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Fonctionnaires palestiniens : la première paye depuis un an

samedi 7 juillet 2007 - 06h:41

Karim Lebhour - RFI

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Des milliers de fonctionnaires palestiniens reçoivent, depuis mercredi, leur premier salaire depuis plus d’un an, après le déblocage par Israël d’une partie des fonds gelés dus à l’Autorité palestinienne.

Une petite foule s’impatiente devant une banque de Ramallah. Le distributeur automatique est vide et il faut attendre. Depuis mercredi, les quelque 160 000 fonctionnaires palestiniens se pressent dans les banques pour recevoir leur premier salaire complet depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, en mars 2006. « Pendant un an et demi, nous n’avons reçu que des paiements partiels. Parfois un versement de l’Union européenne, parfois une moitié de salaire de l’Autorité. Et encore, tout le monde n’y avait pas droit », explique Adnan, un fonctionnaire de ministère de l’Education.

Après le coup de force du Hamas dans la bande de Gaza et la dissolution du gouvernement d’union nationale, le président Mahmoud Abbas a obtenu la levée du blocus financier par Israël. L’Etat hébreu a déjà versé 118 millions de dollars sur les 600 millions du produit des taxes et des droits de douane prélevés au nom de l’Autorité palestinienne qu’il détient encore.

Mais une fois le distributeur réapprovisionné, beaucoup constatent que leur salaire n’est pas celui qu’ils espéraient. « Je n’ai touché que 300 shekels (55 ?) sur un salaire de 2000 (360 ?) s’exaspère Nour, une jeune institutrice, en montrant les quelques billets dans sa main. Les médias ont tous annoncé que nous allions recevoir un salaire complet, mais ce n’est pas vrai ! »

L’Autorité palestinienne a décidé payer les salaires moins les 1 500 shekels (270 ?) que l’Union européenne doit verser aux fonctionnaires palestiniens dans les prochains jours. l’Autorité palestinienne a décidé de ne verser que le complément. Seuls les policiers et les militaires touchent leur salaire en entier. « Moi, j’ai touché mes 3000 shekels (550 euros), mais dans quelques heures, je n’aurais plus rien. Je me suis endetté au supermarché et auprès de beaucoup de gens. Maintenant, je dois les rembourser », ajoute Khaled, contrôleur au ministère de l’Intérieur.

« Coupable d’un crime »

Pour les fonctionnaires de Gaza, la situation est encore plus complexe. Face au Hamas qui contrôle désormais la bande de Gaza, le gouvernement de Ramallah brandit l’arme économique. Le Premier ministre, Salam Fayyad, a ainsi décidé de ne payer que les fonctionnaires qui suivent les consignes de son administration et ignorent celles du Hamas. Environ 19 000 fonctionnaires, dont 12 000 qui ont été embauchés depuis l’an dernier par le mouvement islamiste sont ainsi exclus. Toutes les promotions qui ont été décidées sous le gouvernement Hamas sont également annulées. Les comptes bancaires des ministères de la bande de Gaza ont été gelés. « C’est une bataille, nous allons les isoler », a résumé le ministre de la Jeunesse et des Prisonniers. S’ils veulent toucher leur salaire, les membres des services de sécurité ont reçu l’ordre de rester chez eux.

« La décision du gouvernement de ne pas verser leur salaire à des milliers de fonctionnaires [affiliés au Hamas] renforce la séparation politique et géographique du peuple palestinien », a déclaré pour sa part un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zurhi, qui assure que le mouvement islamiste trouvera d’autres sources de financement. Tandis que les mosquées de Gaza relaye une « fatwa » (décret religieux) avertissant les fonctionnaires qu’en acceptant l’argent du gouvernement de Ramallah, ils se rendraient « coupable d’un crime » et enfreindraient les lois de l’islam.

Karim Lebhour, correspondant à Ramallah - RFI, le 5 juillet 2007

Du même auteur :
- Jérusalem : 40 ans après
- A Bil’in, deux ans de résistance contre le « mur »


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