Awa, du Darfur, and son fils Rami, 11 mois. devant la Knesset - Photo : Shabtai Gold/IRIN

Jérusalem - Un groupe d’environ 60 demandeurs d’asile soudanais ont été transféré le 8 juillet en bus de la ville de Beersheba dans le sud d’Israël, jusqu’aux pelouses devant la Knesset (Parlement) de Jérusalem pendant que les autorités décidaient de l’endroit où ils pouvaient passer la nuit.

Les Soudanais dont certains originaires du Darfour, avaient traversé illégalement ces derniers jours la frontière égypto/israélienne. La municipalité de Beersheba avait à l’origine trouvé des logements pour eux alors que d’autres sont allées à Rahat, une ville bédouine dans le sud du désert du Néguev.

Mais un porte-parole de la ville, Amnon Yosef, a déclaré que Beersheba n’avait plus les moyens de loger les demandeurs d’asile et que le gouvernement ne leur avait pas transféré les fonds promis pour leur entretien.

« Cela fait deux mois que nous les avons pris en charge. Cela suffit » a dit Yosef.

Vers 8.30 heures du matin, la municipalité a fait monter les demandeurs d’asile dans des bus et les a envoyés sur les pelouses devant la Knesset à Jérusalem.

« Ils sont arrivés, ne nous ont rien dit puis nous ont fait monter dans les bus » dit Awa du Darfour.

Des groupes d’aide de Jérusalem ont amené des vêtements, de la nourriture et de l’eau au groupe qui comprend environ 20 enfants. Ce groupe a aussi commencé à les installer pour la nuit sur les pelouses étant donné qu’aucune autre solution n’était réalisable.

« Au moins maintenant nous avons de la nourriture et des vêtements » dit, reconnaissant, Gabriel Malachi (ce n’est pas son vrai nom) du Sud Soudan et qui a récemment traversé la frontière avec sa famille.

« Je me suis fait mal au pied à la frontière » dit-il en montrant en bandage sale autour de sa cheville gauche. Un volontaire a promis de lui trouver des pansements propres.

Un campement devant la Knesset évité

Après plusieurs heures, ils ont été forcés de reprendre cette même route de 110 km pour Beersheba. Le gouvernement a promis un logement pour la nuit pour éviter un campement devant la Knesset.

Les réfugiés soudanais attendent sur les pelouses devant la Knesset. L’enfant en rouge au premier plan souffre de retard mental et était particulièrement éperdu - Photo : Shabtai Gold/IRIN

Mais, de retour à Beersheba, les Soudanais ont découvert que rien n’avait été préparé pour eux et ils ont été obligés d’attendre pendant des heures dans le bus.

Vers minuit, l’Agence Juive s’en est mêlée et a trouvé des logements pour les 10 jours suivants dans une ville voisine. Comme un fait exprès, un officier de police a arrêté le bus et a refusé de les laisser continuer. Vers 2 heures du matin, les réfugiés ont enfin pu aller se coucher.

« Ceci va se répéter encore et encore. 180 autres réfugiés vont être envoyés à Jérusalem » dit Rom Levkovitz du « Hotline for Migrant Workers » en faisant remarquer que les ONG ne pouvaient pas faire face à l’afflux des réfugiés.

La municipalité de Beersheba a maintes fois répété qu’elle ne prendrait plus soin des réfugiés et qu’elle enverra tout et chacun sur le pas de la porte du gouvernement.

Entre temps, le Ministère de la Sécurité Interne et de l’Administration Pénitentiaire a donné son accord le 9 juillet aux premières démarches de l’état pour gérer l’afflux des demandeurs d’asile, et suite à la crise récente avec la municipalité de Beersheba, de monter un « site de tentes » à l’extérieur d’une importante prison au sud d’Israël afin de loger les réfugiés. Un calendrier pour le projet doit encore être finalisé.

Demandeurs d’asile africains

Les organisations des droits humains estiment qu’environ 2.000 demandeurs d’asile africains sont jusqu’à présent entrés en Israël. Environ 70% d’entre eux viennent du Soudan dont 250 réfugiés de la région du Darfour.

La municipalité a fait monter les demandeurs d’asile dans des autobus à environ 8h30, et les a déposés sur les pelouses devant la Knesset - Photo : Shabtai Gold/IRIN

Beaucoup d’entre eux ont trouvé un logement et un emploi mais la nouvelle vague d’arrivants ont beaucoup plus de mal.

Des experts sur la question des réfugiés disent que le manque de prise en compte par le gouvernement est le signe qu’une déportation en masse des demandeurs d’asile africains menace d’être mise en ?uvre.

Le gouvernement maintient sa position à savoir que la plupart des demandeurs d’asile n’obtiendront pas un statut de réfugiés en Israël. Une décision récente du gouvernement israélien a déclaré que les « intrus » seront renvoyés en Egypte.

Miri Eisen, une porte-parole du gouvernement, dit : « Ces derniers mois, des réfugiés sont arrivés au compte-goutte mais, d’un autre côté, un courant presque ininterrompu d’émigrés économiques illégaux sont également arrivés »

Elle a ajouté que le gouvernement est en train « d’essayer de trouver une solution à la question du Darfour et ce, dès que possible ».

« Peur de retourner en Egypte »

Des réfugiés du Darfour comme Abdel Rahman sont inquiets : « J’ai peur de retourner en Egypte. Là-bas ils nous torturent et quelquefois nous tuent. Les organisations n’aident pas, pas même pour nous fournir nos besoins quotidiens » déclare-t-il.

« Et surtout après que nous ayons été en Israël, l’Egypte risque de nous renvoyer au Darfour et cela sera notre fin » ajoute-t-il.

L’ambassade égyptienne à Tel Aviv a refusé de commenter sur ce sujet.

Le ministre de l’intérieur soudanais, Zubair Bashir Taha, a dit le 9 juillet, que la loi soudanaise s’appliquera à tous ceux qui reviennent au pays, ce qui, selon les observateurs, signifie que les réfugiés qui ont été en Israël, seront punis. Ces deux pays se considèrent « pays ennemis ».

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9 juillet 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/Report.aspx...
Traduction : Ana Cléja