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Gaza : Israël découvre la compassion

lundi 25 juin 2007 - 06h:34

B. Michael - Ynetnews

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Nous ne sommes plus indifférents aux souffrances de Gaza, dès lors que le Hamas en est la cause.

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Israël découvre la compassion...

Qui l’aurait cru : il apparaît tout à coup que derrière le regard aveugle des médias, derrière la façade d’indifférence de la population israélienne et la façade d’apathie de la politique israélienne, se cachait un c ?ur empli de miséricorde et de sympathie, une âme empathique, un penchant pour une noble compassion.

Tout à coup, tout le monde a découvert les souffrances palestiniennes. Tout le monde est si photogéniquement scandalisé face aux malheurs endurés par la population de Gaza occupé qui gémit sous la botte de l’occupant Hamas. Tout le monde enrage, est débordé par la fureur, la frustration, l’épouvante devant la dureté des images. Et de fait, il n’y a pas de quoi s’étonner. Qui mieux que nous, Juifs, peut sympathiser avec des gens persécutés par des brutes ?

Et tout à coup, les blessés ont un nom, les tués ont un âge, ceux qui souffrent ont un visage. J’ai entendu de mes propres oreilles stupéfaites des présentateurs de bulletins d’informations parler de « crimes de guerres » à Gaza. « Crimes de guerre », disaient-ils explicitement. Ils parlaient de gens exécutés au couteau et d’autres abattus en sous-vêtements.

En effet, des crimes de guerre. En effet, des actes terribles. Si les membres du Hamas avaient été civilisés, ils auraient renoncé à la boucherie au couteau qui salit le tapis, et employé un drone sans pilote. Ou un étincelant jet de combat. Ou des viseurs télescopiques sophistiqués. Comme ça, au moins se seraient-ils épargné l’appellation de « criminels » et auraient-ils épargné bien des douleurs et des émotions aux furibonds présentateurs de nouvelles.

Une autre chaîne a rapporté, scandalisée, que des voyous du Hamas lancés à la poursuite d’un homme du Fatah « recherché » (c’est exactement le mot qu’ils ont employé : « recherché ») avaient mis le feu à la maison dans laquelle il se cachait. Quelle cruauté. Le Hamas eût-il possédé un sympathique bulldozer, un de ces charmants D-9, qui aurait, plein de compassion, provoqué l’effondrement des murs sur l’homme recherché, le tableau aurait pris une tout autre allure.

L’irrésistible enthousiasme d’Olmert

Mais il semble bien que ce soit le Premier ministre Olmert qui ait atteint le sommet de la néo-humanité et de la compassion. D’aussi loin que Washington, et s’adressant au monde entier, il a décrit les abominations du Hamas avec un enthousiasme tellement irrésistible et par une série de synonymes tellement impressionnants qu’il était évident qu’il avait avalé un dictionnaire analogique pour l’occasion. Mais il s’est néanmoins surpassé en déclarant, avec une réelle émotion, que nous ne resterions pas indifférents aux souffrances humaines endurées à Gaza.

C’était comme dans un rêve. Le Premier ministre d’Israël découvrait les souffrances humaines des habitants de Gaza. La mort, la destruction, la détresse. Qui sait, peut-être finirait-il par entendre parler d’humiliation, de désespoir et de pauvreté. Et qu’ayant découvert cela, il ne pourrait rester indifférent.

Le problème est que vingt secondes plus tard, nous sortions de notre rêve. Le Premier ministre nous a fait comprendre de quelle souffrance humaine il voulait parler : de celle que les Palestiniens s’infligent à eux-mêmes, montrant ainsi que seul ce genre de souffrances - de fabrication palestinienne récente - ne se heurtera pas à de l’indifférence.

Quand il s’agit de ces bonnes vieilles souffrances qu’Israël a apportées aux habitants de Gaza depuis des dizaines d’années maintenant, nous pouvons continuer à rester indifférents comme nous l’avons fait au fil de tant d’années.

Nous pouvons dès lors présumer qu’une fois que le meurtre, la destruction, l’emprisonnement, l’humiliation, et la persécution de Palestiniens « recherchés » seront à nouveau entre nos mains dignes de confiance, les médias enragés, les politiciens furieux et les téléspectateurs bouleversés s’apaiseront également. Les blessés reperdront leur visage, les victimes redeviendront anonymes, et ceux qui souffrent perdront à nouveau leur identité.

Les maisons seront à nouveau démolies de manière policée, les gens tués le seront à nouveau d’une manière parfaitement propre et stérile, et à nouveau, la détresse ne sera plus qu’un élément de la propagande antisémite.

Mais ne méprisons pas les petites choses. Quelques minutes dédiées à la reconnaissance de la souffrance palestinienne constituent un changement éclairant.

B. Michael - Ynetnews, le 23 juin 2007 : Israel discovers compassion
Traduit de l’anglais par Michel Ghys

Du même auteur :
- Highway to hell
- Un drapeau plus noir que noir


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