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Jérusalem, future capitale du Hamas ?

jeudi 12 juillet 2007 - 06h:38

Amos Gil - Yediot Aharonot

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Délaissés, paupérisés et privés d’expression politique par les Israéliens, les Palestiniens de Jérusalem-Est pourraient suivre l’exemple de Gaza, prévient Yediot Aharonot.

L’une des questions soulevées par la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza est le risque de voir semblable scénario se répéter ailleurs, c’est-à-dire en Cisjordanie, “à cinq minutes de Kfar Sava” [slogan publicitaire des années 1990 vantant les mérites des colonies proches de Tel-Aviv]. Plus inquiétant encore, pareil cauchemar ne risque-t-il pas de se réaliser au c ?ur même de la capitale d’Israël, à cinq minutes de la Knesset ?

Certes, tout semble pour l’instant parfaitement calme dans les rues de Jérusalem-Est, hormis une petite manifestation ou deux. Mais ne sommes-nous pas comme cet homme qui vient de tomber du dernier étage des tours Azrieli [gratte-ciel de Tel-Aviv] et qui, arrivé au niveau du vingtième étage, se dit que, somme toute, il va encore bien ? Jusqu’au moment où, fatalement, il s’écrasera au sol. Pourtant, les événements de Gaza devraient nous montrer qu’au calme succède souvent la tempête. Depuis une décennie, Israël n’a cessé de resserrer son étau sur les Arabes de Jérusalem-Est. Jour après jour, la majorité d’entre eux s’enfonce dans la misère, et la ville, naguère capitale économique de la Cisjordanie, est frappée de plein fouet par l’édification de la clôture de séparation. Les besoins de la population arabe de Jérusalem-Est ne sont assurés que par des associations caritatives palestiniennes, essentiellement religieuses, dont le Hamas est souvent proche.

Il en va de même de l’éducation, sous-financée (au mépris de la loi) par la municipalité, laquelle préfère voir les Arabes de Jérusalem inscrire leurs enfants dans des institutions privées, au risque de voir figurer au programme scolaire de celles-ci des textes problématiques.
L’enseignement n’est qu’un exemple parmi d’autres d’une situation qui place Israël dans une situation d’impuissance par rapport à sa propre capitale. Pensons à l’absence criante d’infrastructures publiques, à l’interdiction de toute planification urbaine, au manque de routes, de trottoirs, de terrains de jeux, de permanences sanitaires, sans parler du taux de chômage et des restrictions imposées à la libre circulation des Arabes de Jérusalem.

Tandis qu’il viole consciencieusement les droits élémentaires de sa population arabe, Israël renonce à faire respecter la loi et l’ordre dans la partie orientale de sa capitale. Les services de sécurité, semble-t-il, ne considèrent pas les Arabes de Jérusalem comme des personnes à protéger, mais plutôt comme des ennemis dont il faut se défendre, ce qui explique l’inaction de la police face la criminalité de droit commun à Jérusalem-Est, et cela n’est pas le meilleur message à faire passer auprès d’une communauté qui comprend bien qu’elle n’a rien de bon à attendre de nous. Ce vide entretenu par les autorités israéliennes, il est logique que les habitants arabes veuillent le remplir en cherchant de l’aide ailleurs. Jérusalem-Est n’est pas la Cisjordanie.

L’Etat d’Israël a en effet annexé la ville il y a quatre décennies et, pour y affirmer sa souveraineté unique, a fermé toutes les institutions gouvernementales ou paragouvernementales palestiniennes qui y étaient présentes jusqu’à la fin des années 1990. Par conséquent, contrairement à la Cisjordanie, où le Fatah est reconnu et légal, aucune force politique palestinienne modérée n’est reconnue à Jérusalem-Est. Tous ces éléments sont un terreau fertile pour une prise de pouvoir tôt ou tard du Hamas. A cet égard, les gains considérables enregistrés par ce mouvement lors des élections législatives palestiniennes de janvier 2006 [le Hamas a obtenu 42 %, contre 36 % pour le Fatah] sont de sinistre augure.

Si elles veulent réellement empêcher le Hamas de s’implanter au c ?ur de la capitale d’Israël, les autorités israéliennes doivent cesser de scander des slogans sur la réunification éternelle de Jérusalem et prendre leurs responsabilités.

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Amos Gil

Israël doit restaurer les infrastructures publiques de Jérusalem-Est, lutter contre la pauvreté, financer les institutions éducatives et médicales, faire respecter la loi et l’ordre, et veiller à la sécurité individuelle de ses habitants. Mais il va nous falloir aussi renouer le lien entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie, le poumon économique de la ville. Ce n’est qu’ainsi que le calme prévaudra à Jérusalem, dans l’attente d’une solution politique qui garantisse un meilleur avenir tant aux habitants de Jérusalem-Est qu’à ceux de Jérusalem-Ouest et du reste d’Israël.

Amos Gil - Yediot Aharonot, le 3 juillet 2007 : Is Jerusalem hotbed for radicals ?
via Le Courrier international, hebdo n° 871, le 12 juillet 2007


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