens ?

Très étendue. Israël est déchiré par les différences idéologiques, religieuses, ethniques et sociales. La plupart des juifs ultra orthodoxes ne sont pas sionistes ; les colons sont inspirés par une idéologie considérée par certains comme susceptible de compromettre les gains territoriaux antérieurs de l’Etat juif. Les juifs arabes (mizrahim) sont traités comme des juifs inférieurs par les Ashkenazim européens. L’élite militaro-industrielle considère l’Etat comme un moyen d’exploiter financièrement les Palestiniens et les autres juifs. Ces profondes différences se perdent toutefois dans un plus large consensus juif fabriqué considérant les « Arabes » comme une menace existentielle pour Israël. On considère en effet qu’ils complotent constamment pour commettre un génocide contre les juifs. Aussi longtemps que les juifs peuvent être persuadés de cette menace existentielle, ils accepteront en général d’oublier leurs différences. Voilà une autre raison pour laquelle Israël a peu de raisons de conclure la paix avec les Palestiniens.

Qu’est-ce qui différencie les partis politiques israéliens ? Quels sont leurs points communs ?

Les différents partis politiques juifs n’ont guère de divergences concernant la meilleure manière d’assurer les intérêts d’Israël en tant qu’Etat juif. (Il y a quelques partis palestiniens, mais du fait de l’accord des partis juifs, ils n’ont pratiquement aucune influence sur le processus politique). Cela signifie qu’il y a un vaste consensus parmi les partis juifs : ils sont tous d’accord pour dire que le droit au retour des Palestiniens doit être empêché à tout prix ; qu’un Etat binational, une confédération ou un arrangement pour le partage du pouvoir avec les Palestiniens est hors de question. Ils conviennent tous que les privilèges des citoyens juifs doivent être préservés et que les partis palestiniens devraient avoir un minimum d’influence.

Là où leurs opinions diffèrent, c’est sur les meilleures conditions à réunir pour s’assurer un Etat juif. La gauche estime qu’une espèce de retrait des zones palestiniennes cimentera l’identification des Israéliens avec leur Etat et rendra ses frontières mieux défendables. Le caractère « gauchiste » des partis est fonction de la mesure dans laquelle ils croient qu’un retrait devrait se faire dans les frontières d’Israël d’avant 1967 et de la mesure dans laquelle ils veulent laisser aux Palestiniens quelque souveraineté après le retrait.

C’est essentiellement la raison pour laquelle Meretz est considéré plus à gauche que le parti travailliste. La droite, en revanche, croit que les Palestiniens continueront à poser une menace pour l’Etat juif aussi longtemps qu’on leur permettra de revendiquer une partie de leur patrie historique, ou qu’ils se verront accorder l’espace nécessaire au développement d’une identité nationale qui pourrait rivaliser avec l’identité sioniste. Certains partis ajoutent des sentiments religieux concernant le peuple élu et les promesses divines. Donc, des partis comme le Likoud veulent que l’occupation se poursuive et que les Palestiniens s’identifient principalement à des filiations tribales, sectaires ou ethniques.

Cela dit, il s’agit plus de tendances que de positions idéologiques distinctes ; c’est pour cette raison qu’un consensus lâche a dirigé la politique, que le pouvoir soit aux mains du parti travailliste ou du Likoud. C’est aussi la raison pour laquelle le parti centriste Kadima, fondé par Ariel Sharon, a pu assez facilement occuper le centre du terrain lors de la dernière élection. Il lui a été facile d’attirer des politiciens, tant du parti travailliste que du Likoud, parce que nombre d’entre eux se trouvaient plus de points communs que de points de divergence.

Croyez-vous qu’Israël acceptera en définitive la formation d’un Etat palestinien ?

Non, du moins pas dans le sens communément donné au mot Etat. Comme il faut s’y attendre pour un Etat, Israël n’a que ses intérêts à c ?ur - et comme je l’ai déjà dit, la paix et le partage des terres ne comptent pas parmi ces intérêts. Au lieu de cela, il veut créer une forteresse juive dont tous les Palestiniens seront exclus y compris le 1,2 million de citoyens palestiniens. Cet espace juif sera contenu dans des frontières élargies qui comprendront une bonne partie de la Rive Occidentale.

Ce qui restera aux Palestiniens seront des miettes de territoires, des restes : la Bande de Gaza et quelques ghettos isolés sur la Rive Occidentale, peut-être reliés par des tunnels sous contrôle militaire israélien. S’il y arrive, Israël fera en sorte que ces ghettos soient dirigés par des factions palestiniennes concurrentes et rivales comme il y est parvenu à Gaza. Un jour, ces miettes de terre seront appelées Etat palestinien par la communauté internationale.

Je suppose qu’Israël préfère ce genre d’issue car il pourra alors prétendre qu’il a le droit de transférer ses citoyens palestiniens dans un Etat palestinien. Bref, le but d’Israël est d’emprisonner les Palestiniens dans une série de ghettos, et l’Occident finira peut-être par appeler ces prisons un Etat.


Interview réalisée par Amir Tajik


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Jonathan Cook

* Jonathan Cook est un journaliste britannique basé à Nazareth en Israël. Il est l’auteur de Blood and Religion : The Unmasking of the Jewish and Democratic State publié chez Pluto Press, 2006 ; son prochain livre : Israel and the Clash of Civilizations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East sera publié prochainement.

Interview et articles de Jonathan Cook :

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16 juillet 2007 - Iran Daily - Vous pouvez consulter cet article à :
http://iran-daily.com/1386/2893/htm...
Traduction : amg/mcc
Publié en fançais sur le site : http://blog.syrie.be/


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